
Se vider pour lire ; se vider pour accueillir ; la toute première lecture, ces ondes furtives, au sein d’un grand Verbe, des milliers de touches légères, des sons qui se propagent, et encore lire, oui, lire, car lire c’est entrouvrir l’instant de son cœur. Telle est la première poésie qui fut la multitude de signes, déferlant tout d’abord en nous-mêmes, puis au large du rayon transperçant d’un ciel, transfigurant toutes choses ; tels sont aussi les mots que l’on cueille à la rosée de l’aube, sans penser qu’un jour cela a bel et bien commencé, et sans penser aussi que cela finira. Lire est une sorte de comptine, de précieux arrêts, d’une suite d’apnées au milieu d’une immense vague. Ah ! que dire de la merveille qui nous attrape et nous retient ? Que dire de ces instants qui ne s’écrivent plus, qui sont simples moments, fusionnants en eux-mêmes, tantôt grondants et tantôt joyeux ? Puis, lire pour se remplir, lire les mouvements d’une mémoire au sein d’un monde étonnant. Lire pour entrer dans les gorges profondes de mots écrits à la sueur des fronts. Lire pour apprendre et laisser le fruit d’un instant devenir l’enseignant. Lire et s’étonner, trouver un autre différent, un sentier, des cris et des pleurs, des silences offusqués, des mots inconvenants, des phrases suspendues dans le tourbillon du vent. Lire et aimer. Puis, lire pour de nouveau se vider. Laisser le torrent charrier tout ce que l’on connaît et traverser les peurs viscérales, les frissons de l’épouvante au milieu de nulle part. Nulle part. Cela résonne comme un abandon, un ultime naufrage, des hurlements. Puis désapprendre et ne plus lire. Tout quitter sans se retourner et soudain, comme en impesanteur, s’envoler.
讀書
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La lecture est une machine à voyager dans le temps. Elle nous transporte d’un endroit à l’autre dans toutes les époques sans bouger de notre place. Rien que pour cela, j’aime lire.
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🙂
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Je suis transportée… Un voyage de mots, d’images, de sons… La vie!
Merci Dame Béatrice.
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Merci Dame Sylvie. Il est vrai que les mots ont un pouvoir puissant, mais que seraient les mots sans leur réalité ? Sans la réalité à laquelle ils correspondent ? Les mots sont nos humbles serviteurs et nous les servons pareillement. Je ne puis m’empêcher d’avoir cette pensée. Merci encore pour votre douce approche.
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