Instantané

Eiho HIREZAKI

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Chaque jour est celui qui passe, sans revenir, et chaque nuit est celle de notre veille. L’année n’est guère l’impasse, mais instantané. Il n’y a pas de commencement, il n’y a pas de fin et si je m’endors c’est de ne pas rêver au lendemain, puisque chaque aurore est une promesse faîte à hier. Quand même je ne reviendrai pas, je suis là d’avoir toujours été. Comme je vogue et vous visite de l’art qui est vie et joyeuseté. Souriez, mes amis, souriez jusqu’à ce que le cœur n’échappe plus à vos heures. Chaque jour est amour qui même loin de vous est encore proche. Prenez, prenez donc et ensemencez !

Le 31 décembre 2019, Béatrice.

Semence 種子(Zhǒngzǐ)

Semence !
Comme un ventre
Plein de lunes
Je t’emporte
Des germinations de joie
Quand puisent les semences d’autrefois
Semence !
En terre défrichée,
Le blé a poussé,
L’orge s’est exclamé,
Le maïs a chanté,
L’épeautre s’est épanché,
Des douceurs,
Du pain doré.
Semence !
Millet a perlé,
Du riz étagé,
Quand du foisonnement,
Colchiques dans les prés,
La vigne a flotté,
Sur les coteaux de nos aspirations,
Et non loin du rocher,
La rivière a joué.

Correspondances XVII

Cher,

Je vous écris un peu à la sauvette, jetant sur cette feuille blanche, les mots que l’on aime ciseler auprès d’un angle de fenêtre. Je vous vis tantôt, dans cette euphorie qui me donne à ces longues méditations et vous savez combien les mots nous ont non pas liés, car le mot est par trop connoté pour que j’en fasse ainsi usage, mais rapprochés. Les mots ont voyagé depuis les temps immémoriaux et nous les avons gravés avant que de pouvoir les extirper de nos magmas. Vous savez que j’aime ce mot : magma. L’on pourrait aussi évoquer ce qui n’est à mes yeux aucunement le chaos, au sens de confusion, mais d’organisation secrète de la vie, agencement parfait. Les mots ne se sont pas inventés mais ont de nouveau jailli, comme lavés de toutes interprétations, jubilants de notre instant. Mais qu’est-ce que l’instant que l’on évoque sans cesse ? Qu’est-ce que la présence ? Qui est présent à qui, ou à quoi ? Vous ai-je dit que votre visage est de vos mots nimbés et jusqu’à l’offrande de cette seule présence qui nous donne à goûter à votre lumière de par l’intensité du regard, non pas inquisiteur, mais tout attentionné par le cœur vibrant ? Ce qui se goûte ainsi, donne à la saveur profonde du magma, puis l’éclaire de son rayon de discernement pour enfin le traduire en mots. Au moment où les mots s’irriguent de cette essence, se gonflent de leur substance, nous restons suspendus à ce qui nous donne à la résonance et là, précisément là, nous devenons nous-mêmes les mots, nous leur donnons vie, et nous les regardons voler, s’étreindre, danser, comme lorsque je vous regarde et que votre visage est la sève de votre cœur et de votre âme. A plus tard, cher, car, je vous rejoins pour ce moment près de la lucarne que vous chérissez. Et nous écouterons ensemble les étoiles chanter.

Bien à vous,

B.

Liang 亮

Chaque fois que nous marchons ensemble, Liang, je vois les choses différemment. Est-ce le fait d’être à tes côtés, ou bien est-ce autre chose ? Quand tu baisses le regard, je baisse le regard, et si tu vois l’insecte se contorsionner sur le chemin caillouteux, je le vois avec toi. Si tu regardes les nuages qui filent dans le vent, je les vois aussi. Que s’est-il passé, Liang ? Pourquoi mes yeux changent-ils en ta compagnie ? Mais plus encore, quand tu n’es pas là, mes yeux voient comme si c’était toi.

Impétuosité 火熱 (Huǒrè)

Mille fois
L’on s’en va,
Et mille fois,
C’est encore là.
Que peux-tu
Contre l’impétuosité ?
Que peux-tu
Quand le jour s’est levé ?
J’aime autant marcher
Sur les bordures

Du temps exalté
Et de mes yeux égarés
Vivre sans rien mesurer.
Sans doute,
Je vais vers cet enfant,
Puis la main dans la main,
Nous parlons au silence
,
Puis, soudain,
Nos têtes se sont tournées,
Vers notre étrangeté.
Enfant !

La pression d’un instant,
Nous nous sommes envolés…

Aujourd’hui 今天 (Jīntiān)

Ne me demande rien
N’attends rien
Il est parti le temps du verbiage
Sur les cimes
Envolé
Au cœur de l’alchimie
Le corps aborde le rivage
Il fait de toute seconde
L’entente d’un autre âge
Et c’est parce que tu balbuties
Que tu ne saisis pas mon âge.
J’ai fini depuis longtemps
Aujourd’hui
Il n’est plus aucun besoin
Au Zénith, mon âme voyage
Elle a cessé d’appréhender
Ce qui réduit la plaine aux sillages
Mais combien
Porteuse des autres reliefs !
Je t’ai vu passer,
Je t’ai vu aimer,
Sans hésiter.
Maintenant,
Je suis dans les yeux,
De l’amoureux,
Maintenant,
Quelque chose,
Qui rit des conflits,
Abîme au présent,
Et si je suis partie,
Me voici arrivée
Dans l’inachevé de nos saisons,
Quand de notre évasion,
Elle voit l’horizon
Perdue de longueur,
Aujourd’hui,
L’infini ,
Demain n’a plus d’heure,
Hier est un leurre,
Ici, n’a jamais lieu
Toujours est une demeure.

Liang 亮

Elle écoutait attentivement la lecture assidue de Liang. Durant tout ce temps, ses mains tressaient une couronne de fleurs. Le printemps avait couru dans les prairies et les arbres semaient leur enchantement quand le soleil obliquait presque dangereusement sur les épaules de Liang. Elle se levait précipitamment alors et se mettait derrière lui pour faire de l’ombre. Dis-moi Liang, pourquoi les hommes sont-ils si hostiles, pourquoi sont-ils si suspicieux, si méchants ? Est-ce que c’est écrit dans ton livre ? Parle-t-on de ces choses-là ? Je me suis souvenue comment la voisine avait lancé du venin à Māmā, parce qu’elle l’avait vue entrer dans la maison du vieux Li Xiuying et lui offrir un repas. Est-ce que c’est mal Liang ? Est-ce que les hommes aiment faire le mal ?

Correspondances XVI

Cher,

Comme j’aime nos rendez-vous que vous avez marqué de votre empreinte, et j’aime la douceur qui émane de votre être. J’avais parcouru en amont quelques unes de vos compositions, et de même, j’avais surpris, en certains de vos écrits, le même esprit qui se love comme une chair au verbe, comme un effluve au corps de l’âme. J’avais déposé les armes. De fait, je le croyais. Nous venions de traverser d’incroyables contrées, nous avions été pris par la vague qui submerge tout et qui nous avait laissés dévastés. La vie se résumait à cet étroit passage. Il n’y avait plus rien alentour. Je vous avais confié quelques bribes de cette effroyable expérience. Mais, quelque chose de plus fort m’avait soulevée sans que je ne sache comment nommer cette imprévisible puissance. Je vous écrivais presque à tâtons, ne sachant plus rien de ce monde. On m’avait déposée sur un vierge rivage et comme je me levai doucement, je découvris, avec le plus grand étonnement qui soit, ce qui n’avait jamais péri. Outre cette expansion, outre cette imprévisible dilatation, je me sentais en paix. Ma fragilité se reposait en votre force. Je rencontrais votre esprit, je rencontrais votre être-au-monde. Lors que l’enfantement a lieu, nous sommes l’enfant et la mère. La mère en moi vous recevait. Votre propre fragilité vous donnait à votre force. Jamais nous ne jouâmes à être autre que nous. Nos expériences mutuelles nous avaient menés jusqu’en cette ouverture, et même s’il demeurait des scories, nous savions les voir et les vivre comme ne faisant plus partie de notre réalité, car chacun nous avions été en une longue et indicible quête spirituelle. Notre rencontre n’était pas uniquement la nôtre, elle devint très vite le jaillissement de notre amour inconditionnel. Chaque pas fut une pierre posée. Nous nous rencontrâmes sur la passerelle qui faisait effectivement la jointure de nos deux mondes. Nous sommes nés ce jour-là.

Au bord de la lumière — Palette d’expressions-Laurence Délis

Le chant s’inspire de ce qu’il y a de meilleur en l’homme,

et vole en éclat de lumière,

dans les cercles phosphorescents de lune ronde.

Acrylique, collage papier, feutres Posca 50 x 70 Pour mieux voir les détails cliquez dessus « Peindre c’est écrire avec la lumière, affirmait Salva. Tu dois d’abord apprendre son alphabet puis sa grammaire. Alors seulement tu pourras maîtriser le style et la magie. » Carlos Ruiz Zafón. Mathilda

Au bord de la lumière — Palette d’expressions-Laurence Délis