Sous la voûte étoilée, elle filait la laine. Quand son ami le hérisson vint à passer, elle leva légèrement un sourcil et ébaucha un sourire. Quelque peu débonnaire, le hérisson le lui rendit avec grande joie. Peut-être cherchait-il tout simplement la conversation ? Elle le salua cérémonieusement. Il reprit sa lente marche. Quand la nuit tomba complètement, elle rangea ses instruments, posa les deux mains sur les genoux, et médita. C’est alors que le hérisson s’approcha d’elle et entama cet étonnant dialogue : – Quant à la Nature, est-elle ton modèle ? interrogea-t-il.
– Non, je ne le crois pas, lui répondit-elle calmement, même si celle-ci nous apprend beaucoup, même si son enseignement est singulier et nous parle. Tout est en nous, mais autre chose est notre modèle, de cela, j’en suis sûre.
– Quel peut-il bien être, se demanda le hérisson. Ai-je un modèle, moi aussi ? Avons-nous chacun notre modèle propre ?
La jeune femme leva la tête et regarda longtemps le ciel. Une paix incommensurable la submergea.
– Peut-on imaginer autre chose de si vraisemblable ? s’exclama-t-elle. Les étoiles m’emmènent inexorablement vers un ailleurs. Tandis qu’il est là, il est, simultanément, au-delà. Ne sont-elles pas, ces lumières clignotantes, toutes, à nous appeler et à rire ? Peut-être, cher ami hérisson, sommes-nous chacun le rappel de cette joie primordiale ? Peut-être est-ce cela notre vrai modèle : une joie exponentielle qui désire se retrouver. Il me souvient de cette force exaltante, un commencement où exultait un ruissellement de bonheur indicible ! Quelle belle réminiscence, constante et infinie !
– Ne sommes-nous pas dans un rêve ? lança le hérisson.
– Un rêve d’une complexité prodigieuse, qui nous parle longtemps, fabrique une chaîne et une trame d’une beauté inouïe, révèle une sagesse incontestable dans cet entrelacement et nous montre simplement le chemin. Oui, mon ami, c’est cela !