Miroir 鏡子 (30)

Miroir 鏡子 (29)

Miroir du Secret

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Miroir 鏡子 (28)

Mémoire d’un mort

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Miroir 鏡子 (27)

La rencontre des lettres écloses

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Miroir 鏡子 (26)

Subversion et corruption

Comme se désagrègent les rives, lors que mes pas longent les temps mémorables d’un segment !

Les mots s’entremêlaient et finissaient par se tordre dans les sillons d’une vie que l’on inversait, et que l’on inversait, et que l’on inversait. La subversion avait commencé depuis bien longtemps, s’insinuant dans les corps, au sein des cellules, dans les poitrines, jusque dans les pensées, les actes et les mots. Le cœur était malade. Le cœur saignait. Les hommes s’étaient acharnés – et l’on ne savait plus pourquoi – à tout corrompre, à tout détruire. Ils le faisaient par leur inertie, par leur ignorance, par leur lâcheté. Chaque jour, ils laissaient les tentacules de l’oubli se répandre partout, jusque dans leur souffle. Les hommes périssaient, la nature finissait par s’immoler, par se métamorphoser. Pourquoi ? Parce que la nature était liée à l’homme. Elle en était le poumon, le socle, les eaux fluviales, les veines, les cellules. Elle respirait avec lui. Elle inspirait aussi avec lui. La présence de l’homme à la réalité s’atrophiait. Si l’homme oubliait sa nature primordiale, le monde s’effritait. Il n’y avait plus de souches vivantes. Peu à peu, tout finissait par s’effondrer.

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Miroir 鏡子 (25)

Deux sortes d’Eden

Je marchais à la recherche d’une source vive, et vous vîntes, m’offrant ce puits de chaleur. Il ne brûlait pas ; il ne provoquait pas non plus de tension. Il était serein et semblable à lui-même. Au bout d’un moment, je ne savais plus si j’étais le puits ou si le puits était moi. Mais, il me tint serrée, m’enveloppant de sa bienveillance. Ensuite, il en vint à me faire le récit des longues et patientes traversées au travers de la roche, de ses voyages au sein de la terre. Il me fit découvrir les inépuisables effluves de celle-ci, les lumières impressionnantes contenues dans le cristal de la roche. Il me submergea du prodige des gouffres et ceux aussi des chants mystérieux de l’eau. L’odeur vive des entrailles de la voie souterraine produisit en moi une étourdissante impression, et lors que le puits me livra au secret de sa réalité, je demeurais un long moment sans bouger. Les sueurs de la pierre ruisselaient sur les parois et toutes les gouttes chantaient, se parlant avec la plus parfaite des harmonies, se renvoyant les tonalités musicales les plus étranges. C’est ainsi que le puits devint ma forme et ma propre chaleur. J’entendis le vent lointain danser dans les cavités les plus éloignées de notre monde et, le vent chantait et, le vent ondoyait. Il me révéla des beautés insoupçonnées. Elles venaient se fondre aux gouttelettes des pierres lors que je fus surprise par le sens des paroles : il existe deux sortes de paradis, l’un étant celui des sens et l’autre, celui de la gnose.

Miroir 鏡子 (24)

Androgynat

Maturation et maturité, le lien indéfectible comme n’ayant jamais perdu son lien fidèle et Ô Ami, plutôt que de discourir, j’ai mis en pratique en L’écoutant, Lui. Comment depuis les verbes Divins, Logos dansant, l’on se retrouve au sein de l’océan ? J’ai rencontré tant d’amis, que mon cœur est plein de leur réalité, ces amoureux de Vérité, hissés et tendus de lumière par leur universalité. L’un me conta comment une scie se mit à parler et je me mis à pleurer et l’autre me fit le récit de la gazelle, et par ses yeux, je fus troublée. Lors que l’océan nous submerge, il se met à danser. L’un me conduisit au centre d’un échiquier et l’autre versa une myriade de roseraies sur mon cœur émerveillé. Si vous considérez ce monde ainsi, tous les verbes se mettent à éclore et les jardins embaument tels des multitudes de mondes singuliers. L’un évoqua son amour pour son fils et le sacrifia plutôt que de ne pas aimer. Je devins muette devant cette évidence. Mon « moi » doit tomber et tomber encore. Lors de la descente, j’ouvris grand les yeux. Je retins les étapes du grand voyage et fis le serment de retrouver le chemin du retour. La vie commença à tournoyer : un verbe, un autre, un mot, un autre, une lettre et une autre. Là-haut, je voyais que l’on me regardait. Je devins la mémoire du Regard. Je vis longtemps deux corps qui s’enlaçaient, mais, ne vous trompez pas, il ne s’agissait pas de corps de ce monde. Les corps d’une multitude de corps. Lors de cette descente, je me tournais simultanément aux directions de tous les points cardinaux et je me promis de ne jamais oublier. Si je vous dis que l’Amour de Lui est plus fort que tout ce monde et ce qu’il contient, comprendrez-vous ? Le soleil rayonne au cœur et le cœur s’accomplit. Pourquoi la lumière rit-elle ainsi ? La joie profonde du retour. Maintenant, je m’assois et le livre s’ouvre. L’univers est éclairé par le chant et le chant se réjouit. Monde ! Univers ! Cosmos ! Monde d’ici-bas, monde de l’au-delà, monde Transcendant. Seigneur, et que j’aime, oui que j’aime notre retour ! La maison ! La maison ! Si je vous dis que l’accompli comprend l’inaccompli, comprendrez-vous ? Il me fallut un bâton, les pieds nus et la poussière du chemin. Mais, que ces hommes peu scrupuleux le sachent enfin : le monde va basculer et règnera la joie des orphelins.

Miroir 鏡子 (23)

Commencement sans commencement

Naissant dans un certain contexte, quand tout commença, nous sûmes qu’il n’y avait guère de commencement en ce lieu, qu’il n’y avait guère d’espace aussi, que les mots n’avaient plus leur place, car quelque chose avait été bien avant eux et peu à peu, tels des nouveaux nés, notre gorge se déployait et des nues magmatiques, la voix cherchait le couloir pour révéler le son, le sens et la forme. Naissant en ce contexte, nous comprîmes que chacun de notre corps se déployait avec la réalité d’une flûte. Le son s’élevait aux fentes singulières et exprimait le « Bâ ». Faut-il une corde raide à ce langage, une verticale ? Le long couloir s’élève et retrouve son enchantement. Aleph primordial, par tout ce qui subsiste, par tout ce qui se manifeste. Nous pourrions l’appeler Amour. Mais qu’est-ce donc que l’Amour ? D’aucuns pensent qu’il s’agit d’un acte, d’une relation, d’une fusion, d’une attraction. Nous pourrions encore dire que cela se nomme Amour. Mais qu’est-ce donc que l’Amour ? Au-delà, bien au-delà, nous pourrions dire qu’il s’agit de la puissance d’un état, d’un état plénier, d’un état d’extase continue, de lumière irradiante, de Béatitude. Nous sommes suspendue et notre corps disparaît en ce rayonnement. Nous pourrions dire que cet état fend tous les espaces, élargit toutes les conditions, écarte toutes les contingences. Nous pourrions dire que le cœur s’ouvre et s’ouvre et s’ouvre. Alors, nous ne savons plus ce que nous sommes. Nous pourrions dire Amour encore. Peut-être est-ce l’effet d’une envolée, du battement régulier d’un ciel descendu jusqu’au cœur ? Cessons ! Dansons ! Le Miroir rit et je joue. Il est si près et je Le laisse me révéler les reflets miroitants de mille et une pages. Voguons ! Je suis née du seul jour et et je suis née du seul instant. Ni avant, ni après et pourtant tout est là, tout est là qui se déploie.

Miroir 鏡子 (22)

Amour

Il fut un seul regard qui se jeta dans les profondeurs d’un écho jaillissant depuis le commencement, depuis le tout commencement. Il s’empara de mon cœur et me tint longtemps sous la poigne de son instant. Savez-vous ce qu’est l’Amour ? me demanda le Miroir. Il me sembla que la question était bien plus que vitale, bien plus que salutaire, bien plus qu’un sentiment envahissant. Il me fallait palper cela, étirer les mains un peu partout, les poser sur un objet, ou bien me laisser emporter. La question se répétait inlassablement et la réponse me saisissait de la même façon. Je riais, je courais, me jetais dans le vide abyssal et je jubilais. Il me semblait que la question du Miroir était une moquerie, une absurdité sans nom. L’Amour est aussi vaste que l’infini ! répliquai-je. Il n’y avait pas d’espace, ni non plus de mots pour l’énoncer et dès lors, toute expression Le réduisait. Ne surgissait alors, pour toute réponse, qu’un long rire, le plus long rire qui se puisse être. L’Amour n’a pas de réponses, et pourtant Il les contient toutes. Je me tournai vers Amour et Lui lançai : Hé ho ! Amour ! Amour ! Amour sans Nom. Amour ! Nous nous connaissons ; nous avons plongé dans les plus ravageuses et infâmes vagues de Ta réalité. Nous avons été mille fois réduite en poussière. Puis, nous nous sommes laissée revivifier par Ta puissance absolutoire, par Ta Lumière effusive. L’Amour est tout d’abord une longue histoire, la plus longue histoire qui soit, le mélange d’une terre, le mélange d’une mer. Le glissement et l’expansion. A l’élévation du chant de l’âme, l’Amour devenait une épée, la plus tranchante, la plus implacable. Amour me regarda et Amour me transperça. Ce fut la fin du rêve, mais le début de la vie et plus Amour lançait son arme à travers tout mon corps et plus Amour devenait Ether. Je Le laissais faire. Je L’attendais comme on attend que le vent nous submerge, que l’océan nous noie. Mon corps n’était plus, mon être s’effaçait et Amour m’emportait vers d’autres sphères.

Miroir 鏡子 (21)

Lumière

La gravité d’un sol et la poussière légère sur le bout d’une chaussure, qui s’étonne de voir son cuir altéré, nous interpellent. Tu vins depuis l’horizon lointain, marchant en balançant le manteau avec une allégresse peu commune. Tu écartas le pan d’un voile et soudain, je m’engouffrai à l’intérieur des pages. Je m’émerveillais de leur indicible forme et de leur éclatante blancheur. Elles étaient semblables à mille soleils, et sans doute aussi à mille lunes. Il ne s’agissait pas non plus d’un océan, et pourtant cela en avait tout l’air. Les pages formaient des vagues et l’on entendait bruisser les arbres à l’intérieur d’une immensité infinie. Tu m’invitas à m’asseoir sur un banc. Puis, tu m’enseignas certaines choses : comment se rassemblaient les gouttes de pluies, combien il fallait de gouttelettes pour former un nuage. Tu m’expliquas aussi que tu avais toujours souhaité revenir à l’enfance, où tout était en suspension et que l’espace du cœur était encore bien immense. Je n’approuvais pas du tout ce désir. Il me semblait que l’enfant n’était pas non plus tout vierge. Bien au contraire, les enfants, pour la plupart, m’avaient semblé être des adultes vénéneux en miniature. Les petits chérubins que j’avais rencontrés, là-bas, dans un autre monde, n’avaient pas perdu leur cœur. Ils étaient plein de vie et même de vitalité. Leur cœur juteux rayonnait. Oh ! comme cela était beau ! La lumière traversait leur corps et se répandait tout autour. Il me semblait que cela venait en nous avec une telle puissance que nous nous mettions à rire d’un rire jubilatoire. Ce qui importe c’est notre réalité, ici ; notre lumière, ici ; notre étincelance, ici. Alors, je te le fis comprendre. J’insistais sur cela. Tu m’écoutas et dodelinas de la tête. Puis, tu t’exclamas : La lumière ! La lumière ! C’est un torrent qui charrie tout ce qui n’est pas elle. Alors, je vis un enfant derrière un arbre qui me fit un signe de la main et le bonheur fusa aux quatre coins du monde.