Les hordes sauvages dévalent, remontant depuis la brèche des mondes inférieurs, ceux que l’on n’ose nommer. Les cruautés ne datent pas d’aujourd’hui et nous avons deux façons possibles de comprendre ces phénomènes. D’un côté, tenons compte des oppresseurs, des dominateurs et de l’autre côté, tenons compte des victimes. Nous pouvons observer cela depuis un regard submergé de révolte, de contrition, de compassion, mais nous pouvons aussi nous rappeler à la triste vérité. Certains hommes sont malades. Il en est qui par leur perfidie et leur hypocrisie, sont à ourdir les pires crimes, que ce soit avec leur bouche ou avec leurs actes. Ils agissent dans l’ombre, déployant leurs tentacules d’êtres sous l’emprise de leur psychisme abîmé, tandis que d’autres mettent à exécution leur mauvaiseté. C’est toujours le peuple qui trinque.
Les hordes sauvages et totalitaires déferlent depuis si longtemps, en une constance quasi effroyable, que nous sommes même étonnée que le monde soit encore là : La conquête de l’Amérique, de l’Afrique, les guerres assassines, des deux premières guerres mondiales, immondes, la révolution du communisme, la production d’armes abominables, produites par un occident violent, définitivement tourné vers la matière, la séparant du monde subtil. Les hommes déversent leur orgie meurtrière, ces bombes que l’on lâche, pour ne citer qu’elles, sur Nagasaki et Hiroshima, lâchement, dans l’intention inhumaine de tuer des civils. Ces événements, à eux-seuls, auraient dû arrêter les peuples et les faire réfléchir. Réfléchir longtemps, longtemps, très longtemps.
Et si le peuple est souvent une victime potentielle, n’est-il pas aussi responsable, d’une certaine façon du crime qui s’abat sur lui ? Que se prépare-t-il dans l’ombre de la paix qui engendre inéluctablement la guerre ? Celle-ci se trouve d’abord en nous. Les hordes sauvages sont en nous. Le fait même de s’ignorer est une véritable calamité. L’individualisme est le mal tapi qui ne demande qu’à surgir, à tout moments. Les rivalités, les jalousies, les egos démesurés, gonflés par des douleurs, des blessures ancestrales sont les monstres qui ne demandent qu’à se révéler. Le désir d’apparaître, d’être par l’acquisition, quelle qu’elle soit du reste, est une maladie. Chacun dresse son mur. Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt qui que ce soit. Il s’agit de s’interpeler, de réapprendre à devenir des hommes, de vrais hommes. Bien sûr, nous pourrions nous appesantir sur tel ou tel fait. Ce n’est pas forcément notre intention. Nous faisons mille et un pas de recul car nous savons tous que nous devons commencer par nous-mêmes. Ici et maintenant. Cessons de nous juger ! Cessons de parler et concentrons-nous sur la petite étincelle qui brille en nous. Apprenons ! Apprenons à nous voir et non pas à compulser comme si nous ne savions plus rien. Ce qui advient est révélateur des maux des siècles. Tournons nos cœurs vers la Lumière et débutons le chemin qui nous ramène vers la réalité humaine. Recommençons à pleurer et à rire de lumière ! Apprenons de nouveau ce qu’est l’Amour ! Regardons-nous comme un autre nous-même et non comme des étrangers. N’ayons plus peur d’être simples et aimants !
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Peintures de Chuah Thean Teng (1914-2008)