Si vous pensez que je ne vous aime pas, vous vous trompez. Je tiens en cette main un morceau d’un pays enchanté. Que nous allions vers un Ailleurs, que nous en soyons conscients ou non, que nous trempions notre pain dans un thé ou un café, ou bien un vin d’un autre monde ; que nous évoquions le présent ou la passé, que nous nous serrions ou non la main, le cœur bat au rythme d’un grand Amant. Que nous comprenions ou non, nous, peuple enfantin, déluré, asséché, facétieux, nous demeurons fidèle à ce morceau de pays enchanté. Que nous soyons dans le faux ou que nous soyons dans le vrai ; que nous agissions bassement ou bien avec sincérité ; que nous vivions près d’un lac, d’une forêt, ou bien non loin d’une montagne ; que la mer nous enveloppe de son sel marin, ou bien que nous devisions durant la nuit ou bien durant tout le jour, je sais que je vous aime. Que nous soyons dans le relatif ou bien dans l’absolu, que nous naviguions sur des vagues étonnantes, que nous éprouvions un sentiment de fraternité, ou que nous soyons les pires ennemis, le cœur aime la lumière. C’est ainsi et personne ne change personne. L’on peut se déployer comme un immense papillon, ou voleter comme le plus petit des oiseaux, le monde s’étend tel un enchantement. Sous les gravas, la lumière cherche. Dans les abysses, la lumière cherche. Dans les mondes les plus terrifiants, la lumière cherche. Que nous allions par un, par deux ou telle une petite communauté, la lumière continue de chercher.
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Illustration de Robin Pieterse