
La vision prophétique, liée aux oracles successifs, accablent les Muses, et chacune semblent vouloir apparaître aux hommes selon les disponibilités de chacun. Mais, Polymnie, qui s’adresse à ses sœurs, lors d’une assemblée dans l’Alast des origines, est étonnamment en colère contre le siècle. Elle évoque le temps, la décadence des hommes, et s’insurge contre leur pleutrerie. Elle mande Platon et tous ses frères. Ceux qui, dans d’autres mondes, écoutent avec une attention requise, demeurent, pour le moment, sans voix.
Acte III
Scène I : La Muse Polymnie à ses huit sœurs.
Ce monde, un cloisonnement,
Une incapacité sans consistance,
Un débordement déferlant,
Une croisée sans lendemain,
Une étrange effervescence,
Puis, l’assèchement des liens.
Ce monde, une terre stérile,
Et la pluie indifférente,
Aux faux instants,
Des nœuds fatals
Dans la rapacité du sombrement,
En cœur fractal,
Car, une orgie de non-sens,
Qui se pique de géométrie variable,
D’incontinence mentale,
Puis, de putrides délaissements,
D’inavouées trépanations,
D’inconsidérées verbalisations,
De muettes séparations,
De cannibalisme sans honte,
De trottoirs calcinés,
De restes comme de l’abondance,
De logorrhées et de machinations,
Quand les mots se mâchent,
Turbulents et pestiférés,
Dans le sable des bouches de la diffamation.
Le temps a tout saccagé,
Le temps emprisonne l’éloquence,
S’acharne dans la purulence,
Au bord des gouffres déversés,
La parodie avérée de la bonté.
Mais de te surprendre, Ô noble Platon,
Là-bas, quand surgit l’horizon,
Drapé de reflets et vénérables propos,
De voiles défaits qui volent au vent,
Tandis que s’achève la lente montée,
De l’esprit pur et ordonné,
Jusqu’au noyau d’une amande,
Les tréfonds d’un temps oublié,
Polymnie tourne son regard vers l’horizon de l’Alast Divin :
J’aperçois une lueur,
Notre espoir renaît.