Vœu

L’instant ne fuyait pas,
La vie ne s’écoulait pas,
La beauté demeurait,
Au creux d’une étendue.

Comment ? Ne comptez pas !
Les larmes sont celles de l’instant cru.
Non ! Ne me demandez rien !
Il est des confidences sans fin,
Elles sont les perles de dix mille veilles.
Venez plutôt en silence,
Entendez-vous la mésange,
Car, le merle rivalise sur un toit,
Et l’arbre danse ?
Non ! ne me demandez rien !
Comprenez que l’appel est sans lendemain,
Puisque rien n’est vain.
Secret de la présence,
Butinant l’espace,
Etoffe de notre joie,
Puis, mourir tant de fois,
Renaître dans l’effluve d’une vague,
Celle-ci a les effets du frémissement.
Que dis-tu ?
Vivre d’une larme douce,
Distillation d’un nuage.
J’ai fait le vœu, il y a longtemps,
Formulé tant de fois,
Epanouissance d’un au-delà,
Le corps a soulevé une page.

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Illustration de Kinuko Yamabe Craft

Signe

Comme s’imprime ton cœur,
Au velours d’une lumière,
L’allusion d’un vitrail !

Il fut saisi par l’Amour, palpitation de l’instant subtil, et la légèreté de ses fines dentelles, sur la main qui accueille l’effet vibrant du jardin, le suspend. Le cœur ne meurt pas. Le regard ne meurt pas. L’Amour ne meurt pas. La veine jugulaire de ta poignante pression sur la conscience.

Rosée

Es-tu venu,
Pourquoi partir ?
- C'est ainsi que je verrai.
As-tu enfin perçu ?
- Le début m'a beaucoup révélé.
La transparence à l'aurore.
- Qu'es-tu devenu ?
Le jour s'est levé.
- M'aimes-tu encore ?
L'étreinte n'a jamais cessé,
- Es-tu sûr ?
Oui, oui, les gouttes de rosée.
- Comment m'as-tu aimé ?
Un homme aime sa Bien-Aimé,
Je t'aime d'une essence virile,
D'une sève si féminine
La source a dilaté,
Le cœur n'a cessé de te parler,
Ai-je bien aimé ?



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Peinture de Angelica Privalihin