Erreur et Délivrance

Nous ne naissons pas égaux, quoi que nous disions. Observez le monde. Vous ne verrez pas les mêmes réalités. Observez votre rue. Vous ne verrez pas les mêmes personnes. Nous ne sommes pas une valeur numéraire. Nous ne sommes pas quantifiables. Nous ne sommes pas non plus un seul chemin. Nous ne sommes pas une seule manifestation. Ce que ce monde a oublié, c’est cela : Quoi que l’on fasse et quoi que l’on dise, la semence donnera sa réalité-une et plénière. Elle éclora de sa germination et de nulle autre. Elle libèrera ce qu’elle est. Sa nature s’accomplira, qu’on cherche à l’en empêcher ou non. Elle sera visible ou non. Cela ne lui importe pas. La semence est conforme à ce qu’elle est. Nul n’a le droit de réduire ceci ou cela, de combattre la nature des choses. Chacun nous devons entrer dans la Danse, harmonie des harmonies.

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Engagement solennel (1)

Traversant ce monde, je ne serai pas une égoïste. Je ne penserai jamais à mon seul confort, à ma bohème bourgeoise. J’abhorre toutes formes d’expressions narcissiques, toutes sortes d’égocentrisme éhonté, tout conformisme aveugle. Il m’est impossible de concevoir cette vie comme l’exultation jouissive de ma personne. Jamais je ne me suis inscrite dans cette dimension de vie et jamais je ne m’engluerai dans celle des autres. Cela me semble abjecte, réducteur et inhumain. Je ne puis envisager le monde, l’existence, la manifestation de mon être comme une flambée nerveuse de mes projections. Jamais je ne cautionnerai les comportements aveugles d’un monde enclin, en permanence, à la consommation de l’être, autophagie amorcée comme une légale destruction de l’âme. Jamais je ne m’inscrirai dans l’insouciance effervescente du plaisir immédiat, de l’individualisme surdimensionné.

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Tabernacle

Ton parfum à l’orée d’une phrase,
Ton musc suave,
Tes mots, un Tabernacle.

Je me suis étendue en croix et le ciel me parle de mille mots sauvages, de la vie, de la mort, des ceci et des cela, des yeux d’une enfant* périssant sous le soleil, là-bas, des rumeurs sous formes de détails, du bourdon et de l’abeille, du miel enchâssé de lumière, des urnes et des graines, des sensibilités et des ravages, des souffles de l’homme et puis ceux de la bête. J’ai tourné mes paumes vers le ciel et retenu mon souffle, un poumon, un autre et j’ai accueilli l’expansion, sans laquelle je ne suis pas.

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*Une fille emprisonnée dans les favelas au Brésil…

Correspondances LXIII

Mon Aimé et cher ami,

Rien n’est vain. Tout ce qui apparaît en ce monde est un sens, et j’écris bien un sens. Nous discutons vaillamment, au matin, au zénith et le soir. Nous parlons longtemps, la nuit aussi et même dans ce qui semble être un sommeil profond. Nous voyageons sans discontinuer. Nous nous tenons le cœur, la main du cœur.

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Source mémorielle et Transcendance

«J’ai ramené dans leurs foyers par Zeus bâtis
Les exilés, innocents ou non, engloutis
Dans le malheur, vendus, chassés ou bien partis
D’eux-mêmes et si longtemps errant à l’étranger
En proie à la misère, au malheur, au danger,
Qu’ils avaient oublié la langue de leurs pères!»

«Et d’autres qui tremblaient sous un injuste maître,
Ici même, opprimés, je les ai fait renaître,
Et de nouveau, grâce à mes lois, les voilà libres! »

Solon

«Beauté, raison, vertu, tous les honneurs de l’homme
Ces visages divins qui sortent de ma nuit.».

Maurras

Depuis l’apologie substrat des essences une à une des mots tangibles et intangibles, depuis l’ouverture architecturale de l’accueil dimensionnel de tous les aspects rayonnants de la réflexion des théophanies seigneuriales, depuis cet enchantement de la Matière rendue à sa réalité de Matière et depuis l’Ether rosale de la réalité rosale de l’Ether, lors que traverse le fulgurant et imperceptible Rayon pythagoricien, tel est le nom de celui qui découvrit les concomitances du monde intérieur, réalité du langage et du monde extérieur, depuis l’élaboration infusive et effusive, alchimie de l’unité, de la multitude et de la singularité, voici que Quelque Chose se passe.

Un jour seront réunis tous les plans terrestres et célestes, et un jour, l’histoire de l’humanité sera configurée par une Assemblée. L’on comprendra alors que cette Réalité est les étapes successives d’une Ascension. L’on sera à voir les liens qui unissent les Terres multiples d’une Réalité unique et l’on verra jaillir les connaissances exprimant en un Corps unifié, les sphères et les cercles concentriques dont la nécessaire expérience est, de fait, les mondes assemblés. La visibilité de cette prodigieuse unité fera entrevoir toutes les étapes comme les champs possibles d’un labour de la Conscience et la Réalité de la Connaissance. Chaque Prophète, Chaque Sagesse, chaque Lieu de Descente, chaque Verbe, chaque cœur, chaque Resplendissance de l’homme véritable sont à eux-seuls les représentations d’une unité. Voici la Cartographie exponentielle d’une Assemblée. Il ne manquera rien. Tout sera là et tout sera visible. Chaque clan, chaque groupe, chaque espace, tous, sont, non pas une division, mais le fragment d’un Livre où tout est consigné. Mémoire mémorielle de l’Unité et témoignage de l’Unité.

«Et la philosophie nouvelle sème partout le doute,
Le feu primordial est éteint,
Le Soleil perdu de vue, ainsi que la Terre, et nulle intelligence
N’aide plus l’homme à les trouver.
Les hommes admettent volontiers que notre monde est épuisé
Lorsque dans les planètes et le firmament
Ils cherchent tant de nouveautés, puis s’aperçoivent que
Telle chose est à nouveau brisée en ses atomes.
Tout est en pièces, sans cohérence aucune […]
Et dans les constellations alors s’élèvent
Des étoiles nouvelles, tandis que les anciennes disparaissent à nos yeux.»

John Done

Ceci et cela

Ne cesse jamais d’aller,
Quand même le Jardin deviendrait étroit,
Jusqu’à ce que ceci soit ton inexistant,
Et par lui,
Jusque cela soit ton anéantissement,
Au point culminant,
Quand ceci sera la pointe du jour,
Lors que le monde cessera,
Alors il sera enfin, ceci et cela.

Si tu me demandes, mon ami, si tu me demandes comment y parvenir, alors je te dirais : ne fraye pas avec ceux qui font commerce des mots, éloigne-toi de la renommée, éloigne-toi des flatteries. Reste avec ceux qui au mur de lumière n’ont rien devancé et demeurent muets.

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Portrait médiéval de Lucien Victor Guirand de Scévola, 1900

Forme et fond

Ecrire au son de la voix, la fragilité d’un instant de présence, aux cimes d’un timbre inconnu, et se laisser suspendre par le resserrement soudain d’une main ; puis se laisser étreindre par la légèreté d’un matin, car cette perception a reconnu la douce brise de la trame, lors que ce frémissement nous immobilise et qu’il retient de sa force extrême, notre cœur encore ébaubi. Il était, en un temps, quelque peu reculé, une jeune fille qui marchait au sein de la plus grande solitude, écorchée à vif par les murs implacables de l’inertie. Elle traçait sur les voiles du ciel, une ou deux phrases. Tout le monde ne peut être ainsi submergé par l’élan vital, et elle le savait. Cela semblait presque cruel. Cela était une déclaration de guerre, mais aussi un affranchissement après de longues batailles. S’extraire des nues de l’inertie : telle était son aspiration. On lui donnait, parfois, une hache, un lasso, un burin. Mais elle se contentait de les laisser tomber sur un sol semé d’herbes folles. Elle parcourait les champs de blé avec, souvent, un livre à la main. Était-ce l’ardent désir du bâton intime, celui qui n’existe que dans notre âme ? L’on était à se cogner partout. Pourtant, il devait bien exister une béance, une sorte de folie qui émerge depuis les entrailles de notre vie ? La brèche était palpable. Elle y mettait un doigt, tout comme Saint Thomas le fit sur la plaie de Jésus. Il avait touché et vu la réalité. L’on devenait, alors cette brèche et l’on s’y engouffrait sans remords. Traversant l’inévitable brisure, les ténèbres de la nuit, l’on se retrouve à l’autre bout. Il ne suffisait pas d’en parler, et les beaux parleurs, hélas, couraient le monde. Il fallait entrer dans la blessure. Mais, l’on n’y entre pas vraiment. Un jour, la blessure s’ouvre et l’on reste pantois devant cette immersion. Et lors que l’on en revient, l’on ne revient jamais comme avant. Je sais dit-elle au vent, au soleil, aux oiseaux, aux arbres, je le sais parfaitement que tout le monde n’entre pas dans ce monde-là. Il coûte bien trop cher. Il est le fond dans la forme. Il est le sacrifice inévitable de tout ce qui appartient à l’égo. Voici Totem et voici Tabou. Voici mon sang et voici ma chair. Voici la résurrection des quatre oiseaux d’Abraham de notre écartèlement.

Lao Tseu

Mes paroles sont faciles à comprendre, très faciles à appliquer.

Mais nul sur terre ne peut les comprendre, nul ne sait les appliquer.

Les paroles ont un Ancêtre.
Les actes ont un Maître.
Parce que l’on ne les comprend pas,
On ne me comprend pas.

Ce qui fait ma valeur,
c’est justement d’être si rarement compris.

C’est pourquoi le Sage va en habit de crin,
Mais dans son sein, il cache un joyau.

TAO TE KING