Miroir 鏡子

Aimer :

Le secret d’aimer, c’est que nous ne pouvons désaimer. Sa puissance est un royaume, son acte, une délibération inconditionnelle. L’aimer est semblable à la chirurgie de l’instant. Ni avant, ni après, mais toujours, car celui qui cesse d’aimer comme le chante un rossignol, n’a jamais aimé. Je l’ai suivi, lui, irisé de nuit lumineuse, son évanescente parure, brisant les secondes dans le couperet de son altière droiture. Il chante : j’aime, j’aime, j’aime ! Le cœur ne peut oublier. Il est entré dans l’Amour et se trouve étonné, étonné. C’est là, que vous trouverez l’impulsion mémorative de sa fréquence. Aimer et mourez ! Quelle importance puisque l’Amour joue depuis longtemps dans le cœur de l’Aimé. Brodez d’or pur, le rougeoiement de son cœur, à la lueur d’une chandelle et suspendez votre geste. La chandelle reste allumée. Voici la première étape. Vous vous levez dans cet isoloir et vous voyez s’élargir la demeure : la lumière est devenue un ciel et vos yeux clignent un peu. Alors, votre âme s’éveille de sa torpeur et vous trouvez Aimer à votre droite. Aimer s’assoit pour vous bercer. Il caresse votre cœur et vous respirez. Il nimbe votre Amour de son Aimer, et vous pleurez comme vous n’avez jamais pleuré, car l’Amour est aussi un fleuve de roses rosées, se déversant dans la terre et vous restez hébétés, hébétés…

Intelligence

#art de Convallaria maialis

L’intelligence ne meurt pas, puisqu’elle se cache là même où les pierres restent muettes. Tentez de la saisir et voici qu’elle vous rit au nez. L’intelligence a des milliards d’années, mais que dis-je, elle ne relève plus d’aucun nombre et se tient droite sur la citrouille, comme un homme qui marche lentement sous les étoiles. Elle a les allures fières d’un têtard, que dis-je, plutôt celles d’un lézard. Elle s’inscrit partout où vous semblez ne rien voir, puis elle vous vient par derrière tel un enfant qui vous surprend avec ses deux bras vigoureux et qui ne veulent plus vous lâcher. Elle trébuche sur le caillou d’un très implicite sentier et l’on voit passer un énorme cheval qui vous montre ses dents. Cheval de trait, dans un pré dont on ignore l’âge. Cette intelligence se glisse sous l’oreiller, puis rafraichit les rêves que l’on tarde à oublier. C’est un peu baroque, je vous le concède, mais que dis-je, la sauterelle vient de me confier quelque bonne nouvelle et peut-être que je suis sur le toit d’un parapluie qui vous dit merci comme l’on dit bonsoir, sans jamais se lasser, puisque le vent du large vous taquine et que la petite mélusine s’endort sagement dans un lit de mousses sauvages. Je rêve enfin de t’étreindre et de ne plus jamais desserrer mes bras fous de toi.

Peinture de Edward Robert Hughes

Colombelle

Incisives dentitions, mordantes et pour quoi faire ? Une pomme n’est bonne que par son pédigrée et j’en ai croqué de juteuses, même les acides aminés ont quelque chose d’essentiel. La plus vieille pomme n’est pas une poire et c’est ainsi que s’adresse la colombelle à son ami courtisan. Elle frôle un peu le ciel de son aile puis s’en retourne au Carrousel. Cocasserie et humour pour un monde qui du puzzle ne détient qu’une partie du tableau. Le bal était masqué car mon velours, j’ai oublié, et de mes atours, je vous livre peu. Quand tout donner est une gageure dans ce monde immature, pour vivre heureux, vivons cachés. Avez-vous parlé de folie ? Que nenni, je vous confie, de plus belle, une dose de mon rire. S’il était grinçant, aucune porte n’aurait son battant. Au loin, Colombelle rejoint son Arlecchino, veuillez ici lire un poème, écrit à l’intention d’une jouvencelle et d’un damoiseau. Ils tinrent ce discours dans les couloirs d’un château, l’éventail recevant leur propos. Du prélude, ne gardez que l’essentiel, mais du rire, recevez mes chaleureuses intentions. Au miroir déformant, crissent les dents, tandis qu’au rebours, je vois marcher une ombrelle, au-dessus d’une élégance, celle d’une chevelure cendrée de mèches et sertie d’une barrette dont le soyeux papillon est d’un bleu d’azur pur et de quelques gouttes de vermillon.

Hommage à Claude Monet, la femme à l’ombrelle, peinture de A MT VANKERK

Belette

Si la belette, Dame Schöntierlein, nous prête bien d’étranges intentions, c’est qu’à la lumière de nos enfantillages, elle crie presque au désespoir, mais, te rends-tu compte de son étrange propos, arrondi aux angles de sa solitude ? N’aie crainte de voir son petit museau, car dans le fond, elle se détourne des allocutions douteuses. Dans les plaines, au loin, elle s’en va quérir une force mystérieuse auprès du sieur Bison de Péonie. A lui, elle doit tout, même de courir énergiquement, sans éprouver la fatigue. Mais, après de bien longues années de mûrissement, la belette sait remercier ce qu’il advient en dépit des querelles anciennes. Auprès de Bison, Belette a appris la force tranquille des certitudes qui donnent à l’âme, une paix incommensurable et surtout inébranlable. D’où lui vient-elle ? Dans la blanche couverture de nos âmes endormies, le diamant d’une épopée a conquis la grâce, et je vous conte ici, un peu de sa douce beauté. Ne l’oubliez pas ! Son regard s’est exercé depuis une autre rive. Il enveloppe les gens esseulés.

Tout commence

Le sillage est intemporel et je me souviens, et je me souviens, alors que je gisais sur la terre d’un autre monde, et lors qu’au creux d’un lit d’éther, mon souffle continuait, continuait, à Te mémorer dans l’antre d’une caverne, Tu es venu me donner au Rappel, Tu es venu me donner au Rappel, et c’est là, dans le désert que la pluie a son sens, et c’est là que je respire sans discontinuer, pour absorber Ton accord, celui en ré majeur. Chaque couleur avait son ciel et chaque ciel avait sa merveille. Comment puis-je l’oublier alors que de Ta main, l’océan s’ouvre encore ? Tu peux me dire des choses, tu peux m’en dire d’autres, je fais « oui » de la tête, le sourire aux lèvres. Tu m’as chantée et je T’ai chanté, mon corps devenu celui qui aime. Je marche encore dans la ville, le soleil éclaboussant son indolence, et la brise murmure dans l’étroite ruelle. Je meurs à chaque instant, et chaque instant me réveille. Ai-je bien clamé le vol d’une trentaine de tourterelles par-dessus le clocher vermeil ? Cette blancheur, est-ce la mouette qui vient des mers lointaines, m’invitant au voyage torrentiel ? Je suis morte à chaque souffle du puissant et magistral écartèlement. Ne sens-tu pas vibrer l’Amour d’une multitude de jours ? Comment vivre et mourir d’Amour ? C’est ici, c’est ici, c’est encore, c’est l’élan d’une création entière, alors que tout commence, dans la nuit la plus obscure.

Déferlante, l’âme

Un jour survient l’étrange,
J’y ai baigné durant quelques années,
Lors que tu vins,
Le temps avait bâti sa Maison, déjà ;
Je n’en suis jamais sortie.
Depuis, Il est là où je suis.

Quand même, tu effacerais notre Présence,
Elle est l’éternité de la manifestation,
Lieu de gestation,
Du dialogue de la voix.

Tu es cette forme,
Tu es ce plissement léger sur un toit,
L’offrande au jour,
La vie d’un au-delà.

Je suis allée puiser l’eau,
Il vint en chemin,
Le calame suit sa course,
Et s’abreuve de Toi et moi…

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Trouve-moi

Si tu veux me trouver,
Entre en ce cœur brisé,
J’ai tenu les morceaux,
Puis j’ai dansé.
Si tu veux me voir,
Entre en mon étreinte,
Puis serre-moi de tes bras,
Sans compter
L’instant.
Si tu veux me connaître,
Observe l’hanneton, la fourmi et même l’oie,
Suis la légèreté du papillon sur la voie,
Puis sème au vent le chant Aimer.
Tu me trouveras dans les déchirures,
Aux soupiraux de nos rêves à Trois,
Entre l’églantier, la rose et le mimosa,
Tu me trouveras dans une larme,
Puis dans la voix qui s’exclame,
Au sein d’une longue invocation,
L’apesanteur sans douleur,
Le cristal d’une pleine lune,
L’écho du vent de douceur,
Et nous nous verrons, alors.
Qu’importe les brisures,
Voici que la voix est un pont,
Sur les coteaux aux grappes mûres,
Je cours sur le chemin,
La joie dans les bras…
M’entends-tu dans le la la la ?

公案, gōng’àn

Incontinence mentale

閱讀和連結是永恆的事實。

Lire et relier, tel est le fait de l’intemporalité.

永遠不要讓自己被野兔超越。他不知道如何抓住他的尾巴。他的爪子走得很遠,他的耳朵對他毫無用處。

Ne te laisse jamais dépasser par un lièvre. Il ne sait pas attraper sa queue. Ses pattes vont loin, et ses oreilles ne lui servent à rien.

為什麼要害怕?人民的弱點來自於他們的無知。

Pourquoi avoir peur ? La faiblesse du peuple vient de son ignorance.

告訴我智慧 它承擔所有的臉,並沒有保留其中任何一個。走自己的路。

Qu’est-ce que la sagesse ? Elle prend tous les visages et n’en retient aucun. Suis ton chemin.

告訴我智慧. 輕風是一種以舒緩效果為特徵的微風。

Qu’est-ce que la sagesse ? Le vent léger est une brise caractérisée par son effet apaisant.

Miroir 鏡子

Le Chêne d’argent :

Du peu de chose, du peu de rien, du détail et des lendemains, lors des étreintes vives et des légèretés de nos phrases, car, de ne plus dire, est encore un langage, et de subtilités, nous marchons sans même nous retourner, tel est notre Destin. L’étoile au sein d’une multitude d’étoiles a inspiré l’instant et le ciel, en petites gouttes estivales, parfument nos pas sur le chemin. Quand le livre s’ouvre, lis-tu à l’endroit ou à l’envers ? Lustrales aurores et l’unique segment de lumière arrose le cœur d’un jardin. La Terre respire, la Terre nous livre sa présence au creux de la main, tandis que les hommes craignent sa colère, un enfant s’émerveille de sa grandeur. Un elfe des grandes forêts primordiales sème à l’horizon une guirlande de pétales, tandis que parle sagement le dernier vestige d’un homme crépusculaire. Nous sommes assis et je l’écoute durant trois jours et trois nuits.

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