Œuvre créatrice

La Beauté jugule et danse,
Comme l’on est à tendre,
La voilée du Cœur.

Ô monde des signes ! J’aimerais ne plus être, et subrepticement Te voir apparaître, telle une seconde de Ton regard, lui-même apprivoisant la nature créée par Ta propre Volonté. Œuvre créatrice ! Et entre les non-manifesté et manifesté, pleurer, pleurer d’Amour. Pleurer comme le cœur qui ne sait autrement T’aimer. Or, l’Amour s’est agenouillé et fait Alliance avec Ta Réalité.

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Mon ami

Mon ami me dit : Viens, asseyons-nous sous cet arbre et partageons notre repas. Je n’avais pas grand chose à lui présenter et m’en trouvai quelque peu attristée. Comme il avait été généreux tout ce temps avec moi, et j’avais pu m’apercevoir, Ô combien était grande sa bonté ! Malgré mes maladresses, mes erreurs, il avait toujours manifesté une patience inégalée, une attitude magnanime. Au moment où nous nous assîmes sous l’arbre magnifique, un chêne lumineux qui nous offrit une ombre douce et salutaire, alors que le soleil se trouvait à son zénith, je me sentis me liquéfier tant mon âme fût soudainement emplie d’une extrême pudeur. Celle-ci m’envahit et me fît même frissonner. Ma besace était vide, implacablement vide. Lui qui avait tout partagé, sans la moindre hésitation, lui qui m’avait couvert de son aile protectrice à maintes reprises et voici que je me trouvai dans le plus grand des dénuements. Je n’osais plus regarder mon ami. Je ne pouvais simplement plus lui faire face. Je venais de réaliser, par ses simples mots, que je lui étais redevable de tout, que j’avais profité largement de sa grandeur et cela sans jamais pouvoir donner quoi que ce fut en retour, hormis ma pauvre présence. Il me tapota sur l’épaule et me sourit. Avait-il saisi ma gène ? Il ouvrit son modeste sac de voyage et en sortit un morceau de pain à la croûte parfaitement dorée. Le chêne frémit et son feuillage sembla nous saluer. Je tenais le morceau de pain comme hébétée par tant de beauté. Était-ce de la gratitude ? De nouveau, mon ami me tapota sur l’épaule et sans un mot, nous savourâmes notre complicité silencieuse, cet havre de paix qui allait au-delà des mots, bien au-delà.

Ishq*

Du cristallin dont l’azur bleuté,
Trempe au regard de Ta Majesté,
Suspendu à l’iris,
Fit de moi Ta troublée,
Et au vent d’une prunelle,
Scrute la pupille,
S’abreuvant de Ishq*,
Au confluent d’une eau douce,
La cornée d’une source,
Se noyant par Ton océan,
Ô mouvement !
Puis encore mouvement !
Onde sublimée,
Incessante !
D’une oscillation,
En Oscillation,
Ondée de pluie,
Ondée de vent,
Mots subsumés à l’articulation,
A l’Arboré d’une veine,
Jugule la transparence,
Le cœur,
Ô mon cœur !

Sache que je trouve un mot et l’avale, puis une perle et la prends. Je marche dans un royaume qui entraîne le mouvement et, de silence en silence, de temple en temple, de sanctuaire en sanctuaire, Ishq fait de moi ce qu’Il veut. Je t’appelle, Il m’appelle. Ne dites rien ! Je ne volerai pas une seule virgule, ni le moindre souffle, ni n’investirai l’indécente usurpation. Je suis Ta fidèle et goûte au nectar d’une Vision.

_____

*Ishq : désigne l’Amour Absolu et infini, l’Agape compassionnel.

Erreur et Délivrance

Nous ne naissons pas égaux, quoi que nous disions. Observez le monde. Vous ne verrez pas les mêmes réalités. Observez votre rue. Vous ne verrez pas les mêmes personnes. Nous ne sommes pas une valeur numéraire. Nous ne sommes pas quantifiables. Nous ne sommes pas non plus un seul chemin. Nous ne sommes pas une seule manifestation. Ce que ce monde a oublié, c’est cela : Quoi que l’on fasse et quoi que l’on dise, la semence donnera sa réalité-une et plénière. Elle éclora de sa germination et de nulle autre. Elle libèrera ce qu’elle est. Sa nature s’accomplira, qu’on cherche à l’en empêcher ou non. Elle sera visible ou non. Cela ne lui importe pas. La semence est conforme à ce qu’elle est. Nul n’a le droit de réduire ceci ou cela, de combattre la nature des choses. Chacun nous devons entrer dans la Danse, harmonie des harmonies.

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Jnana

Hourra ! Danse la Voie,
J’embrasse le sol où je suis née,
La lisière a chanté.

Comment ? Enfin Tu es venu m’éclairer et j’irai par tous les chemins Te rencontrer, Te voir, T’écouter, bercée de notre entente. Le sol jonché de Ton empreinte ineffable s’est mis a dansé et le cœur entend et répond : Aime ! Ô mon Aimé !

Mille et une nuits (3)

Savez-vous qui est Anqa ? Connaissez-vous la légende de cet Oiseau majestueux qui épouse votre âme et la révèle ? Il existe une montagne dans un royaume hors de tout champ de toutes les perceptions ordinaires et qui n’est rien autre que la montagne sacrée. Elle chante de son sublime chant. Elle rayonne comme aucune montagne ne peut rayonner. C’est là que se posa Anqa. C’est depuis ce sommet qu’elle me parla. Pour L’écouter et recevoir son message, il nous faut nous asseoir. Point n’est besoin de quantitatif ! Ici règne votre réalité. Ne la vendez pas à vil prix !

Ô Jardin, dis-moi ! Qu’en est-il de ces ornements que Tu visitas et qu’en est-il de ces aspirations qui firent de Toi un oiseau téméraire, et qui es-Tu, Jardin des offrandes, des sacrifices, des chemins bruissant au travers d’un inspir qui me tint fermement sans que je ne pusse me défaire de son sillage ? Je suis venue jusqu’à Toi et j’ai échangé ces confidences qui firent de moi Ta servante et j’entendis Tes réponses, à l’Aube, quand Tu dressas entre le jour et la nuit un voile délicat. Mon âme T’appartient, alors que Tu vêtis la robe du noble mariage. Je Te demandais : Puis-je révéler ce secret ? Mais, Tu m’invitas au Silence. Ceci est entre toi et Moi, me déclaras-Tu. Je revins au monde avec quelques mots trempés de la Réalité éclairante et les lançais comme on lance un filet à la mer. Des pêcheurs accoururent de toutes parts. Ils avaient les mains semblables aux rayons du soleil et l’eau miroitait comme les effets multiples de l’or. Durant un instant, j’en fus éblouie. Ce que le cœur humain, le cœur noble, délivré de l’erreur, peut contenir s’étend comme rien d’autre en ce monde, alors que le vasselage d’Amour est à la fois une étonnante tyrannie consentie, un compagnonnage, une révélation, un récit hors pair, une force dynamisante, propulsant les fidèles d’Amour, au-delà de la mort des corps.

Tabernacle

Ton parfum à l’orée d’une phrase,
Ton musc suave,
Tes mots, un Tabernacle.

Je me suis étendue en croix et le ciel me parle de mille mots sauvages, de la vie, de la mort, des ceci et des cela, des yeux d’une enfant* périssant sous le soleil, là-bas, des rumeurs sous formes de détails, du bourdon et de l’abeille, du miel enchâssé de lumière, des urnes et des graines, des sensibilités et des ravages, des souffles de l’homme et puis ceux de la bête. J’ai tourné mes paumes vers le ciel et retenu mon souffle, un poumon, un autre et j’ai accueilli l’expansion, sans laquelle je ne suis pas.

____

*Une fille emprisonnée dans les favelas au Brésil…

La Table

Prends ce pain gris,
Incirconscrit,
Puis prends ce pain noir,
A la tablée des partages,
Quand le pain d’orge se gorge,
De nos mains et de notre puits,
Vois ! ce pain blanc avive nos mots,
D’un éternel retour,
Lors que l’alpha rencontre son frère de nouveau,
Prends le pain des souffrances,
Le pain des blés dorés au soleil,
En ce four inépuisé,
Que vêt en silence,
La cuisson des grains.
Prends, mon ami, prends,
Le pain rouge de l’Amour,
Le pain des oriflammes,
Celui des affamés,
Prends ce bruissement,
Imperceptible de l’âme,
Pain d’une Aube,
Suée de notre constance,
Quand craquelle le jour,
Prends ce pain béni,
Ecoulées à l’écume de nos heures,
Vois comme la table s’est enrichie de saveurs.
Prends le pain incontournable,
Celui de nos ruisseaux,
Lors que la fève chante,
Le coq au loin s’étonne,
Le pain des sonnaillers,
Et par ses yeux fervents,
Vois, l’unité d’un orfèvre,
Et Tes Mains, et Tes Mains,
Ont pétri sans cesser,
Le corps des assoiffés,
L’or des oripeaux,
L’Anqa à la cime d’une couronne étoilée.

Correspondances LXIII

Mon Aimé et cher ami,

Rien n’est vain. Tout ce qui apparaît en ce monde est un sens, et j’écris bien un sens. Nous discutons vaillamment, au matin, au zénith et le soir. Nous parlons longtemps, la nuit aussi et même dans ce qui semble être un sommeil profond. Nous voyageons sans discontinuer. Nous nous tenons le cœur, la main du cœur.

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