Correspondances LVIII

Très cher ami,

Quand j’y pense, il me semble que la vie a fleuri tout comme la mort fleurira. Chaque jour apporte son rivage. Un être féerique nous ramène un livre riche de pages et de mots. Il s’assoit auprès de nous et nous fait la lecture. Quelle merveille !

Lors que je regarde la vie d’un point de vue politique, je remarque la pauvreté de ces gens qui s’imposent au monde publique, au peuple, tel un puissant châtiment qu’ils s’affligent, en une quête de faire-valoir ridicule, en l’oubli impondéré de la véritable justice. Ils se comparent toujours aux animaux, mais, ils sont bien moins que cela. L’ordre mondial est une inversion totalitaire. Très vite, nous nous rendons compte que les gauchos-capitalistes (que je mets sur les mêmes plans) et autres balivernes sont des « suggestionnés » comme le dit René Guénon*, « suggestionnés » par les brouillis mentaux des bas-fonds de leur être. Cela fait des siècles que cela dure.

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Langage d’eau

Les eaux clapotent,
Des clignements du jour,
Regard suspendu.

Douceur des sons scintillants, printemps d’eau, et la clameur d’un Destin qui nous arrête. Ai aperçu une enfant penchée sur les gravillons, les genoux brunis par les cailloux, puis l’eau jaillir d’entre son cœur, le reflet d’un ailleurs et nul temps ne saisit subtil l’instant.

Miroir 鏡子 (24)

Androgynat

Maturation et maturité, le lien indéfectible comme n’ayant jamais perdu son lien fidèle et Ô Ami, plutôt que de discourir, j’ai mis en pratique en L’écoutant, Lui. Comment depuis les verbes Divins, Logos dansant, l’on se retrouve au sein de l’océan ? J’ai rencontré tant d’amis, que mon cœur est plein de leur réalité, ces amoureux de Vérité, hissés et tendus de lumière par leur universalité. L’un me conta comment une scie se mit à parler et je me mis à pleurer et l’autre me fit le récit de la gazelle, et par ses yeux, je fus troublée. Lors que l’océan nous submerge, il se met à danser. L’un me conduisit au centre d’un échiquier et l’autre versa une myriade de roseraies sur mon cœur émerveillé. Si vous considérez ce monde ainsi, tous les verbes se mettent à éclore et les jardins embaument tels des multitudes de mondes singuliers. L’un évoqua son amour pour son fils et le sacrifia plutôt que de ne pas aimer. Je devins muette devant cette évidence. Mon « moi » doit tomber et tomber encore. Lors de la descente, j’ouvris grand les yeux. Je retins les étapes du grand voyage et fis le serment de retrouver le chemin du retour. La vie commença à tournoyer : un verbe, un autre, un mot, un autre, une lettre et une autre. Là-haut, je voyais que l’on me regardait. Je devins la mémoire du Regard. Je vis longtemps deux corps qui s’enlaçaient, mais, ne vous trompez pas, il ne s’agissait pas de corps de ce monde. Les corps d’une multitude de corps. Lors de cette descente, je me tournais simultanément aux directions de tous les points cardinaux et je me promis de ne jamais oublier. Si je vous dis que l’Amour de Lui est plus fort que tout ce monde et ce qu’il contient, comprendrez-vous ? Le soleil rayonne au cœur et le cœur s’accomplit. Pourquoi la lumière rit-elle ainsi ? La joie profonde du retour. Maintenant, je m’assois et le livre s’ouvre. L’univers est éclairé par le chant et le chant se réjouit. Monde ! Univers ! Cosmos ! Monde d’ici-bas, monde de l’au-delà, monde Transcendant. Seigneur, et que j’aime, oui que j’aime notre retour ! La maison ! La maison ! Si je vous dis que l’accompli comprend l’inaccompli, comprendrez-vous ? Il me fallut un bâton, les pieds nus et la poussière du chemin. Mais, que ces hommes peu scrupuleux le sachent enfin : le monde va basculer et règnera la joie des orphelins.

Miroir 鏡子 (23)

Commencement sans commencement

Naissant dans un certain contexte, quand tout commença, nous sûmes qu’il n’y avait guère de commencement en ce lieu, qu’il n’y avait guère d’espace aussi, que les mots n’avaient plus leur place, car quelque chose avait été bien avant eux et peu à peu, tels des nouveaux nés, notre gorge se déployait et des nues magmatiques, la voix cherchait le couloir pour révéler le son, le sens et la forme. Naissant en ce contexte, nous comprîmes que chacun de notre corps se déployait avec la réalité d’une flûte. Le son s’élevait aux fentes singulières et exprimait le « Bâ ». Faut-il une corde raide à ce langage, une verticale ? Le long couloir s’élève et retrouve son enchantement. Aleph primordial, par tout ce qui subsiste, par tout ce qui se manifeste. Nous pourrions l’appeler Amour. Mais qu’est-ce donc que l’Amour ? D’aucuns pensent qu’il s’agit d’un acte, d’une relation, d’une fusion, d’une attraction. Nous pourrions encore dire que cela se nomme Amour. Mais qu’est-ce donc que l’Amour ? Au-delà, bien au-delà, nous pourrions dire qu’il s’agit de la puissance d’un état, d’un état plénier, d’un état d’extase continue, de lumière irradiante, de Béatitude. Nous sommes suspendue et notre corps disparaît en ce rayonnement. Nous pourrions dire que cet état fend tous les espaces, élargit toutes les conditions, écarte toutes les contingences. Nous pourrions dire que le cœur s’ouvre et s’ouvre et s’ouvre. Alors, nous ne savons plus ce que nous sommes. Nous pourrions dire Amour encore. Peut-être est-ce l’effet d’une envolée, du battement régulier d’un ciel descendu jusqu’au cœur ? Cessons ! Dansons ! Le Miroir rit et je joue. Il est si près et je Le laisse me révéler les reflets miroitants de mille et une pages. Voguons ! Je suis née du seul jour et et je suis née du seul instant. Ni avant, ni après et pourtant tout est là, tout est là qui se déploie.

Burin

Au jour buriné,
L’Ami vint au burin,
Mon cœur écartelé.

Point d’illusion quand le sculpteur détruit la pierre, puis qu’Il regarde au-delà, le sourire aux yeux de l’intimité. Par Son regard, je nais et son sourire me contient. Oh ! Comme l’Amour est d’abord l’usure de notre âme, fleuve jusqu’à l’estuaire de notre cœur.

Gone with the wind

Sais-tu ce que la vie emporte ?
Et sais-tu ce que la mort retient ?
N’oublie pas, non, n’oublie pas !

Au moment de la mort, le vent reviendra, chassant la paille, et par Ton souffle, j’embrasserai ce que Tu retiendras, ô mon Bien-Aimé.

***

Do you know what life will take?
And do you know what death holds?
Don’t forget, no, don’t forget!

At the moment of death the wind will return chasing the straw, and by your breath, I will embrace what You will retain, O my Beloved.

***

Oh ! I know most people don’t like to hear that, but, use your imagination : how many have already left, and how many were people, as gigantic as mountains. Oh ! Think about it!

Oh ! je sais bien que peu de personnes aiment entendre cela, mais, je vous prie de faire preuve d’imagination : combien de gens sont partis, et combien parmi eux des colosses aussi grands que des montagnes. Oh ! Veuillez-y penser !

Océan

Au fil des années,
Le cœur n’a cessé d’aimer,
Et l’océan d’être beau.

Un matin, il m’advint cette pensée qui m’amuse encore : Il faudrait être Bouddha pour devenir Bouddha. Je me voyais au milieu d’une prairie et les fleurs dansaient. Alors, je lançai à la nature : je veux bien être Siddhârta, chercheur libre et goûter à la folie de la migration et je veux bien trouver Brahman comme Il veut que je sois. Je veux bien tout ce que Tu voudras, car Tout est Beau ! Ceci est l’ivresse d’un parcours qui ne s’arrête pas.