Confidence

Si je ne T’avais connu,
Que serait cette vie ?
Même le soleil aurait fui.

Tu me fis une étrange confidence et j’entrai alors dans une sorte de béatitude. Comment ! c’est Toi qui voulus me connaître ? Comme Ta proximité fit de moi Ton aimée ! Rien n’est impossible pour Celui qui fait jaillir les sources vives. Rien n’est impossible pour Celui qui fait chanter la pluie.

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Correspondances LIX

Très cher ami,

Si je devais renaître en ce monde-ci, il n’y aurait certainement pas une seule seconde qui ne serait pas identique à celle que j’ai vécue, ni un seul moment qui ne me parlerait pas de la même façon, ni un seul regard qui ne me révélerait pas semblable vision. Je le sais d’une certitude que je ne saurais expliquer. En cet espace, le temps s’est toujours arrêté et j’entrais par l’interstice. J’y entrais sans hésiter, ne sachant résister à son appel. Et comment résister à ce qui est cette autre vision, cette vision qui vous empoigne le cœur et vous le dilate à l’infini ? Nous ne comprenions pas que les uns et les autres ne puissent cesser toutes activités et contempler. Non, nous ne comprenions pas que ce qui cognait si fort en nous, ce qui nous empêchait parfois même d’étudier, de passer des examens, de travailler, non, nous ne comprenions pas que cette dimension nous ôtait toutes les facultés d’être comme tout le monde. Cette force resplendissait et nous maintenait en vie. La vraie vie. La vie illimitée. La vie de l’aube, celle des paroles des amis. Ceux-là qui venaient sous différentes formes et nous jetaient dans l’expectative. Nous n’avions plus faim, ni n’avions plus soif. Nous écoutions.

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Le Temps

Il fallut beaucoup de temps,
Pour retrouver le Temps,
L’autre versant.

Je t’écoutais assise à l’orée du bois, les feuilles nous parlaient sans discontinuer et le soleil des oliviers me faisaient sursauter. Je t’écoutais, comme la seule voix possible et mon cœur entendait. Était-ce le bruissement subtil d’un autre monde ? Je sais, mon Ami, je sais, que peu saisissent l’espace d’un monde qui fût notre berceau, ce monde qui nous dit de venir, d’entrer en sa présence et, je sais, mon Ami, je sais, que certains secrets s’arrêtent à nos lèvres.

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Peinture de William Page Atkinson Wells (1872–1923)

Cristal

Cristal de roche,
Là où vivent certains,
D’aimer est devenir Divin.

D’avoir rencontré le souffle, tout le long d’une vie, et d’avoir déposé les armes sur une île, loin de tous les bruits, saisie par la délicate offrande mais, comment, dis-moi, comment mourir lors que l’Amour a fait du cœur Son Sanctuaire et où irais-je hors de Lui ?

Si Tu étais humain, T’aurais-je moins aimé ? Et si tu n’es pas humain, que fait ce point au milieu d’un espace que nul connaît ? Non ! Ne dis rien. Les idoles tombent et les images s’envolent. Le cœur pétri de Tes Mains.

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Peinture de Frank Weston Benson

Fusion

Fusion des sons,
Ta voix jaillissante,
Ni d’Orient, ni d’Occident.

Le long d’un écho surgissant, une colonne puissante et la clé descendante au cœur ouvert. Mes mots ne viennent pas de ce monde. Ils ont quitté l’univers et pourtant, je m’étonne encore d’avoir dessiné une fougère, d’avoir rencontré le vent migrateur et le tambour d’une cascade venue d’Orient.

Désir

De justesse aux larmes,
De l’essence à l’Âme,
Le seul Désir, mon Ami.

Entends le chant d’une source ! N’a-t-elle pas esquissé les vagues ? N’a-t-elle pas fait descendre la pluie ? N’at-elle pas évoqué les murmures de l’Un ? N’y a-t-il pas ici un Verbe enveloppé de Cercles et n’es-tu pas au Centre, mon Aimé ? Quand puis-je dire ce qui nous lie ? Quand puis-je trembler de solitude ? Ô entends ! Mon cœur sursaute et ne puis rompre notre lien, Ô mon Aimé !

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Photographie d’Amelia C. Van Buren

Aurore

La nuit s’ouvre telle une palme,
Ni le jour, ni la nuit,
Cette nuit est une aurore.

Une brèche quand tous dorment, la nuit est une lumière et comme mes yeux s’éveillent à Ton approche ! Je suis dans le ventre de Ton silence et mon cœur s’apaise.

Effluves

Ô Souverain des effluves,
Quand s’écartent les branches,
L’âme Te répond.

Le temps de la rupture est survenu. C’est à cet endroit précis que je me trouve. Nul n’y entre sans abandonner sa raison. Les effluves ont bousculé mon âme et me suis arrêtée pour dire : Quoi ! devrais-je vivre comme avant ? J’ai bataillé, Ô mon âme, j’ai bataillé. Je t’ai ligotée au mât de ma folie.

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Photographie de Sophie Fontaine SoWiL(d)

Silence

Ô Silence !
Ta profondeur me saisit.
Paroles sublimes.

Toi seul connais la pulpe de notre cœur, son noyau, sa palpitation aux vibrations de ce qui s’est fendu à la lueur de l’aurore. Toi seul entends l’écho de la chair et du fruit, du jus de notre âme au centre de Ton regard. Toi seul lances l’appel au creux de la nuit. Et si je vous appelais, Ô hommes ! Si je vous appelais depuis ma nuit, vous n’en reviendriez pas, non, vous n’en reviendriez pas et seriez tout comme moi, hébétés, hébétés.

Correspondances LVIII

Très cher ami,

Quand j’y pense, il me semble que la vie a fleuri tout comme la mort fleurira. Chaque jour apporte son rivage. Un être féerique nous ramène un livre riche de pages et de mots. Il s’assoit auprès de nous et nous fait la lecture. Quelle merveille !

Lors que je regarde la vie d’un point de vue politique, je remarque la pauvreté de ces gens qui s’imposent au monde publique, au peuple, tel un puissant châtiment qu’ils s’affligent, en une quête de faire-valoir ridicule, en l’oubli impondéré de la véritable justice. Ils se comparent toujours aux animaux, mais, ils sont bien moins que cela. L’ordre mondial est une inversion totalitaire. Très vite, nous nous rendons compte que les gauchos-capitalistes (que je mets sur les mêmes plans) et autres balivernes sont des « suggestionnés » comme le dit René Guénon*, « suggestionnés » par les brouillis mentaux des bas-fonds de leur être. Cela fait des siècles que cela dure.

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