Langage d’eau

Les eaux clapotent,
Des clignements du jour,
Regard suspendu.

Douceur des sons scintillants, printemps d’eau, et la clameur d’un Destin qui nous arrête. Ai aperçu une enfant penchée sur les gravillons, les genoux brunis par les cailloux, puis l’eau jaillir d’entre son cœur, le reflet d’un ailleurs et nul temps ne saisit subtil l’instant.

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Chant

Ô Chant !
N’en suis pas revenue,
Mais comme j’ai aimé ne pas me donner le choix !

Je vous le dis sans ambages : Je n’en reviendrai pas et fais fi des conventions de ce monde. Je fais fi de la raison, des cadres sociétaux et tous ceux qui méprisent la foi des mendiants. J’ai entendu Son Appel et je danse avec mon Aimé. Que nous importe un logis, Il est notre Maison ! Que nous importe les refuges, les temples et autres lieux ! N’ai-je pas répondu, un jour, à ce séminariste, qui me demandait où je résidais, alors que je levai le cœur ivre, mes bras vers le ciel : « C’est ici que j’habite. » et lui de me regarder ivre à son tour.

Ecriture

L’écriture incisive,
Son pouvoir de me mener,
Vers l’autre dimension.

Pourtant, Je vais vous dire ceci : l’écriture est transcription de ce qui frappe jusqu’au cœur et le cœur est un livre éveillé dont les mots précèdent la forme. Les branches se sont agitées et j’ai tremblé avec elles. J’étais ces bruissements au son vert et lumière. Dieu a semé les sons et l’essence et l’homme s’émerveille. Faut-il accepter de ne plus manger ni de boire pour que cet espace apparaisse ? Si l’autre dimension n’existait pas, nul ne trouverait le passage pour y accéder, et nul n’en parlerait.

Pacte

Le berceau de notre amitié,
Nos paroles confidentes,
L’alcôve de notre pacte.

Ai-je jamais su vivre autre que le tissage indélébile de nos discours, lors que Tu atteignis mon cœur et qu’il devint le chant de l’aurore ? Saurais-je vivre autre chose que notre relation et notre Royaume premier ? Ô douceur qui étreint mon âme aux suées de mes larmes. Je T’en prie, ne jamais nous prive de Ton Regard. C’est du monde que je me perds et c’est de Toi que je trouve. Celui qui n’a pas goûté à cette folie, peut-il comprendre, Ô dis-moi ?

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Peinture de Annie Louisa Swynnerton

Burin

Au jour buriné,
L’Ami vint au burin,
Mon cœur écartelé.

Point d’illusion quand le sculpteur détruit la pierre, puis qu’Il regarde au-delà, le sourire aux yeux de l’intimité. Par Son regard, je nais et son sourire me contient. Oh ! Comme l’Amour est d’abord l’usure de notre âme, fleuve jusqu’à l’estuaire de notre cœur.

Océan

Au fil des années,
Le cœur n’a cessé d’aimer,
Et l’océan d’être beau.

Un matin, il m’advint cette pensée qui m’amuse encore : Il faudrait être Bouddha pour devenir Bouddha. Je me voyais au milieu d’une prairie et les fleurs dansaient. Alors, je lançai à la nature : je veux bien être Siddhârta, chercheur libre et goûter à la folie de la migration et je veux bien trouver Brahman comme Il veut que je sois. Je veux bien tout ce que Tu voudras, car Tout est Beau ! Ceci est l’ivresse d’un parcours qui ne s’arrête pas.

Toujours

Parfois, je suis perdue,
Non, que dis-je,
Je suis perdue pour toujours.

Il me faut vous dire que cela me plait au-delà de la raison, ce chemin du cœur et je n’en voudrais pas d’autres. Si vous vous promenez par ici, si vous lisez vraiment ces mots, alors, je vous serre très fort la main. Sans doute, êtes-vous aussi, tout comme moi, perdus et heureux de vous étonner dans un monde, celui qui s’ouvre en vous, à l’infini.

Feu transcendant

Connaissez-vous le feu du Vin ?
Sa noble fille m’a parlé,
Soulevant le voile d’ébriété.

Le Tout, et le Tout-Autre ; la sagesse et l’au-delà : voici des couples qui m’ont confié leur secret. Combien de fois je le répète entre les lettres, et combien de fois le voile demeure une évidence ?