Correspondances LXVIII

Photo de l’auteure, Bizerte (Tunisie), 13 avril 2024

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Correspondances LXVII

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Correspondances LXVI

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Correspondances I

Initialement publiée le 18 novembre 2019, à l’attention de mon ami, compagnon, époux, mon âme-sœur, mon silence, nos dialogues, notre joie, nos peines, avec son assentiment. Art et Semence a vu le jour en lui. Petit à petit, ce blog est devenu notre temps, notre instant, notre partage, notre Amour pour tous ceux que nous rencontrons. Les correspondances ont pris une couleur générale, absolue, synthétisante, dédiées souvent à d’autres internautes, en ce silence, en cette marche. « Mon ami » est devenu « ceux » que je rencontres, « ceux » que je prends en mon cœur, toujours en ce silence, qui je sais, est reçu par tous ceux qui viennent ici et je vous remercie du fond du cœur. Le plus important, c’est que nous puissions cheminer ensemble, que nous puissions continuer d’apprendre, d’ouvrir notre coeur à la réalité essentielle.

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Cher,

Je viendrai ici vous dire ce qui nous manque et je viendrai ici aussi vous dire combien sans vous attendre, assise près des récifs de l’âme, les rochers semblent encore bien trop doux devant la présence impalpable. La campagne froide est l’hiver qui attend votre chaleur et la nuit ne nous semble pas longue tant que les mots valsent encore. Ce que j’aime ou n’aime pas est semblable au vent qui devient bourrasque. Je ne vous nommerai pas encore, car vous êtes tellement en moi qu’il me faut prendre toute cette distance pour mieux voir. S’il faut ciseler chaque instant que le temps tisse, je ne ferai pas comme celle qui défaisait sa quenouille après l’avoir enfilée, mais, je glisserai chaque perle sur le fil tendu de mes blessures et je vous dirai combien ce sont elles qui font de moi ce tremblement passif. Peut-être vous ai-je imaginé, ou peut-être est-ce vous qui venez me tirer de votre propre rêve ? Que sais-je ? La folie emplit cette maison de toutes nos insensées méprises, mais que faire si ce n’est laisser au silence le soin de lisser nos aspérités ?

Bien à vous

B.

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Peinture de Anna Ancher (Danish, 1859-1935)

Correspondances LXV

Mon bien-aimé ami,

Chaque jour est un jour de grâce et chaque jour, nous renaissons. La création est perpétuelle, et pour celui qui s’extrait de la hâte, celui qui ne vit plus d’aucune projection, celui qui abandonne les vêtements du paraître, celui-ci se trouve submergé par l’assise souveraine du Maître intérieur.

Nous le savons, tous deux, que l’Occident souffre d’un complexe de supériorité. Mais, quand cela a-t-il débuté ?

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Correspondances LXIV

Très cher ami,

S’il fallait redescendre, nous sommes descendus. Certes, qui peut comprendre cela ? Nous sommes à des milliards et des milliards d’années lumière de saisir notre réalité. Notre corps s’est affaibli. Notre mental s’est appauvri. Notre âme se limite à nos cinq sens. Nous nous sommes appropriés un lieu de vie, un lieu de passage et nous l’avons réduit à notre limitative préhension. Nous considérons les choses d’un point de vue uniquement social et à peine psychique. Nous sommes obsédés par un « morceau » d’existence et nous finissons par en perdre le sens, l’essence. Nous n’aspirons pas à la connaissance, parce que la connaissance nous déserte et passe son chemin, s’envolant vers le territoire encore vierge des montagnes. Nous exultons face à quelques gadgets technologiques et nous ruisselons d’égoïsme éhonté. Nous ne supportons ni la critique, ni non plus l’inconfort. Nous pensons comme nous vivons et nous vivons comme nous mangeons. Une poignée d’irréductibles se sont arrêtés et ont considéré la vie sous son aspect entier, mais guère plus. Quant aux autres aspects visibles de l’humanité, cela se manifeste par une névrose, celle d’une « fast fooderie » prenant l’apparence de tous les possibles d’une consommation effrénée. Mais : Nothing before and nothing after. Telle est la devise qui donne les droits à une liberté sans mesure.

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Correspondances LXIII

Mon Aimé et cher ami,

Rien n’est vain. Tout ce qui apparaît en ce monde est un sens, et j’écris bien un sens. Nous discutons vaillamment, au matin, au zénith et le soir. Nous parlons longtemps, la nuit aussi et même dans ce qui semble être un sommeil profond. Nous voyageons sans discontinuer. Nous nous tenons le cœur, la main du cœur.

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Correspondances LXII

Très cher ami,

Me voici à reprendre, une fois de plus, le résumé synthétisant d’un échange fécond, comme je le reconnais volontiers quand il s’agit de nos dialogues, échange que nous avons vécu tantôt. Certes, et j’aimerais le rappeler, nous avons depuis le début établi une règle fondamentale : parler en appliquant le vrai, le juste, le beau. Nous nous sommes refusés à toute autre approche. Celle-ci se doit d’être consciemment, renouvelée, formulée, hiérarchisée, structurée, s’inscrivant ainsi dans ce que nous appelons la triangularité pyramidale de notre relation. Nous nous sommes accueillis mutuellement dans cette seule et possible relation. Ceci exige de nous une grande fidélité, une constance, une crucialité de l’instant sans dérive, une harmonisation au sein de notre transmission. Dès lors que nous débutons ces dialogues, nous respirons longtemps et entrons, de fait, en cette apnée.

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Correspondances LXI

Très cher frère, ami et bien-aimé,

Je viens reprendre notre conversation de la présente veillée avec, comme vous aimez le faire vous-même, l’intention de synthétiser l’essence de nos dialogues. Or, nous avons médité, comme de coutume, et je vous souris, sur l’aspect le plus profond du questionnement existentiel. Si ce monde est un monde de passage, de la réalité Pessah, Pâque, c’est-à-dire du fait d’aller d’un point X à un point Y, ou bien d’un point X à un point X’, alors, nous comprenons que c’est en nous que les choses se passent. Assurément, nous n’en sommes que le véhicule. Nous sommes effectivement la transition témoignant de cette propre transition. Nous sommes la chenille, témoignant de son passage lucide de l’état de chrysalide à l’état de papillon. Dans le langage chrétien, nous pourrions dire que nous sommes le fils de Marie, passé de l’état de conscience sublime et mariale, à la merveilleuse conscience christique vers l’affiliation avec la conscience du Père Seigneurial de notre âme, point culminant de son évolution.

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Correspondances LX

Très cher,

Combien de fois avons-nous devisé ensemble, durant la nuit entière ? Cet sorte de compagnonnage, fondé sur le respect mutuel, courtoisie et chevalerie, posé, affiné à la lame de la crucialité ne nous a jamais quittés. Nous en sommes arrivés, au cours de cette présente veillée, à un bien drôle de discours qui consistait à nous demander : qui de la poule ou de l’œuf fût le premier ? Bien sûr, une sorte d’humour s’y greffait et nous étions parvenus, d’un commun accord, au fait majeur, qu’une hiérarchie avait actualisé ce monde et tout ce qu’il contenait. Nous étions parvenus à la conclusion évidente qu’un modèle, lui-même, avait été conçu et que celui-ci devait contenir toutes les réalités, et ce, de façon exponentielle, continue et illimitée. Vous me dîtes, avec beaucoup de superbe : Il ne faut pas être sorti de St Cyr* pour saisir cette vérité. La poule, en tant que concrétude, avait sa réalité pleine, essentielle, quintessentielle et formelle tout comme l’œuf qui allait la révéler. Cela allait de soi. Il s’agissait d’une vérité absolue : la poule et l’œuf étaient contenus dans l’Œuf magistral et primordial. Le grand modèle, parfait, indubitablement parfait. La circonférence pleine d’une lune à son apogée. A partir d’une semence originelle, tous les codes étaient préétablis et l’homme, le savait. Il était lui-même la poule et l’œuf. Dans la sagesse populaire, pour évoquer la hiérarchie, l’on use de grands raccourcis, les images, les symboles étant le langage premier des hautes sphères de l’intelligence. Qui donne la nourriture au poussin ? Qui guide la poule ? Qui commence à montrer ? Le nourrisson initie-t-il sa mère ? Qui est donc le modèle premier du nourrisson ? Ce qui revient à dire : qui est venu en premier ? La sagesse populaire veut, ici, rappeler qu’il existe bien une hiérarchie au sein de la Création, alors, que bien souvent, l’homme a la prétention de croire qu’il est le premier…

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