
Très cher ami,
S’il fallait redescendre, nous sommes descendus. Certes, qui peut comprendre cela ? Nous sommes à des milliards et des milliards d’années lumière de saisir notre réalité. Notre corps s’est affaibli. Notre mental s’est appauvri. Notre âme se limite à nos cinq sens. Nous nous sommes appropriés un lieu de vie, un lieu de passage et nous l’avons réduit à notre limitative préhension. Nous considérons les choses d’un point de vue uniquement social et à peine psychique. Nous sommes obsédés par un « morceau » d’existence et nous finissons par en perdre le sens, l’essence. Nous n’aspirons pas à la connaissance, parce que la connaissance nous déserte et passe son chemin, s’envolant vers le territoire encore vierge des montagnes. Nous exultons face à quelques gadgets technologiques et nous ruisselons d’égoïsme éhonté. Nous ne supportons ni la critique, ni non plus l’inconfort. Nous pensons comme nous vivons et nous vivons comme nous mangeons. Une poignée d’irréductibles se sont arrêtés et ont considéré la vie sous son aspect entier, mais guère plus. Quant aux autres aspects visibles de l’humanité, cela se manifeste par une névrose, celle d’une « fast fooderie » prenant l’apparence de tous les possibles d’une consommation effrénée. Mais : Nothing before and nothing after. Telle est la devise qui donne les droits à une liberté sans mesure.