
Doux ruisselet, épanché de grâce, discret le long de la rive, barbotant tel un canard sauvage ! Le lilas refleurit aux senteurs d’une main qui s’y pose, et vois-tu, la révérence du jour pointe sans demande, sans imprécation, sans violence, s’écoulant comme un matin nouveau, sur le mur ancien et, la branche salue le passant. Dans le pays de l’âme, il y a une lumière qui ne dit pas ses mots : elle tremble au soir d’un monde qui s’étrangle, les nœuds d’une image infernale. Au centre, la lumière bâille et la porte s’ouvre sans bruit. L’on y aperçoit une nymphe et puis une créature que l’œil ne sait encore nommer. Des eaux lustrales, l’elfe asperge de rosée les premières lueurs de l’aube. Un bourdon enhardi vole et le papillon le suit transi d’Amour, effeuillé par le vent léger tandis que l’âme conçoit un soupir, puis un autre et le corps s’éveille et les bras chantent. Une multitude de feuilles s’échappent telles des mains éparpillées aux quatre coins du monde. Le chêne lance des glands au loin, comme le semeur d’étoiles. La roche devient l’appui des lutins mutins. Le clapotis les occultes derrière une senteur de mousse. L’on voit s’élever des poussières dorées et des noms de joie se transforment en éventail : Eléonore ! Madrigal ! Partition ! Odorée ! Saint Graal ! Donjon ! Pierre tombale. Epopée ! Chevalier ! Le ruisselet en est tout ébaubi. Paladin, destrier ! Le Gué ! C’est là que s’endort Arianne. Où nous conduit son monde enchanté ? Au pied d’une muraille, le labyrinthe et les bottes de sept lieux. L’on vient à peine de s’éveiller.