Koala

Rien hors d’ici,
Tout encore là,
Qui parle ?

Il était une fois, un ver, une tortue, un koala. J’appris que chacun parlait une langue. Je leur demandai de faire un tour avec moi, mais ils me regardèrent avec beaucoup de circonspection. Leur regard me fit m’esclaffer. Que dis-je, je finis par les surprendre et voilà que le soleil se leva. La nuit n’était pas sombre et le jour se découvrit. Le ver verdit ; la tortue rentra ; le koala resta.

La boîte

Une pierre tombe,
L’instant se meut,
Mille autres jets,
Des flots précellents,
La stupeur pleut,
Comme il vint élégamment !
Un bruit au centre de l’eau,
La fusion fait un sursaut,
Jamais plus, je n’irai ici ou là.
La hargne vient d’un tortueux lasso,
Puis, comme enchanté, là-haut,
L’on vint prévenir certains.
Les fuseaux solaires,
S’entremêlèrent,
Et, je suis entre-les-deux.
Je pars comme un vagabond stellaire,
Le sentier a fait des creux,
Tandis que la vague jugulaire,
Me saisit et fait de moi un preux.
Comment, vous n’avez rien compris ?
C’est à la nuit que je dois mon conte.
Elle se rit,
Tandis que moi l’escompte.
Il est dans l’air précieux,
Ce qui fait une mélodie,
Tandis que s’efface la ronde,
Je vois un ange passer.
Qu’a-t-il à nous dire ?
Lors que les branches pâlissent,
C’est bien étrange, je vous le dis,
L’Amour a ses silences,
Pourtant, face à ce précipice,
Il n’est aucun ennui.
C’est encore étrange, je vous le dis,
Ces mots sortent d’une boîte,
Et le cœur a souri.

Tortue

Tortue avance !
Injonction ou non,
Tortue ma sœur,
J’ai vu passer,
Deux ou trois tourtereaux,
Bientôt,
Nous irons en cadence,
Tortue, ma maison,
Ton pas délicat,
A l’éléphant,
Fais une révérence,
Ton regard surprend,
L’audacieux singe,
La gazelle et le lapin.
Du linéaire vivace,
L’ordinaire,
Ma limace,
Fais un bond ou deux !
Mais tortue,
Ton chemin n’est pas une disgrâce,
Je vois une tarentule ou deux,
Sache qu’au fond de mes yeux,
Le sourire écorche les brumes,
Le ciel et la lune,
Alors, ma sœur sans relâche,
Nous marchons toutes deux,
Sans jamais nous prendre au sérieux.

Fil d’une trame

Fil d’antan,
Les jours de laine,
Fil à l’azur,
La porte et son pêne,
Précieuse à la gâche !
Ruban de coton,
Blancs moutons,
Mais défile les nœuds,
Le rêve s’élève,
Grâce des Cieux.
Puis, Dame à l’ouvrage,
Combien de feuilles valsent ?
Je tins une page,
Ton livre est un gage.
Comme une flambée,
Sans même retombée,
La tour des âmes,
Le tambour proclame,
Une pomme verte !
Il n’est pas de peine,
L’aube souveraine,
L’été s’effaçant,
L’heure est suprême.
Souviens-toi : je t’aime !

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Nous étions trois, et nous chantions, les soirées longues de nos quinze ans ; puis une année passe et le chant reste ; nous rions et nous continuons : (Petit clin d’œil.)

Automne

La mer est salée,
Quand crisse le sable,
Au milieu des rochers,
Par millier,
La voix s’est envolée,
Le vent l’a poussée.
Le soleil sur les branches,
Les feuilles époustouflées,
Ne t’occupe pas de dimanche !
Les jours, sans compter,
Puis, le levain, la croute orangée,
Le soleil du pain,
La peau mordorée,
La blancheur d’une main,
Telle une demi-lune,
Le raisin épanché,
Confit et prune,
Soulève un moment,
Et plonge tout entier !

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Aquarelle de P. Jamot