Je tremble du doux matin,
Sans vouloir partir,
Ni même rien retenir,
La certitude d’aimer.
L’envol
Pollens
Les notes fragiles que sème le vent nous ont donné des nouvelles de l’instant, qu’elles viennent d’ici ou d’ailleurs. Tu nous donnes la joie de cultiver ces pollens d’amour, et même fragiles, ils trouvent toujours les boutons de fleurs qui seront les fruits juteux du cœur.
Le mélèze
L’oiseau aux ailes d’or vint caresser l’oiseau aux ailes d’argent et je vis le mélèze se dresser fièrement, puis se balançant, comme frôlant l’étendue diaphane de la lune.
L’ombre et la lumière
L’ombre et la lumière se cherchent telles des âmes-sœurs, longtemps… écartelées de torpeur, enchaînées par l’horreur, poursuivies d’erreur, enfantées de douleur. L’ombre et la lumière ont dansé, ivres et sanguinolentes à l’horizon, pour échapper à l’effusion du malheur, sublimer le désir de s’unir, vaincues soudain par le jaillissement rayonnant du bonheur.
Calligraphie
J’étais étourdie par les gouttes de pluies sur la calligraphie, comme de ta main au souffle du papier de riz ; tu m’as beaucoup appris, le chant des montagnes, le bruissement de l’eau et tu m’as appris à regarder l’âme.
Les saisons

De saison en saison, quand le vent s’apaise, les arbres ont le goût de notre entente, puisque le bonheur n’est pas une conquête, ni la joie une insolence, puisque la tristesse est une rive dormante qu’effacent les graines semées de lumière. Sans doute, quelque chose de la persévérance, du sourire de l’âme, du remerciement.
(Estampes de Yoshida Toshi)
Est-ce toi ?
L’instant a jailli de la lumière,
Ou bien est-ce le contraire ?
L’eau vibre comme l’oiseau.
Est-ce toi qui entremêles mes mots ?
Le rouge-gorge
Il est des êtres tourmentés dont la souffrance béate est une sorte de contrée morcelée, et je ne sais que penser, puisque certaines âmes sont farouches et doucement, je m’approche alors du rouge-gorge qui vient jusqu’à la porte et donne quelques coups de bec à la vitre pour manifester sa présence. Il se met à chanter et je vois sa frêle gorge frémir d’amour que je n’ose déranger.
Geste furtif
Cheveux sauvages, indisciplinés, au soleil enivré, frappé soudain par une sorte de rationalité ordonnée, ton cœur sursaute, et la vision intérieure d’une prodigieuse et incandescente vérité, dans les flamboyances de la matière, quand l’esprit visite la terre et que tes pas esseulés, au milieu de la forêt, te donne à t’arrêter. La pluie forme sur les cheveux de fines gouttelettes. J’ai surpris ton geste furtif.
L’étudiant
Tu marchais avec dans les yeux l’ultime et perpétuelle exaltation, frêle dans un corps flottant au vent, tu marchais, enfant encore en ta juvénile adolescence, tenant le livre, et quand le ciel devenait une branche, tu tendais la main. Etudiant, au seuil des longues nuits, quand te berçaient les musiques d’orient, ces notes venues de l’Inde, je les entends dans ton regard rêveur.