L’Empereur 黄帝 (Huáng Dì)

擾亂世界的程度就像他們的噪音掩蓋了他們無能為力帶來的沉默一樣

Dérange le monde autant que leur bruit masque leur incompétence à faire jaillir le silence, conseillait le sage à L’Empereur. Celui-ci n’osa pas demander en quoi consistait, au juste, le fait de déranger le monde. Pourtant le sage venait chaque matin et répétait la même sentence. Comme L’Empereur Huáng Dì était aussi un sage, il comprenait que ceci s’adressait d’abord à lui-même. C’est en cette disposition qu’il se retira dans le vaste jardin du palais. Aucun conseiller, ni ministre n’avaient le droit d’y accéder. Fēng le rejoignait par moment et tous deux marchaient sans parler. Quand L’Empereur ralentissait sa marche, au point que son ami pensait que celui-ci voulait se poser et s’entretenir avec lui, mais il n’en était rien, il se passait comme un long moment de silence frémissant. Fēng respectait son Empereur et attendait patiemment que celui-ci se confiât à lui. L’âme de Huáng Dì était si légère que sa respiration ressemblait au chant d’un ruisseau. Le jardin était à son image et les oiseaux chantaient dans les branchages avec l’enthousiasme des innocents. C’est alors que L’Empereur comprit. Il revint au Palais et dicta une nouvelle loi que l’on promulgua dans tout le royaume : Tous les sujets avaient pour obligation de créer un jardin personnel. Où qu’ils fussent, tous se devaient de le créer, même s’il s’agissait d’un minuscule jardin. Tous les moyens seraient mis à la disposition des gens. Ainsi, l’Empereur se donnait le devoir de les visiter à tout moment. Aucun des habitants de ce royaume ne pouvait y déroger. Cela provoqua effectivement une effervescence peu commune. Chacun réagit à sa manière ; chacun fut confronté à lui-même. Personne ne put finalement échapper à son silence.

Dérange le monde autant que leur bruit masque leur incompétence à faire jaillir le silence

L’Empereur Huáng Dì

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Justice 正義 Zhèngyì

Comme il est coutume à la cour, l’empereur Huáng Dì recevait, chaque jour qui suivait la pleine lune, les doléances de tous les gens venus des quatre coins de l’empire. Depuis son plus jeune âge, l’empereur avait assisté à ces audiences avec la plus grande attention, conformément aux enseignements de ses maîtres. Chaque requête pouvait faire l’objet d’une enquête méticuleuse si le besoin s’en faisait ressentir. Il n’entendait léser personne de son droit. Parfois, il s’agissait de paysans venus à pieds de fort loin. Ils étaient souvent en litige avec des voisins peu scrupuleux et qui abusaient de la proximité de leur terre allouée pour commettre quelque larcins, ou bien, d’autres paysans avaient maille à partir avec le seigneur du district. D’autres fois, à son grand regret, l’empereur écoutait de bien sombres histoires, où il était question de femmes battues, d’autres coupables d’infidélité, ou bien de crimes terribles. Il lui fallait trancher avec droiture quand il était question d’enfants et cela le plongeait dans une grande perplexité. Pourtant, il ne dérogeait jamais au droit de chacun. Il entendait vraiment faire régner la justice. Fēng l’aidait beaucoup dans sa tâche. Quand l’empereur devinait la ladrerie et le mensonge, il proposait le rachat. Mille fois, il préférait que le coupable soit exempt d’une sentence punitive. Mais si ce dernier ne voulait rien entendre et prétendait même, contre toute logique, être une victime, alors l’empereur Huáng Dì faisait intervenir la cour suprême afin qu’elle délibère, preuves incontestables à l’appui. Le temps ne comptait pas pour lui.

L’empereur 黄帝 (Huáng Dì)

Médecine où la Voie du Milieu (dào)

L’homme qui sait se taire, obtient le début de la rémission. Quelle est-elle ? Pourquoi un tel mot ? Il suffisait de se défaire des cycles infernaux. Certains avaient jugé qu’ils ne pouvaient pas passer la ligne. Ils admettaient la réalité, et c’est là que résidait l’espoir, mais ils se refusaient volontairement au dépassement. Ils usaient sans cesse d’extravagance, faisaient montre d’injustice, mais confondaient folie, lucidité et raison. L’empereur Huáng Dì avait compris qu’il existait ce que l’on appelle le mouvement, la fixité, et le centre. Lors qu’il observait son corps au centre du monde, il était en la parfaite fixité et toutes les choses pouvaient tournoyer sans qu’il ne ressente le besoin de les retenir. Le fait qu’il existe cette réalité, faisait éclore en soi, les possibilités d’échapper à toutes les errances du mouvement. Aussi brillantes que pouvaient paraître les idées, elles n’étaient en rien de nature à guider, puisqu’elles procèdent de ce qui est proprement aléatoire, c’est-à-dire temporel. Le commun, qui ne comprenait pas ces sortes d’influences, pouvait néanmoins accéder à la sagesse, ce dont il s’était porté garant. Ainsi serait l’empereur Huáng Dì : L’initiateur et le guide des âmes. Fēng, qui n’avait jamais déserté son office, ne l’avait non plus trompé. En entrant dans les arcanes des mouvements, des fixités, des recentrements, en visitant, un à un les éléments inhérents à la nature essentielle de l’être, Huáng Dì accédait aux lois ancestrales des âges primordiaux. Mais, Fēng lui avait confié cette parole de sagesse : la simplicité est comme une nervure qui se pare de feuilles.

L’empereur 黄帝 (Huáng Dì)

Médecine où la Voie du Milieu (dào)

La médecine est l’ensemble des connaissances qui permet d’activer en chacun des points du corps les énergies libératrices et régulatrices. La complexité et la multitude des voies, canaux de rencontres, de circulations, d’échanges, de compénétrations, sont effectivement les lieux de nos possibles aptitudes à entrer dans l’écoute des signes vitaux de notre être. Cette médecine ne dissocie jamais les réalités essentielles de l’homme d’avec son corps matériel. L’empereur avait dépassé les fluctuations du temps. Toutes ses humeurs se transformaient avec une régularité étonnante depuis un nombre incroyable d’années. Il suffisait d’avoir maintenu cette discipline qui consistait à observer le silence durant de longues heures de concentration. Au fur et à mesure, celle-ci se suffisait à quelques minutes. La quantité se résorbait dans l’intensité de la relation avec L’Être. Si un trouble quelconque était à se manifester, il n’en éprouvait ni la confusion émotive, ni la disparité. Le remède est dans la maladie et le médecin est le corps de conscience. La Triade donne la base solide et édifiante à tout édifice. Tel fut son périple : parvenir à la médecine. Sa complicité avec Fēng l’avait guidé durant des décennies.

L’empereur 黄帝 (Huáng Dì)

L’empereur avait la réputation de tenir trois séances par jour dans l’enceinte sacrée du Palais. A l’aube, au zénith, et le soir. Il avait établi cette coutume qui ancra les esprits les plus obscurcis dans le but de donner à la dynastie sa vérité intemporelle. Il était originaire des régions reculées de l’Asie, et avait été compénétré par les diverses sciences concernant les mouvements alternatifs des cycles de vie. Il connaissait la légende de Shîth qui reviendrait à la fin des temps du cycle actuel afin d’ouvrir les dernières portes des cinq royaumes. Il considéra que les esprits devaient se préparer à voir de nouveau la sagesse des mémoriaux et vertueux seigneurs percer malgré l’opacité des murs de Qī gè tǔdì (les sept terres). Le peuple n’est ni mauvais, ni bon en soi. Il est l’enfant rescapé des périodes antédiluviennes. Le monde s’était scindé en deux depuis plus de soixante dix mille ans. Chaque révolution solaire en atteste. Huáng Dì dictait à ses ministres les paroles de Fēng. L’on oubliait les origines de son pouvoir. Cependant, chaque nuit, celui-ci venait s’asseoir auprès de son Maître et selon les dispositions de l’empereur, la sagesse diffusait son oracle.

Il viendra le temps de la dispersion
Il viendra le temps de l’exposition
Comme il viendra le temps de la moisson
Quand les portes du monde intermédiaires s’ouvriront
Il soufflera un vent qui aura pour nom Àiqíng
Sa chaleur emportera les atomes du coeur
Fondu en Liú et les bons ainsi que les justes iront dans les pays des sept terres.