L’Axe primordiale (2)

A la faveur d’une suée, transpira le cœur, et il vint, la perle exsudée, pressurée par sa volonté, une pression minutieuse, appuyée en une région localisée, lors que sa venue n’était pas d’ici, ni d’ici, ni d’ailleurs, possiblement indécelable, rendue juste manifestée par le léger toucher.

A force de pétrissage, je vis Celui qui pétrit. L’observation accrochée au ralenti, faisait apparaître cette double vision et je vis comment étaient projetées sur mon cœur, les connaissances, qui par leur force, provoquaient un incommensurable effet de Joie. Il ouvrit, une à une, les perceptions du cœur, le serrant très fort, parfois même le compressant durant de longs moments et les larmes surgissaient dans le tourbillon des effluves de sa remembrance. Il irriguait ainsi, en abondance, les veines spirituelles, dont les flux parvenaient, une fois de plus, au centre et faisaient ainsi jaillir la Vision Verbale. Elle était claire et donnait accès aux archives mémorielles de la réalité humaine. Il attacha fermement mon être à l’anse la plus étonnante et tout en me permettant de la distinguer, je fus fascinée par sa lumière dansante qui formait des arcs de cercles et par spirales, s’élevaient au sein même de l’intériorité d’une conscience métaphysique. Pour les voir, je dus patienter, pour les comprendre, je dus attendre. Chaque fois que nous repassions par les arcs, il me semblait que la conscience augmentait. Il me donna aux trois étages de lecture, (psychique, spirituelle et métaphysique)* me permettant d’aller d’une étape à une autre sans perdre la constante montée. D’où venait cette régularité ? L’Amour en Son Essence, est à la fois le Chemin et à la fois le point culminant sans fin. D’être étroitement serrés dans les bras de l’Adam-Eve, submergés par l’émanation de leur nature essentiellement liée aux Verbes éclos de leur Origine, chacun pouvait s’assurer de la Réalisation de l’Autre, unis par la force de leur corps de matière, d’esprit et d’âme. Le Tout-Corps devenait l’Âme remontante, par l’Arbre de leur aspiration commune, Âmes fécondées de nouveau, par leur désir ascensionnel. A chaque étape circulaire, la terre s’éthérisait, leur esprit s’éclaircissait, les connaissances se révélaient, et par le commencement, la fin devenait Eternité.

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Notes :

*La lecture de la représentation du rêve se situe sur plusieurs plans, s’ouvrant parfois sur des sous-parties, lors que nous pouvons résumer ainsi ces lectures : la lecture émotionnelle, sentimentale, procède du monde psychique, voire pathologique, avec des nuances, ascendantes ou descendantes (chute), qui à leur tour peuvent contenir les plus basses fréquences de la manifestation de la création, que l’on appelle démoniques. Rien ne saurait être complétement étanche et définitif, excepté dans certains cas, tout du moins dans cette matrice. La seconde lecture est attachée au monde de l’esprit, des petits mystères, relatifs à la connaissance de soi, du monde manifesté. La troisième lecture possible, synthétisant toutes les autres, procède de la métaphysique, au-delà des modalités contingentes, contextuelles, et même physiologiques. Le but de la vie est d’évoluer en conscience jusqu’à l’accomplissement de la réalité humaine et même au-delà… Sinon, l’Arbre cosmique ne tend plus vers le haut et d’Arbre élévateur, nous assistons, hélas, plutôt à l’arbre de la déchéance, à l’arbre de l’involution, de l’aspiration par le bas.

L’Axe primordial (1)

En ces temps qui nous jettent tout contre notre propre brise, les feuilles éparses en rondes successives, établis au bord d’un précipice, dans la plus grande des solitudes éprises, j’en convaincs mes alignements et le silence, mon silence d’Amour, effleura le basculement. J’en vins à ne plus vivre, mais à chercher dans la mort, notre propre amorce. Mourir est un mot vivace, l’accomplissement total, les seules possibles retrouvailles. S’étendre et ouvrir les yeux à ce qui ne peut se concevoir.

Soudain, je vis, qu’il me fixait de son regard scrutateur. Nous nous étions retrouvés sous le platane. Il était vêtu d’un long manteau, mais je ne savais s’il était réel. L’est-il vraiment ? Qu’on me dise donc alors ce qui est réel ! Il m’invita à me joindre à lui. Je lui fis face, alors que mon cœur battait la chamade. Il fit de moi l’instant. L’instant palpable, yogique. Il me captura dans sa propre acuité. Combien de temps cela dura-t-il ? Je ne suis pas à même de fournir une réponse sûre. Peut-être que des milliers d’années se passèrent avant que je ne pusse revenir à une dimension séculière ? J’oubliais tout ce qu’il était advenu, tout ce qui avait fait de mon être, un corps, un événement, un balbutiement, et même un décor. Tout cela avait disparu dans ce que je ne puis nommer. J’avais effectué, en sa compagnie, un nombre incalculable de fois, le voyage. Cela pouvait être une fulgurance, à peine perceptible, tel un frou-frou d’ailes, et puis, cela pouvait se fixer sur un énoncé, un vocable, une ligne droite, une chaîne de sens, un lever de l’aube, un surgissement limpide telle une source descendante. Mon cœur recevait, de façon à peine compréhensible, un torrent de lumière, un flot d’Amour si puissant que je me mettais à pleurer et à respirer par fortes secousses. J’étais souvent au bord de l’implosion. Il me tint dans ses bras et me serra très fort tout contre lui. Il était mon Arbre de l’Adam-Eve, mon axe primordial, ma remontée cosmique. Il me fallait m’y accrocher et com-prendre. Tant qu’Il ne s’éveille pas, l’homme ne peut devenir Ventre de la Naissance, ni véritablement Homme, me déclara-t-il. Et comment s’éveille-Il ? Comment L’atteindre ? Comment L’aimer du pur Amour ? Qu’est-ce donc que de L’aimer ?

L’Arrêt

Où il est question d’une voix, corde sensible d’une cavité, élévation d’un Yang et Yin, lumière, flamme enflammée des tensions du Tout-Possible. Où il est question de la cessation de toute activité au sein de l’Invariable Milieu. Oh ! ta voix telle une flèche en plein cœur !

Là où j’étais, brise devant, braise en effervescence, flamme juteuse, donnant au cœur, le suc d’une bouche, l’haleine de Ton aura, le souffle du Tout Commencement ; là où j’étais, était le brise-temps, la suspension volcanique, le maître de séance, rougeoiement de vie ; là où j’étais, la concentration, dépouillement de l’instant, la seule présence, le Silence, l’acuité, le jus, Ô Jus ! Là où j’étais, je suis ; à la mort, comme éveillée, appelant, appelée, tourbillon de cri, jeté sur les flancs d’une montagne et le ciel qui lance Ses Bras. Ô Ciel, l’étreinte d’une puissance, centrée, centrée, toujours plus centrée et non la mort, mais l’Amour, pur Jus ; le Nectar de Délivrance. Ici ! Mon Amour. A la Présence, l’Arrêt ! Marcher sans marcher. Elévation bouillonnante mais sereine. L’Arrêt ! Sublimité du Secret ! Le temps s’est plié à l’atemporalité. Le seul moment vrai, celui de l’Arrêt, l’apnée et, qui danse ?

Verticale

Où il est question de certains mondes de l’esprit, de la légèreté des corps, des réalités d’une ascension, des termes voilés de connaissances alchimiques et les mots deviennent incantation, source de vie, fusion et contemplation. Où il est question de l’abandon de tout ce qui est connu et inconnu. Saveur sublime d’un cœur qui se nourrit aux sèves ancestrales de ce qui semble être perdu. Mais, l’est-ce vraiment ?

En ce monde, il était un corps et il n’en était pas. Cela tenait du prodige. En ce monde, il était une parole, et aussi un silence. Mais, tous deux formaient une véritable cohésion. Silence marchait avec parole et se tuteurisaient mutuellement, ayant connu le point de rencontre. Ils se comprenaient. En ce monde, il n’y avait ni terre, ni ciel, ni mer, ni air, ni feu, ni éther. Pourtant, chacun se révélait en une étrange et fascinante ronde. Tantôt, un être étonnamment petit, aussi petit qu’un pouce, conjuguait dextérité et délicatesse et s’embrasait d’un sentier qui devenait étroit et aussi large qu’un mirifique océan, et tantôt, au sein d’un cercle premier, se mêlaient, s’unifiaient les éléments et ils ouvraient les perceptions de l’au-delà. Les lettres, les mots, les phrases s’intensifiaient et devenaient le son absolu des réalités contemplatives. Oh ! s’exclamait un univers éclos ! Oh ! fallait-il être encore sérieux ? La légèreté s’installe devant ces perceptions. Le cœur est devenu le Miroir et là, apparaissent d’autres univers. En ces absences renouvelées, l’esprit côtoie ce qui vient après. Telle la Verticale qui se tisse d’un ciel, aux sept terres, le chemin rejoint l’Amour. L’Amour ? Les cellules célestes d’un corps qui s’unissent et dansent, là-haut, par l’échelle de la conscience. l’Ether ! l’Ether ! C’est là, que de nouveau, le corps renaît et parle, après le long silence du mûrissement embryonnaire. La Verticale ! Oh ! la Verticale ! Pureté des unités du Ciel retrouvé. Ici, tremble le jour, tandis que la nuit est une douce lune, qui patiemment jette l’ancre du Silence dans un cœur éperdu.

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Peinture de JACEK SZYNKARCZUK ~ GATE OF TIMELESSNESS

Délicatesse et fermeté

La nuit, l’esprit est aux aguets,
Le jour, le regard s’étend.
Beaucoup d’actes s’accomplissent en secret.

En cette contrée de l’âme, l’esprit s’aiguise et s’affirme, sans pour autant outrepasser les règles de la bienséance. En cet endroit invisible, pour la plupart des gens, l’on prend le temps de boire du thé, d’échanger quelques mots. Sans être discourtoise, la fermeté entretient les gestes nobles de l’Amitié. L’on frappe à la porte et l’ami est accueilli avec une joie contenue et pourtant bien intense. Sans le cœur, les mots n’ont aucun sens. Sans l’Amour invariable, immutable, le monde n’existe pas. Tout le reste est un casse-tête. Les uns semblent être des barbares, des caïns aux multiples visages, peut-être même aux degrés variables de bassesses, les autres, des hommes cherchant à s’approcher des vertus de l’âme. En cette contrée, l’on avance doucement mais fermement. Lorsque le vent léger soulève les eaux et fait bouger les arbres, depuis l’abîme le plus profond, s’élèvent aussi certains des plus remarquables poissons.

Les petits matins

Biorythme d’un instant

L’oiseau se pose.
La plus petite et basse branche,
Peut-être même s’agit-il d’un nid ?

Je marchais sur un sentier de feuilles et l’eau faisait des bonds comme pour nous narguer. Nous aperçûmes un modeste nid ; l’oiseau frêle trembla un moment et son duvet nous fit le plus grand bien. Celle qui vint vers nous tint une longue conversation. Je l’écoutais nous faire le récit des petits matins et des gestes bien utiles.

Féerie

Photographie de l’auteure

Disparaître dans le tourbillon d’une tasse, et plonger jusqu’au fond de la porcelaine, les yeux s’écrèment et le frou-frou qui mousse aux coins de la bouche. Voici un monde transporté d’image en image, dans la splendeur spontanée du rire joyeux. Nous voguons, Ô matelot, sur une minuscule branche et nous accostons sur la rive du monde caché. Petites feuilles et mousse bien verte, troncs ceints d’auréoles et lutins qui dansent. Ils se montrent aux regards amusés de ceux qui passent lentement et les heures sont de petites merveilles poussées sur le bas-côté du chemin. Si nous sommes attentifs, nous voyons les choses les plus minuscules bouger, sautiller, gambader. Une feuille vous parle, un arbre, une pierre, un coin du ciel. Ils sont tous reliés à d’anciens mondes et la féerie commence avec eux et non l’inverse. Vous faites partie de cet univers et l’univers fait partie de vous. Quand les feuilles du chêne se dessinent sous votre regard, n’est-ce pas une étrange dentelle ? Ne sont-ce pas les choses qui s’éveillent à vos sens et vous taquinent ? Les fables, les légendes, les récits naissent avec votre joie. Vous vous couchez sur le sol et respirez et respirez encore et vous vous étourdissez de toutes ces odeurs. Vous relevez un coude et balayez du regard le paysage lilliputien. N’avez-vous pas surpris ce grand rocher qui vous regardait avec beaucoup de curiosité ?

Le lac s’élève vers le Ciel

Biorythme d’un instant

Personne ne peut enfermer personne, ni réduire l’autre à lui-même. Que certains se rassemblent sous telle ou telle égide est un fait. Que tel ou tel demeure en sa singularité est un fait de plus. Qu’il existe tel ou tel tyran manifestant une propension à s’étaler et à s’imposer à l’autre est de même un fait. Mais que l’on sache : nul ne peut changer un être. Il est lui-même. Quand bien même serait-il emprisonné, il est dans la solitude de sa prison à vivre un exil merveilleux et libérateur. Qu’en est-il des chaînes ? Seuls les délivrés sont libres. Les chaînes ne sont qu’une vue de l’esprit. Ainsi, certains êtres échappent à la massification et aux forces obscures. Ils ont franchi le pont ultime… Où il est question d’être ferme sans briser la relation. Lorsque les cordes raidissent, il peut apparaître quelques résistances, tandis qu’elles se maintiennent toujours en un juste milieu, la corde contribue à maintenir un lien puissant entre le sage, le ciel et le peuple. Voici qu’un lac s’élève et que la percée est joyeuse.

L’Esprit saint de la nuit ou du pur Intellect

La symbolique du mariage du Ciel et de la Terre, de la Matière avec l’Esprit.

Le peuple danse et tape des mains. Il reconnaît. Ne courez ni ici ni là-bas ! L’Esprit touche le sol avec cet unique rappel : Marions-nous ! Marions-nous ! La Terre obscure s’éventre et accueille la Semence. Je suis né une seconde de l’unique présence, goutte de lumière et la terre chante : Marions-nous ! Marions-nous ! Ô Toi ! Noble Dame dont la terre s’illumine de présence ! Marions-nous ! Marions-nous ! Voici les belles noces, et les voilà qui suivent l’étoile ! Ô Toi, noble Dame, me voici jusqu’à toi, un bois mort qui s’éveille, le doux ruisseau qui clapote, la voix qui parle. L’âme patiente dans les douleurs de l’enfantement ! Ton corps s’unit à la Lumière et voici que s’annonce l’aube et le peuple danse et tape des mains. Son cœur, par l’Un, exalte sa Joie ! Par Père et Mère, les principes se fécondent. De l’abondante Nuit est né le mariage ! Par un berceau de lumière, le discours s’énonce. Qu’est-ce donc que la nuit ? Mais qu’est-ce donc que la nuit ? Te le dirais-je ? Libéré des Ténèbres, le peuple danse et tape des mains. Sous l’amoncellement des monticules de l’ignorance, l’Esprit touche le sol aride d’une caverne et tout s’éclaire. N’oublie pas le chant : Marions-nous ! Marions-nous !

La montagne s’éclaire d’elle-même

Biorythme d’un instant

La grâce n’est pas une fin en soi, mais voile et dévoile la réalité cachée.

Il n’est aucun mépris manifeste dans la simplicité d’être singulier et le peuple ne connaît plus les avantages d’être par lui-même ou d’être guidé par un homme fort et sage. Tel est l’enseignement des anciens. S’irriguer d’eux, c’est enfin ne plus se perdre dans les froides arrogances, les platitudes conceptuelles, les machineries de l’intellectualisation artificielle. Quelque chose a soufflé sur cette terre, et quelque chose souffle de nouveau. Par un ou par deux, l’essentiel est de ne jamais oublier l’intention. Il serait bon d’agir avec courage et traverser les eaux quand la montagne s’éclaire.