Pauvreté et Eternité

La pauvreté n’est pas une misère. Le dénuement n’est pas une fragilité. Tandis que celle-ci n’est non plus une faiblesse. Il est une force que l’on a oubliée. Délivrance ! Il est une promenade devenue lieu du Voyage. Le cœur s’est ouvert et il ne cicatrise plus. Mais que la bénédiction soit en cette blessure dont la veine jugulaire, qui entaille toutes nos résistances, révèle la source primordiale ! Par elle entre la Lumière !

Le silence s’écrit. Il est le seul à tisser sa transparence, à libérer son effluve, à sculpter la roche. Il est le seul à être, tantôt le heurtoir et tantôt la parole. Mais que dis-je ! N’est-il pas plutôt Vision ? Que vois-tu alors ? Qu’entends-tu qui fait écho en toi ? J’ai perdu tous les mots. Ils sont devenus des phrases et des suspensions. Ils ne sont plus et ils sont au-delà. L’Eternité est Présence. Parfois, l’on nomme cela Conscience. Mais, finalement, qu’est-ce que la Conscience si ce n’est l’Eternité ?

Voici que souffle l’immense bouche ! Elle souffle sur la matière. Elle la remplit avec joie. Le chant est pur et absolu. Être défait de tout ce qui se solidifie, jour après jour, être défait de l’illusion d’une toile gigantesque. Ne rien construire ! Oh ! ne rien construire. Laisser faire le Géomètre ! Quel ouvrier subtil ! Ouvre-donc les yeux en cet arrêt ! Ouvre donc ces yeux depuis l’intérieur ! Cesse toute activité et reçois ! Reçois !

Si j’ai commencé, je ne fais que commencer. J’ai à peine débuté ! Je suis seulement effleurée ! L’indicible touche évanescente de l’Eternité.