Correspondances XXIII

Cher,

Le sujet de la mort est bien souvent tabou dans nos sociétés. Pourtant, je considère que celui de la vie le devrait être au même titre. Si nous renversons les choses, nous comprenons que la vie est sacrée tout autant que la mort. Le fait même qu’aucun de nous n’échappe à cette vérité, nous convie légitimement à nous interroger là-dessus. A l’heure où je vous écris, je suis à même de vous confirmer que la mort ne me fait pas peur. Si nous la considérions comme une compagne, alors nous serions à nous familiariser tout simplement à sa réalité. J’écris bien réalité. J’entends par là, que de nous savoir mortels, devient étonnement, une source de guidée et d’orientation. La mort est la plus puissante des perspectives que contient la vie. La mort est une semence et celui qui a percé son secret rencontre en lui l’éternité. La mort est l’enfant qui se laisse vivre. Rappelez-vous, vous me disiez : vous mourrez une autre fois, et je vous souriais. Dans ce sourire, je vous exprimais tout ce que des mots ne peuvent réellement traduire. Il faut sans doute une vie entière pour parler de la mort. C’est un fait avéré : la mort est une compagne fidèle. Lorsqu’elle vous confie son mystère, vous restez hébété et vous naissez au nouveau monde qu’elle vous offre, alors que vous ne savez plus rien. Je sus que la mort était l’âme. Celle-ci est contenue bel et bien dans la mort. Celle-ci vous la révèle et vous parle. Dans ce sourire, j’étais à vous dire que j’étais déjà morte. Je vous disais aussi que cette troublante réalité est, de fait, une promesse, et non pas une condamnation comme nous sommes à l’envisager le plus souvent, puisqu’elle éclaire chacun de nos moments qui nous font acte de présence. Alors, nous sourions et nous vivons, car nous sommes reliés à notre semence.

Bien à vous,

B.

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