Cher ami,
Il m’a semblé que notre singularité venait, en premier lieu, d’une disposition naturelle à ne pas entrer dans la durée. L’état abrupt de la conscience évasée, intensifiée, dilatée, exponentielle, sans commencement ni fin, grâce lumineuse d’une réalité de présence s’offre sans fioriture. Depuis longtemps, nous ne cherchons ni le merveilleux, ni même la poésie structurelle et composée, mais l’interstice par laquelle il est une visitation. Le souffle puissant de la création participe de cette singularité propre à la vie. L’inertie de certaines âmes projettent, hélas, une ombre, quasi maléfique. Mais entrer en résonnance, en dépit du vide régnant et de l’artifice, relève quasi d’un miracle. Quelques gouttes de lumière circulant dans le flux des veines de l’homme, et le voici qui se transforme en une réalité prodigieuse s’éveillant à son propre acte d’être. Une bibliothèque ancestrale, occultée par des milliers d’années d’errance, devient la rencontre possible.
Vous me demandez ce que signifie la durée ? Effectivement, ce qui passe n’est pas réel. La nature de ce qui passe est de nature à passer. Alors, que reste-t-il ? Le mouvement de l’eau ne modifie pas la réalité de l’eau. Notre corps qui se métamorphose ne modifie non plus ce qui ne saurait, par essence, être inaltérable. Tout ce qui s’inscrit dans la durée, relève du mouvement. Tout ce qui est relié à l’essence relève de l’Eternité. Ainsi, lors que l’enveloppe est déchirée, il surgit un autre être, l’être de l’éternité. Tout ce que nous vivons dans le monde phénoménal, qui n’est que superpositions d’instants, appartient à la durée. Tout ce qui est relié à l’Essence immutable, insondable, Eternelle, est rayon de la Source qui nous lie à cela qui ne périt pas. Il suffit de cesser de s’abreuver au périssable pour comprendre l’Essence même du périssable. Et c’est là que nous entrons dans l’esprit des choses. Et c’est là que nous revenons à notre dimension plénière.
J’avais remarqué l’inertie des âmes, leur incapacité à entrer dans leur propre origine, originalité, devrais-je écrire. Cela participe de la solidification de ce monde, de sa ruine efficiente, mais aussi, et cela presque à son insu, de son renouvellement. Il fallait juste s’extraire de cette solidification symbolisée dans la Tradition, par la statue de sel de la femme de Loth. Briser les cœurs inertes ! Eviter de ne pas s’enliser dans la massification. Se laisser pousser par le rayon lumineux de la Source. Cela ne peut se faire que dans la brisure. Brisure de l’inertie. Alors, l’on peut voir s’ouvrir le sentier de l’éveil, celui de notre conscience au Réel… à l’image de l’enfant qui surgit de sa longue gestation…
Votre B.
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