
Il s’agissait d’un géant aux mains rustres, des mains qui ne lui servaient strictement à rien et il les laissait pendre partout, tandis qu’il marchait, le dos bien rond, le torse rentré. Ses deux mains, il parvenait à les soulever et se mettait à les tourner dans tous les sens. Etaient-elles semblables à ces marionnettes que l’on jette sur un drap blanc en ombres chinoises ? Son cerveau ne lui faisait guère parvenir les messages clairement et il tournait ses deux immenses mains avec beaucoup d’étonnement. Ce géant des montagnes se nourrissait d’herbes sauvages, lors qu’il s’allongeait de tout son corps et broutait comme les moutons. Il se lavait en plongeant dans le lac argenté. Mais, toujours, il était fasciné par ses deux larges paumes, par ses doigts potelés. Il les faisaient danser avec une grâce insoupçonnée. Ce géant solitaire marchait lentement et s’amusait à regarder les oiseaux voler. Certains s’aventuraient jusqu’à lui et il leur souriait avec une joie profonde. Un jour, cette incroyable créature trouva une enveloppe sur le sol. Etonnamment, elle avait volé jusqu’à lui. N’avait-elle pas traversé mille océans, portée par le vent, son ami ? N’avait-elle pas affronté les vallées, les forêts inextricables, les ouragans, les dragons de la contrée des vieux pirates, franchi les sept continents ? La lettre avait pour mission de le trouver, de trouver ce géant. Elle avait même failli être engloutie par un boa et lui avait échappé de justesse. Mais la lettre, qui avait bravé toutes les épreuves, se répétait avec une grande obstination : Je dois le trouver ! Je dois le trouver ! C’est alors que la délicate enveloppe, qui contenait la fameuse lettre, arriva jusqu’aux pieds de notre géant. Il se baissa et spontanément, fit usage de ses deux mains. Il saisit avec beaucoup de prudence, avec une réelle élégance, cette précieuse missive. Elle se transforma aussitôt en la plus belle des créatures jamais vue. Elle se tint sur la paume du géant avec une grâce peu commune et lui fit une révérence. Les yeux du géant s’écarquillèrent et il entendit, au fin fond de sa caverne intérieure, les battements de son cœur. Il comprit enfin pourquoi il avait deux larges mains. Il comprit, que tout ce temps, elles l’attendaient, elle, cette si fragile lettre.
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un gentil geant celui là !
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Sans doute n’avait-il pas le choix !
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Voir
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Belle révélation ! Merci Béatrice
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Merci Hedwige…
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très beau, un conte dignes de contes des hommes
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L’homme, ce géant qui s’ignore…ou trop petit…
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je crois que parmi les géants, il n’y a pas que des orgres, certains ont un coeur gros comme ça …………….
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Oui !
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Belle lecture! Bonne semaine!
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🌹🌸🏵
Belle semaine !!!
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Micromégas est un géant de trente-deux kilomètres de haut. Il a quelques millions d’années, il parle mille langues. Il habite la planète Sirius. Il a rédigé des travaux scientifiques contestés par des fanatiques de sa planète et doit s’exiler. Il espère découvrir un monde meilleur quelque part dans l’univers.
Il arrive sur Saturne et se moque de la petite taille de ses habitants, qui font deux kilomètres de haut. Mais il se rend compte qu’on peut avoir un cerveau très performant, même petit. Il devient ami avec un des habitants, secrétaire de l’académie des sciences. Ensemble, ils vont sur Jupiter, puis sur Mars.
Ils discutent de tous les sujets. Ils vont bientôt sur Terre et ne voient pas qu’il y a des humains tellement ils sont petits. Grâce à un diamant qu’ils utilisent comme une loupe, ils découvrent l’humanité. Ils découvrent un bateau sur lequel il y a un équipage qui revient d’une exploration du cercle polaire. Ils tentent de parler avec les savants à bord. Les humains semblent connaître les sciences et la métaphysique, mais leurs idées philosophiques sont ridicules. Ils assurent que leur pouvoir vient d’un dieu qui a créé l’univers pour les hommes. Une tempête arrive. Grâce à Micromégas, le bateau et ses voyageurs sont sauvés. Le géant déplore l’orgueil des humains. Les deux extraterrestres sont déçus et même effrayés par leur bêtise.
(Jean-Marie Arouet dit Voltaire, Micromégas)
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François Marie Arouet, et pas« Jean » 🙂
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Lire François-Marie Arouet.
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Toutes mes excuses, je n’avais pas vu ce rectificatif !
Je lis trop vite.
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Pas de problème.
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