
Nous l’attendons de tous nos vœux, ces vœux que l’on cachent même à soi-même, ceux que l’on n’ose exprimer ; nous l’attendons, après avoir vécu d’apothéotiques conversions poétiques. Nous nous installons à la cime de nos aspirations, tout comme nous ouvrons le livre avec une fièvre sauvage. Nous avions balayé de nos petits doigts le bouton de lune, les morceaux de nuages, les feuilles matinales, regardé l’automne joncher le sol de ses brumes, explorer la saison exaltante jusqu’au bout des arbres. Nous rêvions.
Puis, le moment arrive.
Il fait un tour entier sur lui-même et me regarde avec une singulière insistance. Je ne le quitte pas un seul moment des yeux. Il est insolite, son visage mangé par le regard d’un brun vert. Il a des gestes lents et brusques tout à la fois. Il penche la tête et il me semble que toute sa personne m’est familière. Nous sommes-nous parlés ? Je ne me souviens pas vraiment. Je vais vers MM et lui demande si elle le connaît. Question stupide, puisque T est évidemment dans sa classe. Il me semble qu’il me faut lui parler ; il me semble que l’inévitable relation doive enfin s’établir. Je n’avais jamais agi ainsi auparavant. Mais T n’est pas comme tout le monde. Il me semble impossible de ne pas me lier à lui. Alors, je griffonne quelques mots sur un morceau de vieux papier que je conserve toujours sur moi et lui demande à brûle-pourpoint si nous pouvons devenir des amis. Lorsque T reçoit le mot, il le lit assez discrètement, puis lève la tête avec un sourire mystérieux. Il traverse le couloir qui nous sépare en quelques enjambées et me tend la main sans rien dire. C’est ainsi que débute notre invraisemblable histoire.
Coeur proche du mien,
Ta voix me fait découvrir
Des mondes nouveaux.
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Nouveaux par ces mots,
Le cœur est toujours proche,
Comme un écho.
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