L’Axe primordiale (2)

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Notes :

*La lecture de la représentation du rêve se situe sur plusieurs plans, s’ouvrant parfois sur des sous-parties, lors que nous pouvons résumer ainsi ces lectures : la lecture émotionnelle, sentimentale, procède du monde psychique, voire pathologique, avec des nuances, ascendantes ou descendantes (chute), qui à leur tour peuvent contenir les plus basses fréquences de la manifestation de la création, que l’on appelle démoniques. Rien ne saurait être complétement étanche et définitif, excepté dans certains cas, tout du moins dans cette matrice. La seconde lecture est attachée au monde de l’esprit, des petits mystères, relatifs à la connaissance de soi, du monde manifesté. La troisième lecture possible, synthétisant toutes les autres, procède de la métaphysique, au-delà des modalités contingentes, contextuelles, et même physiologiques. Le but de la vie est d’évoluer en conscience jusqu’à l’accomplissement de la réalité humaine et même au-delà… Sinon, l’Arbre cosmique ne tend plus vers le haut et d’Arbre élévateur, nous assistons, hélas, plutôt à l’arbre de la déchéance, à l’arbre de l’involution, de l’aspiration par le bas.

L’Axe primordial (1)

L’Arrêt

L’autre monde

Tu vins depuis un autre monde, et tout de toi me le disait. Nous chantions des volutes de regards et je penchais la tête, si près de ton épaule, tandis que s’évanouissaient les rivages. Tu vins depuis la densité des prairies, et j’écoutais ta voix, hissée jusqu’aux arbres, car d’eux nous fûmes traversés par les brises venues des pays lointains. Les branches devenaient des mâts et des cordes, les voiles d’un navire voguant sur un océan aimanté. J’aimais te déclamer les verbes de l’azurée et tu lisais, oui tu lisais dans le silence qui frémissait de ta voix grave, et nous dansions, ivres, oui nous dansions, entrelacés par le chêne et le platane. Bénis soient ces jours ! Tu vins, Ô étranger, tu vins et le monde s’effaçait tandis que l’univers nous accueillait avec les bras de Cassiopée. Nous remontâmes les déluges, et nous visitâmes les corps célestes. Nous dépassâmes la Terre, le Soleil et la Lune. Nous vîmes les planètes s’aligner en une ronde et nous les saluâmes, tandis que dans la Paume Divine, le monde se tenait en un minuscule point. Le jardin était un autre jardin. Ta lumière inondait l’aurore de mon âme et je découvris une autre Terre, un Eden subtil, une efflorescence d’un vert rayonnant. Les cascades ressemblaient aux cascades, mais, ce n’était pas les cascades. L’eau ruisselait telle une multitude de soleils fondus dans une effusion crépitante de joie.

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Vallée

Ayant posé deux pieds,
La vallée se souleva,
Friches aux abois.

Les lettres commencèrent à danser, à élever des arcs et des ourlets. Le mystère est entier, mais mon cœur peut le chanter. La geste sacrée des montagnes suspendues, nos entrelacs, le chemin tracé.

Ecriture

Je cherchais l’écriture,
Plongeai dans l’abîme :
Les mots se mirent à parler.

C’est elle qui me trouva et me façonna. Elle cogna fort tout contre ma poitrine, et la coque s’ouvrit dans le plus grand des fracas. Je gravis une montagne, puis une autre. Je courais à travers la blancheur aveuglante, et j’allais dans l’encre noire de la nuit. Qui me guida ? Les mots furent des flèches et me transpercèrent. Il en plut un ciel, que dis-je, un univers ! Je cueillis les flèches et le carquois. Tous se transformèrent et devinrent les profondeurs d’un grand voyage.

Fleur

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Vase aux larges anses,
Du silence est votre fruit,
Cette fleur, votre langage.

Cette conscience tel un étage, du rubis à l’ombre de votre nuit, les étoiles tel un adage, l’or de votre nuit.

Fracas

L’insondable fracas,
La nuit s’éclaira de terreur,
C’était le pas du Roi.

J’entendis un déchirement, puis un autre, puis le ciel éclata et l’on vit s’ouvrir l’improbable. Mon âme se disloqua, mille fois puis encore mille fois, lors qu’elle devint une multitude de miroirs. Ensuite, le Ciel réunit les Terres et les Cieux. Le corps trembla une nouvelle fois. La secousse fut terrible. Par la pupille fendue, je vis ce que nul œil ne pouvait voir. Alors, du chaos, s’organisa un autre monde et le soleil, peu à peu, devint une lumière douce et féconde.

Naissance

Aux limites du réel,
Quand l’âme recèle l’autre âme,
Alors, l’aube perle.

S’écorche le jour de la nuit, et tandis que sans jamais se perdre, tous deux forment un cercle. Toi, saisi par le secret, lors que toute chose se révèle, différente et plus belle, ton cœur s’extasie. Au delà de l’âme, il est encore une âme et chacune se rencontre. Telle est la naissance ! Telle est aussi l’essence d’un autre monde. Ici, la vérité a un prix. Pourquoi s’accrocher à la coque ?

L’autre côté

A l’attention de Cochonfucius

Il m’avait semblé, me répondit le jour, que je ne connaissais pas la nuit, et il m’avait semblé, renchérit la nuit, que je ne connaissais pas le jour, mais les deux astres vinrent à leur secours et le soleil rencontra la lune et la lune rencontra le soleil, et là, il naquit un reflet de lune, et là, il naquit un reflet de soleil. Comment te reconnaîtrai-je ? interrogea la nuit. Et comment te formulerai-je, demanda le jour. C’est en moi-même que le reflet naquit et à l’intérieur, il se montra un bassin aux formes diverses. Était-ce bassin de lune ? L’on y fit plonger un regard venu des fonds de l’origine et celui-ci fut surpris par les profondeurs. Il entra dans l’interrogé et laissa, durant un temps, les questions se formuler. Une question surgit et que lui fut-il donc répondu ? Il faut passer de l’autre côté…Il faut passer de l’autre côté…

Était-ce la seule formulation ?