Très tôt, l’immersion au sein d’un groupe nous fait connaître la différence. Laquelle différence ? Sans doute comprenons-nous assez vite que nous ne sommes pas semblable à l’autre, quand même il y aurait commune forme. L’enfant n’aime pas se distinguer de par sa nature, pourtant, peut-il rompre avec sa sensibilité, au risque de perdre sa singularité, s’il cherche à se fondre dans la masse ? Mais il ne se pose pas la question, car une claire évidence lui donne à comprendre, peu à peu, qu’il n’a guère le choix. Il est. Il est simplement ce qui se déploie en lui-même, comme jailli d’une source miraculeuse. Il court jusqu’au fond de la cour d’école et se laisse submerger par les mille et une herbes qui se répandent jusqu’aux arbres, jusqu’à la colline. L’air est encore frais. Le givre pare la végétation de sa délicate auréole. L’enfant est infusé de ces instants.
Les années passent et la vulgarité ainsi que les effets superficiels de la mode, de l’actualité glissent sur lui, quand même il éprouve une sorte de stupéfaction et même de la souffrance. Néanmoins sa gaîté naturelle prend toujours le dessus. Il vagabonde. Il sait que Quelque chose est au-dessus de lui. Il sait que ce qui frémit au regard du cœur est un Être supérieur. Il ne faut pas être très intelligent pour constater que l’empreinte Divine est partout, inscrite à chaque instant, dans les moindres parcelles de la terre, des nuages, des envolées d’oiseaux, des saisons, de l’organisation parfaite, précise, inimitable. Il faut être borgne pour ne pas voir qu’un tel monde est relié à un Créateur. Il faut être bien paresseux et bien égoïste pour ne pas le constater. Plus le temps avançait et plus l’enfant se sentait un étranger dans un monde, certes, effervescent, mais complétement englué dans le mimétisme, le suivisme, l’abrutissement mécanique d’une frénésie quasi démente. Chaque parcelle de ce système confus l’en éloignait. Quelque Chose en lui lui disait : Tu n’es pas cela. Tu n’es pas ce que l’on aimerait que tu sois. Quelque chose lui disait que ce monde était un inépuisable trésor dont l’énigme se donnait à être découverte.
Que certains ne soient pas interpellés par les questions ontologiques, transcendantes et métaphysiques est un fait. Que certains soient constamment les esclaves de leurs passions, de leur transe illusoire, de leur sexe (devenu leur cerveau compulsif), du pouvoir, de l’argent, de la réussite sociale sont d’autres faits avérés. Qu’ils veuillent en faire un marché politique, consumériste, réducteur de la vie, ceci est déjà le signe d’une grande décadence. Mais qu’ils cherchent à imposer le plus petit dénominateur commun à tous, le plus dégénéré des dénominateurs communs est désormais un crime contre l’humanité. Tôt ou tard, cette déviance sera leur propre destruction. La bêtise, l’opacité mentale, l’atrophie du genre humain ne peut durer. La lumière court et bouleverse ce monde. La phase transitoire sera un chaos monumental. Mais peu importe, la déviance finira par être sa propre arme de destruction. Il n’y aura pas la plus petite once de confusion. Les réalités humaines et Adamiques seront de nouveau actives et rayonnantes. L’homme renaîtra de ses cendres, les cendres de son involution. Cet homme-là n’est pas celui que vous croyez ou que l’on vous fait croire, même à votre insu. Vous ne le savez simplement plus. Vous ne savez plus qui vous êtes. Ce qui se vit aujourd’hui est la plus triste et la plus effroyable des révélations de la chute Adamique. Nous pourrions en rire, mais, nous ne savons pas rire de cet égoïsme sans fond, ni de cet individualisme terrifiant qui fait de nous des êtres pitoyables. Chacun de nous possède une lumière. Ne la vendez pas à vil prix. Elle est ce qui mémorise tout de votre être, de vos actes, de vos orientations. Personne ne sera lésé et chacun nous récolterons ce que nous avons été, ce que nous avons regardé, ce que nous avons vu et entendu, les gestes que nous avons accomplis, les propos que nous avons formulés. Tout cela est gardé dans les livres de la Mémoire. Cette mémoire vive sera à reconstituer notre monde et nous verrons, à l’aune d’une Balance, notre juste Rétribution. Les déviants, les criminels, les voleurs, les obturateurs de Lumière, les injustes, pensent-ils vraiment qu’ils seront impunis ? Qu’ils se détrompent : la loi naturelle leur sera retournée, et cela sur chaque plan où ils auront opéré. Ni le juste, ni l’injuste ne seront oubliés. Néanmoins, celui qui s’en repent, celui qui vit en toute sincérité la Métanoïa, celui-ci ayant retourné son intention vers la Lumière sera sauvé et délivré de la marche infernale d’un monde ignorant, cruellement ignorant, cruellement ignorant de son ignorance. Peu importe que ces mots apparaissent comme une imprécation. A ce stade, ne voyez-vous pas l’horreur qui se profile et risque de tout emporter ?