Erreur et Délivrance

Nous ne naissons pas égaux, quoi que nous disions. Observez le monde. Vous ne verrez pas les mêmes réalités. Observez votre rue. Vous ne verrez pas les mêmes personnes. Nous ne sommes pas une valeur numéraire. Nous ne sommes pas quantifiables. Nous ne sommes pas non plus un seul chemin. Nous ne sommes pas une seule manifestation. Ce que ce monde a oublié, c’est cela : Quoi que l’on fasse et quoi que l’on dise, la semence donnera sa réalité-une et plénière. Elle éclora de sa germination et de nulle autre. Elle libèrera ce qu’elle est. Sa nature s’accomplira, qu’on cherche à l’en empêcher ou non. Elle sera visible ou non. Cela ne lui importe pas. La semence est conforme à ce qu’elle est. Nul n’a le droit de réduire ceci ou cela, de combattre la nature des choses. Chacun nous devons entrer dans la Danse, harmonie des harmonies.

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Correspondances LXIII

Mon Aimé et cher ami,

Rien n’est vain. Tout ce qui apparaît en ce monde est un sens, et j’écris bien un sens. Nous discutons vaillamment, au matin, au zénith et le soir. Nous parlons longtemps, la nuit aussi et même dans ce qui semble être un sommeil profond. Nous voyageons sans discontinuer. Nous nous tenons le cœur, la main du cœur.

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Correspondances LXII

Très cher ami,

Me voici à reprendre, une fois de plus, le résumé synthétisant d’un échange fécond, comme je le reconnais volontiers quand il s’agit de nos dialogues, échange que nous avons vécu tantôt. Certes, et j’aimerais le rappeler, nous avons depuis le début établi une règle fondamentale : parler en appliquant le vrai, le juste, le beau. Nous nous sommes refusés à toute autre approche. Celle-ci se doit d’être consciemment, renouvelée, formulée, hiérarchisée, structurée, s’inscrivant ainsi dans ce que nous appelons la triangularité pyramidale de notre relation. Nous nous sommes accueillis mutuellement dans cette seule et possible relation. Ceci exige de nous une grande fidélité, une constance, une crucialité de l’instant sans dérive, une harmonisation au sein de notre transmission. Dès lors que nous débutons ces dialogues, nous respirons longtemps et entrons, de fait, en cette apnée.

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Lignée

Nous n’avons pas aimé l’intrusion systématique des violences répétées d’un monde qui condamnait la délicatesse d’une démarche et nous n’avons pas aimé de voir si peu d’Amour. Les uns et les autres ont considéré que le corps n’était pas un Temple, et chaque jour, sans voir en lui, leur frère, leur sœur, leur mère, leur père, ils ont commis des viols collectifs, des incestes, des fratricides, des génocides par leurs yeux dépravés, par le vol illégitime des corps, outrance manifeste au nom de la liberté. Je n’ai pas aimé cette liberté, moi qui a vu en l’autre la dignité de l’être, la beauté de son âme, l’origine de sa présence. Je n’ai pas aimé la haine de certains devant la pureté d’un velours, les soieries des parures, le respect des alcôves. Non ! Je n’ai pas aimé cette brisure constante, ces pillages et ces débordements, à la fois narcissiques, pervers, immatures. Je n’ai pas aimé les tartuferies de la liberté, ni de la contre-tradition. Je n’ai pas aimé que l’on jette ma sœur en pâture aux loups, que l’on abuse de son secret féminin, de sa puissance élévatrice et qu’on en fit le siège de la luxure et du vice. Il me souvient des légèretés et des petits pas dans les jardins où l’on savait savourer la poésie d’un clignement royal de paupière et que l’on y lisait la profondeur du langage du Sacré. Et j’aime ces mots cachés sur les lèvres du cœur, et les intimes confidences des âmes. J’aime que le corps ne soit pas une marchandise, mais le Temple de la Vision pure. Les acharnements impitoyables pour faire de la chair la luxure d’une déviance sont simplement une orgie sans nom, une démonie macabre et je ne suis pas prude pour autant, mais, aujourd’hui, qu’on le sache, les hommes et les femmes vont parler. Ils vont retrouver le secret merveilleux de leur lignée. Ils vont réapprendre à devenir le Temple sacré.

Des mondes et des mondes

Des mondes et des mondes,
L’élégie ! Ah !
Quant au sortir d’ici,
Cela est arrivé,
Et je puis le dire,
L’aube éclot,
Depuis une nuit.
J’ai laissé le cœur,
Devenir celui qui reçoit,
Lors que la pureté d’un éclat jaillit,
L’âme s’élève,
Et l’esprit aussi.
Alors ne dis rien,
Toi que je rencontre,
Quelque chose de l’autre monde,
Celui que tu ne connais pas,
Le monde qui s’unifie,
Sans disgrâce ni parodie,
Reste en silence,
Et n’emploie pas les mots,
Ne les emploie qu’en l’harmonie,
Mon accord !
J’ai ri,
De ne jamais m’attarder,
Aux flatteries ni aux compromis,
Et mon cœur suit les pas des Anciens,
Lors qu’Ils magnifient le chemin,
De leur sagesse,
La rosée du jour nouveau,
La pureté d’une intention,
Cisèle chaque instant,
Des mondes et des mondes,
Te voilà !
Je t’ai reconnu,
Dans les brumes,
Ton exaltation,
L’amour des sens,
Le cœur transi,
Brûlant dans les affres et l’agonie,
Consume tous les mots,
Puis regarde !
Quelque chose est là.

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Peinture de Ellen Day Hale (1855–1940)

Le Temps

Il fallut beaucoup de temps,
Pour retrouver le Temps,
L’autre versant.

Je t’écoutais assise à l’orée du bois, les feuilles nous parlaient sans discontinuer et le soleil des oliviers me faisaient sursauter. Je t’écoutais, comme la seule voix possible et mon cœur entendait. Était-ce le bruissement subtil d’un autre monde ? Je sais, mon Ami, je sais, que peu saisissent l’espace d’un monde qui fût notre berceau, ce monde qui nous dit de venir, d’entrer en sa présence et, je sais, mon Ami, je sais, que certains secrets s’arrêtent à nos lèvres.

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Peinture de William Page Atkinson Wells (1872–1923)

Aurore

La nuit s’ouvre telle une palme,
Ni le jour, ni la nuit,
Cette nuit est une aurore.

Une brèche quand tous dorment, la nuit est une lumière et comme mes yeux s’éveillent à Ton approche ! Je suis dans le ventre de Ton silence et mon cœur s’apaise.

Burin

Au jour buriné,
L’Ami vint au burin,
Mon cœur écartelé.

Point d’illusion quand le sculpteur détruit la pierre, puis qu’Il regarde au-delà, le sourire aux yeux de l’intimité. Par Son regard, je nais et son sourire me contient. Oh ! Comme l’Amour est d’abord l’usure de notre âme, fleuve jusqu’à l’estuaire de notre cœur.