Alchimie

Les épreuves m’ont beaucoup appris,
J’ai marché d’un pas constant,
L’Amour, mon alchimie.

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Peinture de Zsigmond VAJDA (1860-1931)

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Miroir 鏡子 (22)

Amour

Il fut un seul regard qui se jeta dans les profondeurs d’un écho jaillissant depuis le commencement, depuis le tout commencement. Il s’empara de mon cœur et me tint longtemps sous la poigne de son instant. Savez-vous ce qu’est l’Amour ? me demanda le Miroir. Il me sembla que la question était bien plus que vitale, bien plus que salutaire, bien plus qu’un sentiment envahissant. Il me fallait palper cela, étirer les mains un peu partout, les poser sur un objet, ou bien me laisser emporter. La question se répétait inlassablement et la réponse me saisissait de la même façon. Je riais, je courais, me jetais dans le vide abyssal et je jubilais. Il me semblait que la question du Miroir était une moquerie, une absurdité sans nom. L’Amour est aussi vaste que l’infini ! répliquai-je. Il n’y avait pas d’espace, ni non plus de mots pour l’énoncer et dès lors, toute expression Le réduisait. Ne surgissait alors, pour toute réponse, qu’un long rire, le plus long rire qui se puisse être. L’Amour n’a pas de réponses, et pourtant Il les contient toutes. Je me tournai vers Amour et Lui lançai : Hé ho ! Amour ! Amour ! Amour sans Nom. Amour ! Nous nous connaissons ; nous avons plongé dans les plus ravageuses et infâmes vagues de Ta réalité. Nous avons été mille fois réduite en poussière. Puis, nous nous sommes laissée revivifier par Ta puissance absolutoire, par Ta Lumière effusive. L’Amour est tout d’abord une longue histoire, la plus longue histoire qui soit, le mélange d’une terre, le mélange d’une mer. Le glissement et l’expansion. A l’élévation du chant de l’âme, l’Amour devenait une épée, la plus tranchante, la plus implacable. Amour me regarda et Amour me transperça. Ce fut la fin du rêve, mais le début de la vie et plus Amour lançait son arme à travers tout mon corps et plus Amour devenait Ether. Je Le laissais faire. Je L’attendais comme on attend que le vent nous submerge, que l’océan nous noie. Mon corps n’était plus, mon être s’effaçait et Amour m’emportait vers d’autres sphères.

Quo vadis ?

Précieux labyrinthe :
Un corps de trop,
Un corps en moins,
Une structure complexe,
Un élément que l’on indexe,
La particule pulvérise,
Un cognement sans fond,
Poussée d’Archimède,
Le ciel en fragments,
La ceinture fait un rond,
Le cerveau d’un architecte,
Le furtif memento,
Je m’arrête sur la place :
Est-ce un sortilège ?
Tout se met à l’endroit,
Est-ce une valse,
Un crescendo ?
Peut-être un lamento ?
Mes mains soulèvent le rideau,
Comment va le ruisseau ?
Je suis immobile,
Les éléments se distinguent.
Est-ce folie ?
Est-ce euphorie ?
This is not a dream !
Mon cœur bat un peu plus fort,
Le balancier de l’arbre,
Les lettres d’un alphabet,
Rimes sur pied,
Les dunes d’un navire,
Contemplation,
Tu les attrapes au vol,
Les fracas terrifiants,
Ton manteau blanc,
Aux digues bleuies,
Oh ! que se passe-t-il ?
Prends ceci, puis cela,
Le tourbillon d’une vision,
C’est beau !
This is not a dream !
Plutôt un berceau,
Les mots comme la multitude,
Les hauts et les bas,
Et ce soudain,
Soudainement là ?
Prends ! Prends la sentinelle !
Centenaire, mon mystère,
Autrefois !
Qui va là ?