La Beauté jugule et danse, Comme l’on est à tendre, La voilée du Cœur.
Ô monde des signes ! J’aimerais ne plus être, et subrepticement Te voir apparaître, telle une seconde de Ton regard, lui-même apprivoisant la nature créée par Ta propre Volonté. Œuvre créatrice ! Et entre les non-manifesté et manifesté, pleurer, pleurer d’Amour. Pleurer comme le cœur qui ne sait autrement T’aimer.Or, l’Amour s’est agenouillé et fait Alliance avec Ta Réalité.
Si je ne T’avais connu, Que serait cette vie ? Même le soleil aurait fui.
Tu me fis une étrange confidence et j’entrai alors dans une sorte de béatitude. Comment ! c’est Toi qui voulus me connaître ? Comme Ta proximité fit de moi Ton aimée ! Rien n’est impossible pour Celui qui fait jaillir les sources vives. Rien n’est impossible pour Celui qui fait chanter la pluie.
Cristal de roche, Là où vivent certains, D’aimer est devenir Divin.
D’avoir rencontré le souffle, tout le long d’une vie, et d’avoir déposé les armes sur une île, loin de tous les bruits, saisie par la délicate offrande mais, comment, dis-moi, comment mourir lors que l’Amour a fait du cœur Son Sanctuaire et où irais-je hors de Lui ?
Si Tu étais humain, T’aurais-je moins aimé ? Et si tu n’es pas humain, que fait ce point au milieu d’un espace que nul connaît ?Non ! Ne dis rien. Les idoles tombent et les images s’envolent. Le cœur pétri de Tes Mains.
De justesse aux larmes, De l’essence à l’Âme, Le seul Désir, mon Ami.
Entends le chant d’une source ! N’a-t-elle pas esquissé les vagues ? N’a-t-elle pas fait descendre la pluie ? N’at-elle pas évoqué les murmures de l’Un ? N’y a-t-il pas ici un Verbe enveloppé de Cercles et n’es-tu pas au Centre, mon Aimé ? Quand puis-je dire ce qui nous lie ? Quand puis-je trembler de solitude ? Ô entends ! Mon cœur sursaute et ne puis rompre notre lien, Ô mon Aimé !
Le berceau de notre amitié, Nos paroles confidentes, L’alcôve de notre pacte.
Ai-je jamais su vivre autre que le tissage indélébile de nos discours, lors que Tu atteignis mon cœur et qu’il devint le chant de l’aurore ? Saurais-je vivre autre chose que notre relation et notre Royaume premier ? Ô douceur qui étreint mon âme aux suées de mes larmes. Je T’en prie, ne jamais nous prive de Ton Regard.C’est du monde que je me perds et c’est de Toi que je trouve. Celui qui n’a pas goûté à cette folie, peut-il comprendre, Ô dis-moi ?
Dans la simplicité, Aimer, sans la multitude, Aimer par l’unité.
Au centre, la convergence ; l’essieu, le milieu. Dissolution n’est pas union. Avec mon ami nous parlons longtemps. Nous nous aimons. Nous buvons un café ou deux. Nous contemplons les étoiles et nous remontons jusqu’à Platon. Distillation du temps, recueil ouvert au diapason. Nous aimons ceux que nous visitons et nous leur disons : « Nous vous aimons ! » Le sanctuaire est la rencontre possible. Pour parvenir au véritable sourire, connaître. Pour parvenir au parfait sourire, s’asseoir. Pour parvenir au sourire rayonnant, écouter et recevoir. La rencontre est un long temps, longtemps. L’Amour mûrit hors de la quantité. Comment aimer un à un, sans que ne soit briser le Temps ? « J’aime la rareté », me dit mon ami. – Et qu’est-elle donc ? Le temps de la transformation, le temps de l’in-fusion…Chaque être mérite d’être aimé en sa quintessence. Chaque être mérite que l’on se recueille longtemps avec lui.
Les yeux font le récit, celui d’une vie entière, celui aussi du grand Voyage. Ils rencontrent une histoire qui vient de naître. Elle remonte si loin dans le temps que les frontières de la fin touchent celles du commencement, se chevauchant dans le silence d’une prompte et pérenne communion. Lors que deux êtres se rencontrent, ils sont vierges d’eux-mêmes, et ils sont simultanément leur vie profuse et parallèle, des milliards de secondes dans l’infinité de leur profondeurs abyssales, et chacun d’y consentir dans la présence, et chacun d’y susciter le prétexte d’un tissage dans l’harmonie des courbes ondulatoires de leur Amour.
Où vais-je quand tout est là ? Les oiseaux s’en vont sur le lit ondulé des nuages, poursuivant le signe, qui de mon regard, soudain prend tout son sens, et du sens, il n’est que l’inédit. Chaque fois que les yeux voient, tout est de nouveau à sa place, immobile et suave. Où vais-je quand le cœur s’élargit de deux extraordinaires ailes, puissantes à l’infini, d’Amour toujours vivace et c’est là que je vis. Ouvre-toi, Simsimah, perle, joyau d’un jade contenant une merveilleuse grenade, une grenade cernée toute de noir. L’œil d’un oiseau mythique. Je le vis. Son regard m’étourdit. Il me tint en otage. Comment s’extraire de l’intensité de son Miroir ? L’œil entra dans le cœur du cœur. Il me parla durant mille ans et plus, et je l’écoutais dans le silence, car nulle oreille n’entend cet oiseau rare sans faire le sacrifice de son bavardage. Il me saisit tous les mots et tous les gestes. Je ne pus bouger, mais le désirai-je vraiment ? Quand il posa une de ses nombreuses ailes sur mon corps, je crus naviguer dans les eaux d’un océan d’Amour, celui d’où l’on ne revient pas et, s’y noyer c’est devenir lui, sans plus jamais être écartelée, car l’oiseau du Miroir me fit des confidences, de sorte que mon corps se transforma et de le voir flottant dans l’extrême étincelance, J’entrai de nouveau au sein de son regard, tourbillon apaisé de notre rencontre. Mais, il est des choses que l’on doit vivre pour les comprendre. Aussi, l’oiseau me serra d’avantage et extirpa de mon cœur toutes les dualités et me dit : Vois !
Je ne marcherai jamais sans tenir fermement notre cordée, comme le seul lien de vie, car, est-il une autre exaltation que celui de ce souffle qui compte presque imperceptiblement chaque touche sur le doux clavier de notre marche en cadence ? Notre cordée nous tient aussi solidement qu’une brise sur le front impalpable de notre rencontre et jamais je ne méconnaitrais notre complice intimité, ni notre amour-amitié ; jamais, je ne lui jetterai la moindre ombre, puisque tout est lumière, étonnant élan qui n’en finit pas de s’épancher dans le tressautement de notre enchantement. Jamais, je ne renierai la plus infime de notre entente et même si mésentente il est, elle n’est qu’entente cachée. Jamais, je ne renierai rien de ce nous, ni de ce qui se vit dans l’enthousiasme d’un cœur irréversiblement irrigué. Chaque fois, je reviendrai, car mon cœur connaît le chemin de l’Amour et chaque fois qu’il le retrouve, il danse à tue-tête sans se soucier ni de toi, ni de moi.
Tous les esprits peuvent se rencontrer, mais quelques-uns ressemblent indéfiniment à deux vagues qui dans un élan extatique, se touchent, du bout de leur blancheur écumée, comme se cherchant avidement, comme affamées l’une de l’autre dans le désert de leur solitude, s’entrechoquant, se fracassant même dans les flux de leurs improbables rencontres, mais transpirant suavement des flux de leur intime retrouvaille. Vagues, qui se mêlant dans le tumulte de leur aspiration, forment à elles-seules le bouillonnement d’un océan. Quels sont donc ces esprits vigoureux, inépuisables, ces esprits trempés dans les fleuves de leur intégrité, de facture semblable, et qui échappent à la rumeur du siècle ? Libres sont ces âmes qui s’élancent ensemble, sans jamais se disjoindre, dans les violences mêmes de leur nature irréductible, s’écartant sans le vouloir de toutes les dissociations et s’unissant dans la plus grande joie afin de s’élever dans l’ivresse de leur incandescence. Deux vagues échappées des sentiers battus. Deux vagues dansantes, ne bravant plus les dangers, ceux-ci même dissipés dans la puissance de leur union. Exaltation pure qui vit, comme ici, comme là-bas, sans faillir à sa réalité.