Steppes

Sur les steppes où souffle le vent durant de longues décennies, quand les herbes courtes côtoient le ciel caracolant, l’âme est ivre du regard. Les chevaux frôlent du sol les sabots qui résonnent : l’impétueuse présence ! Les yeux se sont plissés et fusionnent avec l’éternel chant. Entends ! La voix poursuit languissamment le silence ; l’écho d’une danse…

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Combat

Le soubresaut de ton corps ne désire pas s’extraire des fougères de tes nuits et l’ombre menaçante est semblable au dragon qui poursuit sa chimère, et c’est bien lui qui rêve de l’épaule adjacente, où repose sa tête tremblante. Quand le soleil brûle de mille feux, triste et ravageur incendiaire, il vient de ses yeux embrumés de sueur chanter rauque sa prière. Dans l’infinie solitude de ses transports meurtriers, accablé au fond des vallées endormies, il s’affale au crépuscule et son chant est semblable à un gémissement fragile. Le Fleuve Jaune ne saurait l’emporter loin, mais il le regarde avec l’indifférence des morts, quand du bouillonnant sort, la bête sombre au fond de ses écumes amères. Il se voit franchir les obstacles de la torpeur, puis tournoyer au dessus de tous les leurres. Alors, sa peau devient vocable et au ciel, il voit soudain un éclair. Mais est-ce bien ce que ses yeux pourchassent ? Quand s’exclame alors du feux de ses entrailles, sa ruine, le soleil est jaune du torrent de ses larmes. Le fleuve l’emporte violemment, charriant les limons de son corps éventré, et lorsque les rives l’encerclent de leurs bras convulsifs, la bête n’est plus la bête. Au milieu des roches, un cœur rougi par les larmes, un cœur que les lambeaux ont déchiqueté sans pitié, un cœur sur la grève échoué qui s’enflamme, des puissances d’un amour douloureux et secret.

Le puits

Il est des mots qui tremblent interminables d’écho et c’est dans le bouquet jaillissant en verbes éclos que le puits fait son apparition. L’âme les reconnaît en la mémoire ineffable et subrepticement, l’on n’écorche aucun tronc, ni arbre venus depuis les cimes qui s’étreignent insondables, car l’âme encore les connaît quand bruissent les gouttes sur les feuilles offertes à l’aube des mots qui font la vie, magie blanche, celle des lumières, celle des bienheureux, même si la tempête fait rage, car les mots lissent l’innommable et puis aussi l’indomptable, ni remous, ni plus de dérives, parce que, parce que, parce que s’exclame ton âme, parce que se résolvent les inconciliables, parce que jubile l’improbable, parce que parce que parce que vif, l’élan inoubliable…

Élévation

La vie est l’amour, l’âme du jour, ivresse de nuit, ardeur du cœur, beauté épanchée sur les moments de la présence et quelle est la peur qui fige les corps, quand l’amour devient au-delà du visible, au-delà du tangible, l’élévation tandis que l’albatros n’est plus condamné à ses ailes pataudes, et quel est son mystère, échappé soudain du prodige langoureux et nul spleen qui n’atteigne un jour le bonheur, car l’amour est fort de sa quintessence, et bientôt l’albatros ne connaît plus ni la peur ni la douleur, blotti dans les bras du vent. Son regard s’est tourné vers le firmament, et l’amour l’a percé et voilà que le rêve est réalité. L’albatros de l’exaltation, sans artifice, sans prétention est l’élévation. Ton intention n’est pas vaine songerie et de ta poitrine blanche, le soleil se répand.