Cher,
Il est des êtres d’une rare délicatesse, dont la maturité est, non pas exclusivement le fruit de l’âge, mais plutôt celui d’une acuité alchimique, le fruit d’une rare sensibilité poétique. Un mot extrait de leur monde me transporte en l’infini univers et me laisse hébétée. Je peux lire et relire leurs écrits, mais je crois bien que c’est eux que je relis, eux qui me parlent en moi-même et entrouvrent les secondes de leur temps éternisé. Quand l’âme rencontre l’âme, un mot nous donne à l’univers entier. J’y suspends mes points et mes virgules et la poésie de l’âme fait son chemin. Celle-ci se déploie et je marche avec toutes ces âmes. J’apparais dans les boutons de fleurs à peine écloses et je leur murmure les fraîcheurs du temps retrouvé. Même si je ne touche aucun des pétales de la main, et à quoi bon, je sens la paume de l’amitié. Depuis longtemps je le voulais témoigner. Je marche à chaque fois dans les sentiers, et je souffle dans le vent. L’iris du soleil est l’amour que caresse chaque rayon. Être l’amie, ou l’ami, c’est une promesse du présent et même de la présence elle-même. L’ami est une permanence, une longue retrouvaille. Savez-vous que je vous compagne où vous désirez m’emmener ? Oui, doucement, dans l’éloge d’un matin, dans le cœur qui ne s’est jamais fané, ou dans le soir qui s’étire. Car tel est mon regard sur vous et toute la délicatesse de votre propre délicatesse. Comment dire ? Nous nous ne quittons jamais puisque nous nous sommes retrouvés et que la parole de l’amitié est une douceur et une profusion.
Bien à vous,
B.