Longue promenade,
Un seul instant de pluie,
Le grand lilas vert.
Longue promenade,
Un seul instant de pluie,
Le grand lilas vert.
Prunellier en fleur,
Petites ailes sur l’arbre,
Plumes légères.
Abrité de vent,
Soleil royal et fidèle,
Songe d’un printemps.
Quelques gouttes transparentes,
Du toucher malhabile,
Esquissées dans la lenteur,
Le silence souffle,
L’imperceptible vie,
Quelques précieuses volées,
La ville comme imprécise,
Me parle.
Fleurent nos pensées,
Les rayons se croisent,
Le soleil s’épanche,
D’une réminiscence.
Appelle-moi au petit jour et sans prévenir !
Garde-moi dans le creux de ton murmure,
Ne me préviens pas, non, verse donc ces épîtres,
Comme le suc savamment gorgé d’entretiens libres,
A l’ombre des palabres, sans aucune versatile mesure,
Puisque s’éteignent les feux de mercure,
L’incendie sans que ne brûle le désir.
Appelle-moi au lieu de tes convenances,
Puis respirons ces grands débats,
Sans que ne soient les théâtraux adieux,
Puisque dans ce silence sans émoi,
Le vin a fait son offrande à Dieu.
Des roses mûries à l’été qui s’annonce,
Je pars, sans attendre, sur un chemin,
Bordé de tes luxuriantes confidences.
Appelle-moi donc sans me saisir,
Puis des soubresauts, que l’on en finisse !
Les prairies ont le goût du délire,
Alors, je m’enivre des boutons de soie.
Le printemps ne meurt pas,
Et je gage que la vie soit plus forte.
Appelle-moi dans le creux de tes bras
Quelle est donc cette folie de l’au-delà ?
L’intense que voilà ne s’explique pas.
Quand donc sommes-nous responsables ?
Quand donc avons-nous fauté ?
Quand l’éternité a fui nos carnations,
Tout le monde s’est mis à éternuer.
Pour tout réintégrer, il faut certains labyrinthes.
Sommes-nous en prison pour l’éternité ?
Je préfère, quant à vivre toujours,
Choisir un nid nimbé d’amour.
Il y a bien longtemps, quelqu’un me confia ce secret.
Mais de quel amour parle-t-on ?
Celui qui dure un jour
Ou bien ou bien l’amour de toujours ?
S’il fallait butiner, j’irai ça et là
Et je ramènerais des légèretés.
Quant à mourir, mourons noblement.
Libre comme le vent et éternuons de nouveau :
Grâce et souplesse d’une question.
S’évader des châteaux imprenables,
Comme d’irisés jardins,
Sous les blanches tonnelles,
Quand la sauge et le romarin,
Courtisent les nouvelles,
Les amitiés que l’on sème,
Dans le vent du doux printemps,
L’abeille et le bourdon,
D’irréductibles compagnons,
Dans le soleil de notre violoncelle,
Les vertes fragrances de l’instant,
Que dis-tu de notre beauté fraternelle,
Résistante, et que font donc tous les moutons ?
***
La peinture est d’Anna Bilinska-Bohdanowicz.
La vie qui ne tient qu’à un fil,
Effervescente de jaillissement,
N’attend pas qu’on l’invite,
Elle vous prend sauvagement,
Dans les forces vives,
Quand même, rien ne change,
Et l’on vous parle simplement,
Alors que le jardin s’invite,
Les fleurs rafraîchissent,
Les bleus d’un romarin,
Et l’abeille butine comme avant.
Plus loin,l’orage se prépare-t-il ?
Cher,
Nous étions sur les sentiers printaniers de la France ; les ruisseaux courtisaient les pervenches, les violettes, fleurs préférées de ma tendre et douce mère et les herbes encore bien juvéniles. Nous avons fait les premiers bouquets de l’ail des ours. Plus loin, les jacinthes s’évaporaient des souvenirs odorants de notre enfance. Le fleuve bouillonnait et le vent valsait comme de coutume avec les branchages. La rumeur des villes semble nous parvenir avec l’effroi d’une froide indifférence. L’avez-vous constaté ? Quand même, les gens sont là à se ruer dans les brancards des magasins dévalisés, ils n’ont pour la plupart que le vide de leur cœur et le regard s’étonne du durcissement. Sur les bords de l’eau, quelques promeneurs avec le sourire et les mots bienveillants. Quel contraste ! Le vent nous a encore surpris et la liesse des jours que nous cultivons nous envahit et si nous devions mourir, nous aurons le cœur plein de reconnaissance éternelle. Je vous écris ces petits mots juste après que nous ayons enfin regagné notre maison. Le merle et la mésange nous accueillent avec le beau printemps au fond de leur chaud gosier. Que pouvons-nous faire si ce n’est garder l’âme légère et laisser jaillir les effets de la douceur ? La vie nous réserve encore bien des surprises. Venez vite nous rejoindre. Je vous attends patiemment.
Votre B qui vous affectionne.
Aime apporte le frisson,
L’échine hivernale,
Au gris d’une moisson.
Quelques fleurs qui se pâment,
Tourbillons de sensations
Dans l’esprit séminale,
Au cœur d’une fermentation,
Long et mousseux,
Sur les rondeurs,
Savamment rustiques,
Au creux du moelleux,
Et ce corps tranquille,
Aime, le mois nouveau.
Certains fleuves massif au palais,
Alors que jaillit l’imperceptible note,
Riche des parfums d’un écho,
Fin et palpitant comme un souvenir languissant,
Aux saveurs persistantes qui dénotent,
Aime le renouveau.
Qui abdique ?
Des saisons transforment les mots.