
Phosphorescence,
Herbes sauvages,
Comme la nuit nous éclaire !
Phosphorescence,
Herbes sauvages,
Comme la nuit nous éclaire !
Parfois, je suis perdue,
Non, que dis-je,
Je suis perdue pour toujours.
Il me faut vous dire que cela me plait au-delà de la raison, ce chemin du cœur et je n’en voudrais pas d’autres. Si vous vous promenez par ici, si vous lisez vraiment ces mots, alors, je vous serre très fort la main. Sans doute, êtes-vous aussi, tout comme moi, perdus et heureux de vous étonner dans un monde, celui qui s’ouvre en vous, à l’infini.
Souvent, les mots s’arrêtent,
Et tous, tendus d’inconnu,
M’emmènent là-bas.
Depuis l’invitation,
Un écrin sous la voûte,
Est-ce matin nouveau ?
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Peinture inachevée de l’auteur
Plus le monde semblait dériver, plus il errait dans la nébuleuse gigantesque, et plus il s’assombrissait de l’absence, plus il m’emmenait sur les terres d’un royaume illimité. Plus le monde s’évadait du centre et plus il m’y poussait. Plus je rencontrais les ruines de l’âme, plus je cherchais à retourner vers l’Origine. Je n’ai pas su être autrement, ni enfouir les signes prodigieux de la vie. Ni elle ne vous ment, ni elle ne vous trahit. Elle vous plaque contre-vous même et d’une poigne ferme, elle maintient votre regard alerte et lucide. Dans les profondeurs de l’océan, lorsque le tumulte est violent, elle ne vous épargne pas, ni ne vous permet aucun subterfuge. Vous la regardez avec la fascinante hébétude et vous pleurez, oui, vous pleurez de ses chaudes larmes d’Amour. Celles-ci vous submergent, vous inondent, vous ravagent et vous refaçonne à l’image du tremblant baiser virginal. Elle vous parle constamment, ici, ailleurs, dans les détails, dans les grandeurs. Vous ne refusez aucun de ses signes et ils vous transpercent en vous faisant mal du seul bien véritable. Alors, vous ne composez pas, ni construisez, mais vous êtes émerveillée par son Intelligence, par sa sagesse, par ce qu’elle vous enseigne, par ce qu’elle vous révèle. Comment ne pas le voir, comment ne pas en témoigner ? Alors, vous la laissez vivre en vous et vous entrez dans son puissant secret. Sachez-le ! Le silence parle. Le silence révèle son langage. Le silence vous emmène aussi loin que votre cœur est à s’ouvrir, à offrir sa nudité, à tomber à genoux, à saisir ce qui est insaisissable, car l’insaisissable ne vous quitte plus. Vos mots, vos phrases, les lettres qui dansent sont une écriture qui vient d’ici et d’ailleurs. Par son toucher, par sa patiente compagnie, vous accueillez ce qui est à la mesure de votre terre, de votre océan, de votre ciel. Vous l’accueillez et alors, Dieu se révèle à vous. Il prépare Son Jardin. Il prépare Son Royaume. Il ne vous quitte plus comme Il ne vous a jamais quittés. Jamais !
Connaissez-vous le feu du Vin ?
Sa noble fille m’a parlé,
Soulevant le voile d’ébriété.
Le Tout, et le Tout-Autre ; la sagesse et l’au-delà : voici des couples qui m’ont confié leur secret. Combien de fois je le répète entre les lettres, et combien de fois le voile demeure une évidence ?
Les épreuves m’ont beaucoup appris,
J’ai marché d’un pas constant,
L’Amour, mon alchimie.
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Peinture de Zsigmond VAJDA (1860-1931)
Une journée au jardin :
La terre chante et craquelle,
Une buse dans le ciel.
La haine n’existe pas.
Le transfuge de l’Amour,
Est-ce cela le malentendu ?
Amour
Il fut un seul regard qui se jeta dans les profondeurs d’un écho jaillissant depuis le commencement, depuis le tout commencement. Il s’empara de mon cœur et me tint longtemps sous la poigne de son instant. Savez-vous ce qu’est l’Amour ? me demanda le Miroir. Il me sembla que la question était bien plus que vitale, bien plus que salutaire, bien plus qu’un sentiment envahissant. Il me fallait palper cela, étirer les mains un peu partout, les poser sur un objet, ou bien me laisser emporter. La question se répétait inlassablement et la réponse me saisissait de la même façon. Je riais, je courais, me jetais dans le vide abyssal et je jubilais. Il me semblait que la question du Miroir était une moquerie, une absurdité sans nom. L’Amour est aussi vaste que l’infini ! répliquai-je. Il n’y avait pas d’espace, ni non plus de mots pour l’énoncer et dès lors, toute expression Le réduisait. Ne surgissait alors, pour toute réponse, qu’un long rire, le plus long rire qui se puisse être. L’Amour n’a pas de réponses, et pourtant Il les contient toutes. Je me tournai vers Amour et Lui lançai : Hé ho ! Amour ! Amour ! Amour sans Nom. Amour ! Nous nous connaissons ; nous avons plongé dans les plus ravageuses et infâmes vagues de Ta réalité. Nous avons été mille fois réduite en poussière. Puis, nous nous sommes laissée revivifier par Ta puissance absolutoire, par Ta Lumière effusive. L’Amour est tout d’abord une longue histoire, la plus longue histoire qui soit, le mélange d’une terre, le mélange d’une mer. Le glissement et l’expansion. A l’élévation du chant de l’âme, l’Amour devenait une épée, la plus tranchante, la plus implacable. Amour me regarda et Amour me transperça. Ce fut la fin du rêve, mais le début de la vie et plus Amour lançait son arme à travers tout mon corps et plus Amour devenait Ether. Je Le laissais faire. Je L’attendais comme on attend que le vent nous submerge, que l’océan nous noie. Mon corps n’était plus, mon être s’effaçait et Amour m’emportait vers d’autres sphères.