Liang 亮

Tu as plissé tant de fois le front Liang, et les traces creusent des sillons. Nous sommes tous deux sur la terrasse, assoupis par les années qui passent, et nos vieilles jambes ressemblent à des feuilles de riz qui tremblent à l’arrière-saison. Je me souviens d’avoir couru tant de fois pour t’apporter le cǎomào* qui avait volé au vent et toi, tu me souriais, éternellement.

*Cǎomào, 草帽, chapeau de paille porté communément en Chine, et que l’on retrouve aussi en Corée, au Japon, au Vietnam…

Publicité

Liang 亮

Quand Liang restait des heures durant, le nez dans ses livres, elle commençait par tourner tout autour de lui, d’abord en faisant de grands cercles silencieux, puis, face à son inertie, elle finissait par pousser de bruyants soupirs, des soupirs de plus en plus profonds et même orageux. Quand elle était d’humeur taquine, il lui venait l’idée de lui chatouiller les narines avec un brin d’herbe, mais, il faisait toujours un geste nonchalant comme pour chasser une mouche un peu trop audacieuse.

LIANG 亮

Pourquoi les pensées volettent-elles sans cesse Liang ? Il m’arrive parfois d’en attraper une et d’autres fois elles semblent se dissoudre dans je ne sais quel pays invisible. Liang ! Y a-t-il un refuge pour toutes nos pensées, ou bien sont-elles définitivement orphelines ?