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En pleine tempête, les marins s’agrippaient aux voilures avec toute la force de leurs mains. Alors que le tonnerre grondait, que la foudre menaçait de s’abattre sur eux, le ciel descendait si bas que les nuages semblaient cingler, de leur sourde colère, les noires vagues. L’océan se déversait violemment sur le pont, tandis que le bateau était soulevé si haut, que les marins apparaissaient comme totalement écrasés par la force occulte des eaux. Ô Voyageurs ! Ces téméraires, ces nobles hommes avaient bien bu à l’amertume salivaire de l’océan et leurs doigts gelés avaient consenti à s’accrocher aux dernières cordes tranchantes du navire. Ivre, leur magistral et courageux capitaine, debout, fermement uni au gouvernail avait connu tous les temps. Il faisait corps avec le bateau et avec ses hommes. Il en était le mât. Il en était la structure. Il devenait la mer. Il devenait le ciel. Il devenait le vent. Il était le tonnerre, l’éclair, les abysses. Il était le père et la mère de tous ses hommes. Il n’en chassait aucun. Ils étaient tous en lui. Le gouvernail était son maître.