Au cœur de la nuit

Peinture de Irene Sheri Vishnevskaya, Bulgarie

La pluie a sa vêture. Sache que par moment mon regard est oblique, semblable à un regard de lune. Il pourfend tous les solstices, transperce l’insondable nudité des arbres, et va jusqu’à la profondeur, là où vivent de minuscules bêtes que je distingue dans la pénombre. Elles s’acheminent dans les labyrinthes de la terre. Rien n’est vraiment mort, tout est suspendu. J’entends précisément le vent par l’étrange immobilité de la terre. Il y a des vagues que l’on traverse et elles sont faites de boues froides. L’hiver est déjà descendu partout et couvre un sol silencieux et patient. J’ai parfois marché pieds nus et la terre me parle. Elle est froide de sommeil et, soudain, mon regard devient le faisceau d’un criquet, ou bien d’une dernière synonymie, une sorte de ressemblance avec pareils insectes. Quand j’écris, je le dis : j’ai la démarche d’un crabe, mais je marche bien droite. La feuille dentelée me réchauffe les pieds, et s’y accroche comme une chaussure. Je m’en étonne. Alors, je cours vers la mousse et ce tapis vert me sert de refuge. Le froid me violente jusqu’aux os. Telle est la sensation de l’hiver, gerçures épisodiques, flambées au cœur de la nuit. Maintenant, le feu crépite. Je lui souris. Mon visage est vif d’une chaleur rougeoyante. Il m’envahit de sa texture insoluble, de ses bras de douceur. Mon cœur oublie la nuit et même la peur de la forêt. Le feu est une présence qui danse et je suis sous la lumière d’un automne encore flamboyant.

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Il n’est rien qui échappe au vent

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Chacun nous sommes dans la tradition et cherchons ses confluences, l’irrigation depuis le commencement, car chacun nous reconnaissons en l’autre la feuille d’un arbre et quand celle-ci s’envole au gré du souffle, regardez-la comme dans le regard même de notre propre souffle : elle nous apprend. Libre est celui qui respire le vent et voit la feuille tournoyer ! Un jour, la feuille se rappelle à notre propre cœur, ce bouton de rose. Elle nous montre au bout de la branche singularité et unité. Et le vent joue. Il n’est rien qui échappe au vent.

L’embrasure d’une porte

Le jardin se recueille et il pleut des pétales de rosées sur le voile caressant du vent. Le mouvement s’y suspend, inlassable, comme une virgule s’épanchant, et dans l’embrasure d’une porte, le lointain rivage des feuilles caracolant à la bouche du ciel m’enlaçant.