Des mondes et des mondes

Des mondes et des mondes,
L’élégie ! Ah !
Quant au sortir d’ici,
Cela est arrivé,
Et je puis le dire,
L’aube éclot,
Depuis une nuit.
J’ai laissé le cœur,
Devenir celui qui reçoit,
Lors que la pureté d’un éclat jaillit,
L’âme s’élève,
Et l’esprit aussi.
Alors ne dis rien,
Toi que je rencontre,
Quelque chose de l’autre monde,
Celui que tu ne connais pas,
Le monde qui s’unifie,
Sans disgrâce ni parodie,
Reste en silence,
Et n’emploie pas les mots,
Ne les emploie qu’en l’harmonie,
Mon accord !
J’ai ri,
De ne jamais m’attarder,
Aux flatteries ni aux compromis,
Et mon cœur suit les pas des Anciens,
Lors qu’Ils magnifient le chemin,
De leur sagesse,
La rosée du jour nouveau,
La pureté d’une intention,
Cisèle chaque instant,
Des mondes et des mondes,
Te voilà !
Je t’ai reconnu,
Dans les brumes,
Ton exaltation,
L’amour des sens,
Le cœur transi,
Brûlant dans les affres et l’agonie,
Consume tous les mots,
Puis regarde !
Quelque chose est là.

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Peinture de Ellen Day Hale (1855–1940)

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Ecriture

Je cherchais l’écriture,
Plongeai dans l’abîme :
Les mots se mirent à parler.

C’est elle qui me trouva et me façonna. Elle cogna fort tout contre ma poitrine, et la coque s’ouvrit dans le plus grand des fracas. Je gravis une montagne, puis une autre. Je courais à travers la blancheur aveuglante, et j’allais dans l’encre noire de la nuit. Qui me guida ? Les mots furent des flèches et me transpercèrent. Il en plut un ciel, que dis-je, un univers ! Je cueillis les flèches et le carquois. Tous se transformèrent et devinrent les profondeurs d’un grand voyage.

Fracas

L’insondable fracas,
La nuit s’éclaira de terreur,
C’était le pas du Roi.

J’entendis un déchirement, puis un autre, puis le ciel éclata et l’on vit s’ouvrir l’improbable. Mon âme se disloqua, mille fois puis encore mille fois, lors qu’elle devint une multitude de miroirs. Ensuite, le Ciel réunit les Terres et les Cieux. Le corps trembla une nouvelle fois. La secousse fut terrible. Par la pupille fendue, je vis ce que nul œil ne pouvait voir. Alors, du chaos, s’organisa un autre monde et le soleil, peu à peu, devint une lumière douce et féconde.