
Quand même tu viendrais nuire à mon âme, et quand même, ta trahison ferait de moi une âme en lambeaux ; quand même, l’aube se changerait en nuit, et quand même, le ciel écraserait de tout son poids mon corps ; et quand même, tu viendrais manger mes entrailles par le feu de ton absence, et quand même mes tumultes me jetteraient aux récifs implacables, et quand même, je hurlerais de douleur, submergée par l’immensité de ce mystère, je ne cèderai pas. Je demeurerais évanouie à la morsure du venin de ton indifférence, au venin de ton ignorance, et par ces épreuves, je trouverais la lumière, buvant à sa radiance, à sa glorieuse virginité et c’est vers elle, non que dis-je, en elle, que je marcherais, à l’éclatante écume de sa puissance élévatrice, je lui lancerais : Oh ! j’ai mal, viens ! J’ai mal et ton intensité ravage mon être, jusqu’à l’insolente brisure et je crierais encore : Viens ! Les rafales de lumière valent mieux que celles des ténèbres. C’est donc ainsi. Quand même, tu ne peux comprendre ces vérités, quand même tu serais le pire des manants, je ne me laisserais pas envahir par aucun poison, et si la trahison fait mal, l’Amour, Lui, est entier. C’est par Lui que je renaîtrai et c’est par Lui que mon poing jaillira de mes souffrances et le défi le plus sauvage sera de proclamer : Victoire ! Victoire ! Fiel ! Je ne te laisserai pas assiéger mon âme. Je ne te laisserai pas détruire mes verts pâturages. Dussé-je mourir, je combattrai jusqu’à la dernière larme, et allongée, sans force, sans vie, je t’appellerai, Ô lumière ! Avec mon cœur, jusqu’à mes lèvres meurtries, dans un cri ou bien dans un murmure.
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Photographie de Roberto de Mitri