Peuple

Le peuple s’agite :
La sentence d’une débâcle,
La force est obscure.

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Peinture de Igor Morski

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Soleil et Lune

La sagesse consiste à prendre le temps de peser toutes choses et de se laisser irriguer des réalités de la vie profonde. Vivre au rythme du pouls terrestre, regarder les nuages, les fleurs, tout cela ne peut être une anecdote en passant. Quand je le vis, je me lançais à corps perdu, à corps abandonné dans les bras de son étonnante magnanimité, dans les confins de sa préciosité. Cela peut sembler aussi fin qu’un cheveu, cela peut ressembler à un proton, l’effet d’une touche précise et délicate. Cela peut aussi ressembler à des milliers d’années-lumières, à une myriade de constellations, aux vents les plus improbables de millions d’étoiles. Tant que le soleil suit sa lune, que voulez-vous qu’il advienne ? Tant que la lune suit son soleil, que voulez-vous qu’il advienne ? Tant que l’Amour est la plus puissante des lumières, et qu’un orbite se met à poursuivre ce qui le poursuit, vous ne craignez rien et vous êtes forts de cette Joie incommensurable qui vous saisit perpétuellement. Celle-ci est le plus grand de tous les boucliers. Voyez comme la lune rit aux éclats, et comme le soleil est fidèle à son amante !

Les temps sont bien « étranges »

Les temps sont bien étranges, me déclarait une pharmacienne de garde dernièrement (tout juste cet après-midi). Nous ne sommes plus maîtres de nous-mêmes, une grande confusion semble régner, des contradictions en permanence… Cette pauvre femme, d’une gentillesse et d’une proximité peu communes, tentait vainement de se confier. Je la sentais fragile et même quelque peu fébrile. Que se passe-t-il donc ? Quel est cet étrange vent qui souffle et qui semble terrifier les plus solides d’entre nous ? Lorsque nous grattons un peu, les masques tombent et une certaine détresse se manifeste. Les gens attendent de voir les vrais visages, ceux du cœur, ceux de l’âme. Une sorte de dégoût et même de tristesse se révèlent.

Joie

La joie ne dépend de rien, ni ne vient par hasard, puisqu’un bouquet de genêt s’offre soudain telle une embuscade, sur la pente des montagnes printanières, épanché de soleil gracieusement juteux, et puis n’oublions pas ces œillets qui nous enlacent de leur parfum tenace, évoquant mille secrètes latitudes puissamment viriles que l’on retrouve le soir alors que la chaleur cède son lourd voile pour entamer une drôle de danse avec les pois de senteur. Certains chèvrefeuilles hantent notre odorat et s’inclinent dans les effluves du feuillage amical. La joie ne manque jamais son rendez-vous, quand même il semblerait que le monde disparaisse comme par enchantement, loin des souvenirs vagues que nous raconta le père, les fameux soirs d’hiver. Aurai-je honte de vivre le moment présent et vaincre l’inertie des ouragans que l’on voit sombrer dans les turpitudes infâmes ? Ma joie ne dépend pas de moi, et le colibri caresse avec la pointe de son corps la sauge fleurie. Tel est le jardin de notre vie. Mais la joie ne dissipe jamais complétement notre lucidité et l’orage gronde pour nous rappeler sa force dans les profonds et rougeoyants paysages. Qu’ai-je fait ? la vie nous parle. Je lui réponds.