Incivilisée

Incivilisée sauvage,
Riant devant l’incongru,
Ces gratte-ciels.

L’homme babouin, aux confins de l’absurde, arrogant de prétention, parodie de science, je ne me reconnais pas dans ta modernité, ni tes architectures babyloniennes, ni dans tes pensées, ni dans ton pain délavé, ni dans tes fruits sans saveur. Garde-le ton monde insipide qui s’acharne à violenter toujours plus, en s’arrogeant, de paroxysmiques vertus aseptisées, le droit d’être un modèle. Je ne suis ni civilisée, ni dressée par ton orgueil phallocratique et pathétique, prêchant les nouveaux sermons d’amour hypocrite. Je ne suis pas civilisée. Je suis une marche pieds-nus.

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Gone with the wind

Sais-tu ce que la vie emporte ?
Et sais-tu ce que la mort retient ?
N’oublie pas, non, n’oublie pas !

Au moment de la mort, le vent reviendra, chassant la paille, et par Ton souffle, j’embrasserai ce que Tu retiendras, ô mon Bien-Aimé.

***

Do you know what life will take?
And do you know what death holds?
Don’t forget, no, don’t forget!

At the moment of death the wind will return chasing the straw, and by your breath, I will embrace what You will retain, O my Beloved.

***

Oh ! I know most people don’t like to hear that, but, use your imagination : how many have already left, and how many were people, as gigantic as mountains. Oh ! Think about it!

Oh ! je sais bien que peu de personnes aiment entendre cela, mais, je vous prie de faire preuve d’imagination : combien de gens sont partis, et combien parmi eux des colosses aussi grands que des montagnes. Oh ! Veuillez-y penser !

Zombies

Qui y a-t-il en toi qui dort,
Homme sans véhémence,
Es-tu déjà mort ?

Je parlais de grandeur et il m’assommait de son poing afin de me faire taire. Je croyais m’élever jusqu’au plafond et le poussais de mes deux mains avec force. Je parlais de l’âme mais il ne voyait qu’un alinéa de masse. Je parlais de fondement mais il m’assommait encore afin de faire taire la voix de mon cœur. J’écartais les murs de la torpeur et finissais par comprendre l’étrange et insidieux mal du siècle. Je courais par-ci, par-là, m’accrochant à la réalité d’un Absolu. Depuis que je suis petite, je marche, incognito, parmi les zombies.

Apnée

L’apnée intense,
Au papillon qui passe,
Le cœur transpercé.

Plusieurs jours flottent au-dessus du temps et l’instant devient au silence celui qui saisit l’âme de son endormissement. Parle-lui, me dit-il, mais je lui réponds : je ne peux plus. Tout est là.

Temporel

Chaque instant, nous mourons ;
Chaque instant, nous renaissons ;
Chaque instant se perd dans le continuum.
D’où vient notre illusion ?
L’enfant tisse au pôle réfractaire, son propre rêve.


Nous nous sommes accrochés à une projection temporelle. L’enfant s’assouvit dans l’inachevé. Il cristallise la matière, solidifie son rêve et fabrique son enfermement. Si nous nous réveillons avant la mort, nous connaissons la présence de l’instant.

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Photographie de Lewis Carroll, Xie (Alexandra) Kitchin.

Naissance

Aux limites du réel,
Quand l’âme recèle l’autre âme,
Alors, l’aube perle.

S’écorche le jour de la nuit, et tandis que sans jamais se perdre, tous deux forment un cercle. Toi, saisi par le secret, lors que toute chose se révèle, différente et plus belle, ton cœur s’extasie. Au delà de l’âme, il est encore une âme et chacune se rencontre. Telle est la naissance ! Telle est aussi l’essence d’un autre monde. Ici, la vérité a un prix. Pourquoi s’accrocher à la coque ?

Inconnu

Je n’ai rien cherché,
Mais, il m’a cherchée,
Et je le trouvais.

Je balaie d’un grand geste toute raison et vis comme une mendiante. Vous me trouverez au bord de la folie, mais j’aligne tous ces mots, car ils dansent en moi. J’ai tendu les mains tant de fois, si vous saviez ! J’ai répugné aux discours, à la rationalité. Si j’avais découvert le connu, je n’aurais rien cherché. Mais quand cet Inconnu vous saisit, vous demeurez dans ses yeux et vous vous y noyez. Vous Lui dites : Surtout, ne bouge pas ! Ne bouge pas !

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Œuvre de Anthony Frederick Augustus

Innocent

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Imagine an innocent being.
Imagine him learning.
Imagine that it crosses the world of shadow, to return to the Light.

One day he came.
Another day he took me.
Then, another day, he taught me.

Le saisissement vient du temps qui rompt avec le temps. Le cœur se mit à battre plus fort, le regard entendit ; je sais qu’il se mit à parler. Il me bouscula avec la parole, mais n’était-ce pas plutôt son regard ? Il était beau à vous couper le souffle. Il était innocent à vous interpeller pour toujours. Je ne sus plus vivre en dehors de l’Amour. Dites-moi ce que vous voulez, cela m’est égal. L’Amour est plus fort que tout.

I no longer knew how to live outside of Love. Tell me what you want, I don’t care. Love is stronger than anything.

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Peinture d’Edward Burne-Jones

Lumière auguste

Chaque instant, le non-instant,
Une horloge précise,
Rythme du cœur.

Il est soudaineté de Lumière, la vie émue d’un petit pas, notre Dame. Que ta Sainteté drape nos âmes ! Femme du tout-instant. Femme du non-instant. Station virginale du repos et de l’élévation. Quintessence de connaissance.

Nord

.

Des gerbes de nuits insensées,
La lune s’y accroche,
Les étoiles, nos lacs bleutés.

A bras-le-corps, le voile du Nord, les vents de l’espace ; comment ? Ma joie de tisser avec Toi un instant et qu’éclate donc l’orage !

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Peinture de Edward Burne-Jones