Correspondances LVIII

Très cher ami,

Quand j’y pense, il me semble que la vie a fleuri tout comme la mort fleurira. Chaque jour apporte son rivage. Un être féerique nous ramène un livre riche de pages et de mots. Il s’assoit auprès de nous et nous fait la lecture. Quelle merveille !

Lors que je regarde la vie d’un point de vue politique, je remarque la pauvreté de ces gens qui s’imposent au monde publique, au peuple, tel un puissant châtiment qu’ils s’affligent, en une quête de faire-valoir ridicule, en l’oubli impondéré de la véritable justice. Ils se comparent toujours aux animaux, mais, ils sont bien moins que cela. L’ordre mondial est une inversion totalitaire. Très vite, nous nous rendons compte que les gauchos-capitalistes (que je mets sur les mêmes plans) et autres balivernes sont des « suggestionnés » comme le dit René Guénon*, « suggestionnés » par les brouillis mentaux des bas-fonds de leur être. Cela fait des siècles que cela dure.

Il s’agit d’un monde déviant, à peine capable d’être sur le même pied d’égalité avec la gente animale. Pourquoi évoqué-je cela, alors que je ne saurais me retrouver dans aucun parti politique, dans aucune mouvance et dynamique moderne, (Oh! le mot funeste !), quelle qu’elle fût ? Si je devais m’inscrire dans quelque engagement, je dirais, tout ouvertement, que rien n’a de priorité que celle de nos âmes. Rien ne peut supplanter l’étape ontologique de notre existenciation et rien ne peut supplanter notre nécessaire arrêt devant la débandade répétitive des illusions humaines. Nul n’a le pouvoir de nous coloniser si ce n’est nous-même. Nul n’a le pouvoir de nous perdre si ce n’est nous-même. Mon ami, vous le savez comme la vie nous a parlée, éclairée, parfois avec brusquerie, et pourtant, comme les convergences actuelles nous permettent de nous libérer de tout joug, y compris de celui qui est en nous ! Ni blâme, ni flatterie ne sauraient nous atteindre. Ni rang social, ni richesse, ni pauvreté ne sauraient nous aliéner. Telle est la véritable délivrance. Ni écrits, ni postures poétiques, ni bouillonnement frénétique ne nous attirent. La vie fleurit tout comme la mort. L’instant est une sorte d’évanouissance. Évanouissance ultime et secrète. Nous ne divinisons rien. Nous ne servons que le Maître de l’Âme suprême. Nous Lui avons fait allégeance et nous disons les mots dans leur entièreté, tel que cela nous ait apparu. Nous avons crucialement travaillé en nous et nous ne faisons que partager le Vivant d’une telle réalité.

Nous ne prétendons rien. Le temps des aveugles est fini. Nous avons ouvert les yeux et notre cœur a frémi. Alors, oui, la mort fleurit et elle est définitivement liée à la lumière Divine. Nous nous gaussons des hommes politiques, cette nouvelle caste des singes. Nous les renions et nous renions toutes les sortes de catégorisations qu’ils ont cru imposer au monde. S’ils savaient comme ils sont pitoyables ! Leur impudence et leur arrogance sont à l’image de leur bêtise et de leur ignorance. Le « vrai » les ensevelit, mais, ils ne le voient pas encore. Alors, oui, la vie fleurit et la mort nous parle aussi. Elle nous parle même longtemps.

Votre B.

________________

*René Guénon, écrivain, métaphysicien et grand traducteur de la Tradition primordiale.

Publicité