
Je me souciais peu de devenir ceci ou cela. Cela était. Nous regardons ce qui est, simplement. Nous arrivons au monde et soudain, la flèche nous atteint. Nous ne savons pas véritablement ce que cela peut bien être, mais sans cette flèche, y aurait-il ce regard, qui, suspendu, balaye alentour, puis se trouve au creux même d’une noyade ? Une percussion en ondes sismiques. Il en existe plusieurs, et il en existe de toutes sortes. L’onde parle. L’onde se prolonge au-delà de la secousse. L’onde se matérialise de diverses manières. Puis, elle vous attrape. Elle vous tient dans ses bras et vous relie à toutes ces choses qui sont les étapes d’une secousse atemporelle. Je ne me souciais pas d’entrer, forcenée, dans le monde de la compétition. Quelle sorte d’insertion et quelles sortes de négoces ? Je ne voulais pas marchander la vie. Je ne voulais pas être une marchandise. Quelle sorte de rendement ? Je n’étais ni homme, ni femme, et pourtant, quelque chose me maintenait en cette subtile conscience. Conscience !
Et les bras de la femme et son cœur. Et les douces palpitations du cœur et le regard qui ose se suspendre sans avoir peur. Et la vision de l’homme, et la vision de ce morceau de chair lors que descend l’esprit et toujours ce regard presque hagard. L’on courait après ce bout de corps et l’on disait : Deviens comme les autres ! mais, je ne regardais pas en arrière, car les autres, je ne savais pas ce que cela voulait dire : devenir l’autre ? Cela avait-il un sens ? Se plier à l’inertie, cela avait-il un sens ? Qui est l’autre ? Alors, je courais comme Siddhârta, et puis je galopais sur un bœuf comme Lao Tseu, et puis je devenais un Khan, un mulet, ou bien un chien, parfois une tortue, parfois un rien. J’entrai dans une synagogue, puis priais dans une mosquée, allumais un cierge dans une église. Et puis, je courais encore, presque haletante, toujours ivre. La poussière me donnait à rire. J’avalais la faim, et j’avalais le pain. Ils mûrissaient ensemble dans la prairie sauvage. Une natte sur le sol, une peau de bête, le ressac des vagues jusqu’au matin. J’avais réussi à sortir des temps scolaires, des imitations, des herbes folles et même, du puits. Une nuit d’été, j’attrapais les étoiles, ces lucioles du ciel et je marchais seule sur le toit d’une maison peinte à la chaux. J’allais à Jérusalem, et me retrouvais avec les anciens rabbins, les sages de la mystique juive. Puis, j’allais sur les pas des soufis et pleurais d’Amour. Je m’enfonçais jusque dans le désert des pères, et je jeûnais avec eux, au souffle chaud de la solitude. Je n’avais pas syncrétisé les formes, mais toutes ces beautés me semblaient une. Toutes, elles étaient des ondes et des ondes vertigineuses d’une continuité, d’un Amour unique. Alors, l’autre était un chemin de vie.
Quelle chevauchée ! Encore un voyage atemporel !
Merci Béatrice.
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🙂
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❤️
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❤
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J’aime cette simplicite 🙂
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Merci Sylvie.
Votre commentaire s’était glissé dans les non-approuvés à mon insu. Je viens de le découvrir. 🙂
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On est ce que l’on a, on devient ce que l’on reçoit ? 🙂
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Je dirais que l’on est ce que l’on est et l’on nait de ce que l’on reçoit… 🙂
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« Ne sais-tu pas, ô princesse du foyer, que par mes chevauchées à travers le pays, j’assure la sécurité de la tribu ?
J’affronte sans peur le défilé de la mort,
et je défends les femmes au jour de terreur. »
L’Émir Abdelkader, Chef religieux , poète et militaire algérien(1808-1883)
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Magnifique Emir ! Ses œuvres sont à mon chevet et il m’a « accompagné », lors d’un de mes séjours en Algérie. Je le lisais, tous les jours…
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« Le livre des Haltes » et sa poésie mystique sont appréciés partout dans le monde et ses chevauchées ont conquis les cœurs des américains qui lui ont érigé une ville entière en son nom : El Kader.
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