
Au milieu des ruines, au milieu des pierres, il était un monde. Ensevelie, cette terre, ainsi que les vestiges du passé, et au sein même de ces fragments, quelqu’un vint. Il s’accroupit et à l’aide d’un minuscule et dérisoire pinceau, il épousseta la pierre. Il parlait à ces morceaux du passé, éclatés de mille refuges, de signes muets. Pourtant, il leur parlait, plongeant en leur écueil, en leurs mots oubliés. Il leur disait des tendresses ; il leur chantait. Elles se mettaient à ruisseler de fièvre, d’étranges souvenirs, d’images tremblantes et plaintives. Certaines se mettaient à scintiller et il les comparait aux rayons d’un lointain soleil, celui d’une autre galaxie. Il pouvait rester des heures ainsi, perdant la notion du temps, oubliant la faim et la soif. Quand il levait la tête, il s’étonnait presque d’exister. Les ruines lui parlaient, lui révélaient des secrets. Certains lui étaient intelligibles et d’autres s’avéraient être une indéniable et profonde énigme. Tout son corps palpitait, et son cœur s’unissait à ces mouvements incontrôlables. Il lui arrivait de voyager très loin au milieu de ces somptueux vestiges. Ce n’était plus de simples ruines, mais des mondes et des mondes insoupçonnés qui s’offraient ainsi. Parfois, la magie était telle, qu’il se retrouvait à des années lumière de là. Il rencontrait une multitude de personnages, la plupart inconnus. Pourtant, ceux-là lui confiaient des pans ignorés de l’histoire, des chaînons manquants dont la divulgation aurait provoqué, à coup sûr, de considérables séismes. Il aimait à les écouter et leurs propos le plongeaient dans une subtile et merveilleuse féerie. Il finissait par revenir. Il revenait toujours. Mais il n’était jamais le même. Chaque connaissance l’isolait un peu plus du monde entier. Chaque nouvelle était pour lui la plus grande des épreuves. Ce qu’il ressentait était au-delà des mots. Ce qu’il rencontrait était au-delà des possibilités d’accueil de ses contemporains. Alors, il repartait. Il repartait avec l’ivresse des fous. De ceux qui avaient trouvé le trésor, l’inépuisable source de vie.
Tout comme les arbres, les ruines ont ce pouvoir de nous parler. Et certains d’entre nous la patience de les écouter. C’est en effet un geste qui suppose rupture avec la société humaine contemporaine, en ce qu’elle réfute toute intrusion de l’immatériel, du mystique, en son règne cartésien et capitaliste. C’est une belle parabole que vous avez déposé ici, une fois de plus. Merci !
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Merci à vous Bruant pour cette approche et cette compréhension du texte.
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You have written of a magnetism that is both profound and ubiquitous. Each letter we cast in combinations unique or profane, stem from this source. Thank you for this journey.
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Thank you very much for this very nice comment. Yes, it is true that there is only one Source. It touches me.
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Les ruines nous racontent leur gloire passée, leur insouciance démesurée et leur plongée dans l’abîme de la perdition…si Pompéi m’était contée !
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Les vestiges en nous nous font remonter la mémoire oubliée et nous sommes reconnaissants qu’elle soit toujours là pour nous guider !
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De toutes les ruines du monde, la ruine de l’homme est la plus triste à contempler.
Théophile Gautier – Œuvre : Mademoiselle de Maupin (1835)
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I ‘m reading this text, Beatrice, feeling an absolute and strong repect tou your thoughts and heart.
I have no words to describe all this feeling about this little story.
You are in my heart, my dear.
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And you know how much I keep you in my heart too, dear Giannis.
Words are certainly not enough to express it.
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Merci beaucoup mon amie. Bonne soiree.
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Bonne soirée à toi, Giannis.
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