Le vieillard

Un mendiant se tenait près de sa hutte et scrutait passivement l’horizon. Il étreignait, par son regard, certains nuages et s’envolait, ainsi, sur les mirages de ses pensées. Il n’y avait aucun remède à sa maladie. Elle avait fini par le ronger comme un ver ronge le bois. Il était assis à même le sol, voûté par les années, au milieu de la forêt. Les saisons avaient passé sans guère l’épargner. Il n’était ni soucieux, ni même indifférent. Pourquoi ce vieillard s’était-il ainsi éteint ? Certaines placidités sont en vérité l’antre d’une véritable mort. Alors que la morosité venait le tirailler, il vit passer un homme. Celui-ci chantait et dansait. Parfois, il s’arrêtait et tirait de la poche de sa veste un petit carnet et inscrivait ses joyeux chants. Longtemps, le mendiant le suivit du regard. Toute sa mémoire remonta et la vie entière défila comme si cela avait duré un seul instant. Il porta tout contre sa poitrine un poing de douleur et des larmes s’écoulèrent sur son visage buriné. Le jeune homme se tourna vers lui et s’arrêta un moment, puis, pris par l’évidence, s’écria stupéfait : Mais, ce vieillard, c’est moi !

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14 réflexions sur “Le vieillard

  1. Pingback: Le vieillard | Art et Semence – le blog de Daniel Milan

  2. « Ô mon Seigneur , mes os sont affaiblis et ma tête s’est enflammée de cheveux blancs. [Cependant], je n’ai jamais été malheureux [déçu] en te priant, Ô mon Seigneur. »(Coran 19:4)

    « Le vrai mal de la vieillesse n’est pas l’affaiblissement du corps, c’est l’indifférence de l’âme. »(André Maurois)

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