
Abrité de vent,
Soleil royal et fidèle,
Songe d’un printemps.
Abrité de vent,
Soleil royal et fidèle,
Songe d’un printemps.
Je ne sais pas écrire, mais il m’écrit encore et révèle la page blanche, brunie au son de sa propre voix, celle qui résonne. Je ne sais pas écrire, mais il ouvre un livre et j’y saisis sa trace tout le long d’une farandole, légèreté éprise qui fait de moi une misérable folle. Je m’attache au vœu du vent, un nœud incorruptible, ses mains autour de la taille et je l’écoute pour le suivre, à chaque fois, chaque fois. Je poursuis l’aurore quand il arrive sans m’avertir, et je reste des heures pensives, de longues heures, voyageant vers les contrées lointaines d’où l’on ne revient pas. Au milieu du jour, je m’arrête et ne sais plus rien. Qu’arrive-t-il à une folle qui brise mille chemins et ris du sérieux de certains ? Je marche tout comme toi, surprise par les bribes d’un miroir où nagent deux canards ivres. Que s’est-il passé pour que la crudité mesquine s’efface et que l’âme éprouve cette joie ? As-tu ordonné que le monde change et que s’arrête enfin la bêtise ? As-tu effacé, de tes deux mains, ce réalisme qui tue les pauvres gens ? Je ne vis plus ce monde et c’est ailleurs que je voyage. Jamais, ici, rien ne se brise. Tout est pureté, douceur et profonde joie.
Peinture de Harry Watson (1871–1936)
Etourdi, un monde s’efface,
Et l’encre crier,
Sur les vagues,
Algues écumées.
L’inspir d’une seconde,
Tout semble basculer,
Plume d’un nuage,
La pluie étonnée.
Sertis de tes mots secrets,
Les yeux valsent,
Rive sauvage,
Je t’aime à me lier.
La paix vient du lointain pays.
Un Roi marche,
Le cœur étrangement épris.
Quelle est donc sa rêverie ?
La paix l’enlace,
Ses genoux fléchissent,
Le monde glisse,
Une main le bénit.
Un Roi devenu sage,
Sur le flanc d’une montagne,
Son cœur edelweiss,
Caché dans un écrin.
Rosée de cœur,
Plus précieuse qu’un diamant,
Révèle ce qui n’a pas de prix,
La mort peut venir.
Rosée de pluie,
Au sein d’une perle,
Nacre du souffle,
La vie s’écoule.
Rosée d’amour,
Ce qui meurt,
Transpire de bonheur,
L’éternité, une fleur.
A un ami, Cochonfucius
森林
—
Je suis le sentier
Qui serpente entre les souches,
Regrettant les arbres.
Cochonfucius
慷慨
Parfois, sur les souches,
Des arbres poussent bien vigoureux,
Si beaux et si droits.
Béatrice
Photos prises par l’auteure, le 19/02/2021
Nous naissons, bain de lune ;
Nous rions, soleil se baigne ;
Nous courons, vent d’amour :
Nous chantons, lumière s’éveille.
Nous avons mis du temps :
Parler est un souffle,
Cœur libéré,
Vit de rosée.
Nous vivons, fontaine de jouvence,
Léger, léger,
La voix, une fleur,
L’ai caressée.
Dépassement, plus qu’un sursis.
Laisser le temps s’achever :
Déplissement d’un miroir
Au vol d’un nénuphar.
Il a froncé le sourcil,
Puis suivi la libellule,
Au-dessus d’un fil,
L’eau funambule.
Un mot et tout bascule
Pourtant, il est assis.
Je l’entends respirer,
Vent léger.
Laisser la pointe du jour
Flèche d’amour ?
Ni manger ni boire,
En toi.
Laisser les voiles du soir,
Arrimer l’infini,
Le cœur étreint,
Temps accompli.
Rosée de nuit,
La mort d’une vie,
M’allonger,
Et sourire.
Ô Homme !
Tes souffrances furent âpres,
Des douleurs d’un accouchement,
Et tes larmes coulent en mon corps,
Tel le ruissellement des misérables,
Toi qui fus dans mes promenades,
L’enfant délicat d’un siècle macabre,
Je serrais tout contre moi,
Les confessions de ton enfant,
Et je pleurais aussi ces douleurs implacables,
Me réfugiant en elle sans savoir où aller,
Cher Poète, en appelant Le Seigneur,
Je courrais avec toi jusqu’à l’indéfinissable,
Une Quête écartelée des douleurs inconsolables,
Et je marchais nue en ton abîme éplorée,
Me heurtant aux murs de mes propres tourments,
Jeune homme, la crudité de l’âme,
Nous sommes nés pour la vivre et aussi en mourir,
Quelque part, la vérité nous attend,
Et je porte le flambeau du cri de ton espoir,
Je le brandis au paroxysme devant le fléau,
Marchant sur les routes déforestées,
Nos ruisseaux deviennent des torrents charriés,
Et je t’aime d’un Amour infini,
Te serrant tout contre mon âme,
Parce que j’entends tes mots,
Qui vont jusqu’à l’incommensurable,
Et depuis nos silences graves,
Pour chacun de ces hommes vénérables, au-delà même de la vie,
Nous embrassons et chérissons leur âme.
Merci,
Béatrice, le 04/03/2021