Grenouille

Gourmande de sensations, éprise de vie, vie en la vie, l’effleurant ou la prenant à bras-le-corps comme on embrasse le souffle, lui disant mille fois merci et puis encore merci et encore merci, pourquoi pas ? Pourra-t-on nier l’enthousiasme, pourra-t-on ôter à notre cœur ces diamants effusifs venus nous conter l’histoire des gravillons ? Nous aimions jouer ensemble, dans la glaise que nous tirions avec nos mains et nous faisions comme les enfants fous et sauvages de petites poteries, des ustensiles venus du moyen-âge. La glaise était jaune. Tout cela séchait au soleil. Je voyais mille et une choses dans la mare boueuse et nous courions pareillement insouciants dans les herbes folles et nous cherchions les têtards. Encore hier, je pensais à la grenouille et lui disais bonjour ma sœur, elle, endormie dans les eaux profondes, attendant son jour. C’est elle qui m’enseigna la permanence. J’entendais battre son cœur et j’étais ainsi aux anges. Nous sommes venue avec l’enthousiasme. L’enthousiasme vint avec nous et le prenant comme l’on prend un amant, nous rions encore de ses airs fantasques, des absurdités de l’homme. Je confie à la grenouille : toi, tu es bien plus sage !

6 réflexions sur “Grenouille

  1. Pingback: Grenouille | Art et Semence – le blog de Daniel Milan

Laisser un commentaire