Le vieil homme hébété

Comme sont belles toutes les saisons, et comme sont belles toutes ces feuilles éparses, et comme elles nous chantent leur histoire, et comme chacune est une douce invitation ! Frémir, comme le plus beau des sortilèges, le frisson de l’hiver, la chaleur d’une attention. Imperturbable et constante. La nuit enveloppe le jour de sa bienfaisance et même si nous apparaissons dans la simplicité d’une main qui sème, nous aimons comment l’on nous apprend à aimer et comment l’on est sorti de notre emprisonnement, et comment l’on brandit fièrement le flambeau d’une flamme puissante et invincible. Un vieux monsieur grincheux se plaignait sans cesse, car la vie avait coulé et que ses jours dans l’hiver diminuaient de façon remarquable. Quand je me suis retournée sur le chemin, il claudiquait et houspillait le monde. Il n’aimait pas la jeunesse et je l’écoutais avec beaucoup d’attention. Ses jambes étaient arcboutées et son dos voûté ressemblait à un vieil arbre noueux. Il avait plaqué son masque sur le visage et ses yeux ressemblaient à ceux d’un dément. Un enfant passa et le vieil homme lui jeta un regard de travers avec visiblement une hostilité à peine déguisée. J’éprouvai une forte douleur à la poitrine et me mis à presser le pas. Puis, mue par une sorte d’instinct, je revins vers l’homme. Celui-ci me regarda avec insistance, puis abaissa son masque d’une main tremblotante. Je lui lançais alors doucement : ça va aller. Tout va bien. Et lui de me regarder l’air hébété.

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