
Quand je partais vers le lycée, à travers champs, j’emportais mes livres et mes cahiers tout contre moi. J’attendais l’amour, celui que l’on voit dans le ciel, aussi étendu que la course du vent. Mais aujourd’hui, je sais que je ne l’attendais pas vraiment. Lui seul m’avait menée vers l’écriture et lui seul me faisait palpiter à travers les mots de ma solitude farouche. Je marchais dans la campagne pleine d’enthousiasme, je marchais comme voulant conquérir sans jamais conquérir, et déchirée sans vraiment être déchirée. Je ne craignais nullement de ne pas vivre, puisque les livres me faisaient vivre. Tout comme je n’avais pas craint de visiter le pays de Jules Verne durant des années, tout comme je ne craignais pas de me retrouver dans les couloirs exigus de la passion d’un jeune Werther. Je m’imbibais des mots gracieux et des prestiges de la pensée. Je n’avais pas peur de vivre puisque je passais des heures et des heures à laisser filer sur la page blanche de tremblants mots qui faisaient vivre des myriades de personnages. Dans le salon, je lisais mes poèmes, avec dans la voix un petit trémolo, une vibration particulière et notre père souriait. Avec ma sœur, nous nous drapions dans des étoffes inutiles et nous riions de Shakespeare, et même de Virginia Woolf. Je lisais à voix haute The Waves, en anglais et répétais et répétais les mots, tel un ressac.
Musique des mots,
C’est le réel qui nous parle
Venant des lointains.
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La vie est musique,
Comme est grande sa joie,
Je lui dis merci.
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