Cher,
Les êtres qui nous sont chers occupent l’espace de la plénitude et dans les touchers de leur complicité, nous sommes à les vivre sans perdre un seul des fruits de leur beauté. Alors, le silence est une véritable grâce, et l’amour fait succomber tout ce qui n’est pas amour. Eux nous apprennent, eux, dans leur patience, leur constance, leur présence, et ils nous donnent aussi à l’essentiel. Ils sont nos floraisons et ils sont aussi notre abandon. Auprès d’eux, nous avons suscité un monde, y compris à notre insu et nous les remercions. Ils sont autant de prétextes et de gestes pour être, auprès d’eux, et même éloignés d’eux. Ils ont dormi dans le bercement de nos bras et chauffer nos corps de leur cœur. Un être heureux est dans le pur moment et n’a besoin de rien. Alors que peut-il de plus ? Il a vu en lui tous les concepts et toutes sortes d’idéologies disparaître. Le monde nouveau est un monde créatif qui n’a aucune béquille pour apparaître, aucun doute pour avancer, aucune référence pour réussir. Quelle est cette possibilité à laquelle nous goûtons ? Quelle est donc cette émergence que rien n’atteint ? Quelle est cette force aussi qui nous unit ? Quelle est donc cette relation qui nous enrichit et nous délivre du faux ? Cher aimé, en ces moments de confinement, la vie s’observe sereinement, sans peur, sans projection, se découvrant chaque fois nouvelle. Sommes-nous parvenus à nous détacher de tout ? Sommes-nous parvenus à une terre intérieure totalement vierge et qui nous offre enfin la certitude ? De quelle certitude parlons-nous ? Voyez, les gens marchent encore dans la ville qui n’est décidément pas déserte. Dans nos campagnes et vallées, la vie n’a pas changé et les êtres que nous croisons sourient avec amour…
Je vous rejoins dans un moment.
Votre B.